La démonstration de Jimmy Gressier, qui vise le record d’Europe espoir sur 10 km

Article écrit par Quentin Guillon, à Lisbonne

Grand favori chez les espoirs, Jimmy Gressier a dompté la concurrence comme attendu aux championnats d’Europe de cross. Au final, il glane un troisième titre continental dans la catégorie, et a emmené un collectif qui l’a emporté, derechef. L’équipe de France remporte quatre médailles.

Jean-Marie Hervio/KMSP/FFA

C’est la troisième fois que le Portugal organisait les championnats d’Europe de cross. Après Oeiras et Albufeira, le 26e rendez-vous continental s’est déroulé à Lisbonne, dimanche 8 décembre, au cœur du Parque da Bela Vista.

Lisbonne est façonnée par sept collines : il était, dès lors, écrit que ce parcours serait difficile, avec un tour looping de 1,5 km (et 30 mètres de dénivelé) qui ne présentait aucun répit et s’est avéré être un formidable écrin, très visuel pour les spectateurs.

Comme prévu, l’équipe de France s’est reposé sur sa génération 97. Jimmy Gressier a rapporté le titre U23 (son 3è d’affilée, c’est historique), leader d’un collectif espoir qui s’est de nouveau imposé. Ces deux médailles d’or permettent aux Bleus de se classer deuxième au tableau des médailles, comme l’an dernier, pour un total de quatre récompenses avec les bronze des juniors femmes par équipes et celui du relais mixte.

La Norvège, ultra dominatrice l’an dernier, est rentrée un peu dans le rang, 4e avec l’or de Jakob Ingebrigsten, et trois médailles au total,alors que la Grande-Bretagne s’est montrée très consistante. 

 

Dans un fauteuil, Jimmy Gressier, donc. Grand favori, il a contrôlé sa course de A à Z. Le départ rapide du Serbe Elzan Bibic, qui a d’emblée écrémé le peloton, ne l’a pas inquiété outre mesure. « Je savais que le parcours était difficile. Je voulais être prudent au début pour ne pas me griller ». Il se cala dans la foulée du 8e des Mondiaux juniors sur 5 000 m en 2016, avant que l’Espagnol Abdessamad Oukhelfen ne les rejoigne. Le trio n’a plus jamais été revu par un peloton déjà à la rupture. Gressier resta cinq, six kilomètres accrochés aux basques de Bibic, casquette blanche à l’envers sur une tête très sereine. 

Il fumait la pipe, en fait. « J’avais l’impression que ça n’allait pas vite. Je ne voulais pas en faire trop, trop tôt. Je me demandais quand mes adversaires allaient attaquer. En fait, ils étaient à fond. J’ai eu de très bonnes jambes toute la course, comme lors de mes derniers entraînements »

Il déclencha une très franche attaque, dans la grande descente à l’amorce du dernier tour, un peu moins de 2 kilomètres avant l’arrivée. Un coup d’œil par-dessus l’épaule, en bas de la descente, personne dans le rétroviseur, le trou est fait, Gressier s’envole, imperturbable.

 

 

Une célébration superflue

 

« Je me sentais vraiment facile ». La dernière ligne droite, les bras déployés comme des ailes, oui il a volé ; puis quelques pas de marche athlétique pour franchir la ligne d’arrivée, dans une célébration superfétatoire, où il a singé les footballeurs Samuel Umiti et Kylian Mbappé, le doigt sur la bouche. Il n’avait pas besoin d’en rajouter, il a fait le job sur le parcours. Cette attitude tranchait avec son discours en zone mixte, posé et humble. 

Pourquoi ne pas avoir couru chez les seniors ? « Parce que je suis espoir » répondait t-il tout de go, les joues creusées, témoin de son affûtage. Il dit ne pas y avoir songé. « Je ne veux pas me précipiter,. Je veux construire la pyramide avec des bases solides, sur la durée, pour ne pas me casser la gueule » image t-il.  La suite ? Deux 10 kilomètres, à Houilles fin décembre où il escompte courir en moins de 28’, puis Nice le 7 janvier, où il visera le record d’Europe espoirs (27’25’’ par Julien Wanders). Alors que personne n’a couru en moins de 28’30’’, il précise qu’il sera aidé dans son entreprise.

Fabien Palcau a réalisé une très solide course, 6e, quelques secondes devant Mohamed El Boujaji, 10e, ce qui a permis aux jeunes Bleus de s’imposer par équipes, 17 points contre 29 aux Italiens (les trois premiers de chaque formation comptaient). C’est donc le 5e titre d’affilée par équipes pour cette génération 97 impressionnante (2 chez les juniors, 3 chez les espoirs). 

 

 

Il aurait été franchement d’intéressant d’observer comment Jimmy Gressier, qui a couru à plus de 20 à l’heure de moyenne, se serait comporté dans la course senior hommes. Le Suédois d’origine érythréenne Robel Fsiha 17e des Mondiaux de cross, s’est imposé devant le Turc Aras Kaya et l’Italien Yemaneberhan Crippa

Fisha a bouclé les 10,2km en 29’59’’, soit aux alentours de 29’25’’ aux 10 km, une moyenne très impressionnante à l’aune de la difficulté du parcours. Fisha est visiblement beaucoup plus à l’aise en cross que sur la piste (28’59’’62 ; 13’49’’97 sur 5 000 m), même s’il a couru cette année en 1h01’18’’ sur semi-marathon –mais seulement 29’23’’ sur 10 km. Julien Wanders, qui a dynamité la course, a pris la 4e place.

 

 

Gressier et Ingebrigtsen chez les seniors en 2020

 

Jakob Ingrebigtsen n’aurait pas dépareillé, non plus dans la course senior. Le stupéfiant Norvégien a glané son quatrième titre chez les juniors –il en avait remporté deux alors qu’il n’était que cadet. Deux tours à se balader avec ses petits camarades avant d’appuyer franchement sur l’accélérateur et une victoire avec 38 secondes d’avance. Ça filait vite, très vite. « J’ai connu des courses plus dures. J’aurais vraiment voulu gagner une médaille chez les seniors, mais le règlement européen interdit de courir avec les seniors quand on est junior (mais c’est autorisé chez les espoirs) »

Gressier et Ingebrigtsen chez les seniors, ça sera donc pour l’année prochaine. 

 

Derrière un Ingebrigtsen sautillant, les juniors masculins ont terminé cinquièmes par équipeshandicapé par le forfait sur blessure de Pierre Bordeau et la contreperformance du double champion de France de la spécialité Etienne Daguinos (au-delà de la 80e place).« On n’a pas été au niveau. On n’était pas prêt pour ce type de parcours » regrettait Valentin Bresc, 18e. « L’an dernier, j’étais cadet et j’avais terminé 10e. Il y avait beaucoup de virages serrés, je me suis fait bousculer. » 

La belle surprise est venue de Flavien Szot, 10e pour sa première participation. « C’est parti très vite, mais j’ai l’habitude de partir prudemment. Comme lors du cross de sélection, je suis revenu au train ».

 

Les juniors filles ont réalisé une réalisé une course pleine, qui laisse présager de belles promesses pour l’avenir. . Quatrième par équipes à l’amorce du dernier tour, elles ont trouvé les ressources pour supplanter les Italiennes, dans le sillage de Manon Trapp, neuvième. « Je n’ai pas réussi à suivre le groupe de tête, elles étaient trop fortes. Même si j’avais le mental, ce sont les jambes qui finissent par parler » souriait-elle. « On avait vraiment la volonté de monter sur le podium, on y croyait et on est très contentes. Cela va encore plus souder l’équipe » expliquait celle qui a avait fini 58e l’année dernière après une chute au départ. Beau tir groupé avec Flavie Renouart, 10e, Ana Egler, 19e, et Bérénice Fulchiron, 21e. 

 

La quatrième médaille tricolore est venue du relais mixte (Aurore Fleury, Yani Khelaf, Sandra Beuvière et Alexis Miellet), en bronze après l’argent l’an dernier. Miellet a réalisé un dernier relais de haute volée (notamment les 500 premiers mètres).

Chez les seniors femmes la Turque Yasemin Can a comme prévu damné le pion à la concurrence chez les femmes pour remporter un quatrième titre individuel consécutif. Excellente prestation de Liv Westphal, 5ème d’une course très relevée, alors que Sophie Duarte, 21e, a opéré son retour au premier plan, après des années compliquées dans les labours au niveau continental. Les Bleues ont fini 7e par équipes (Aurore Guérin, 36e, et Aude Korotchansky 40e). 

 

 

1 réaction à cet article

  1. je pense que jimmy gressier va vite passer sous les 28mn… bon courage champion

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