Baptiste et François Falgayrat
Baptiste et François Falgayrat

Histoire de famille sur les Templiers 2012

Ils sont HEUREUX. Se prennent dans les bras et se regardent…. Sur le côté, une femme sort l’appareil photo et tente un cliché. Ca ne marche pas, un peu trop de précipitation ou autre chose on ne sait pas… Branle-bas de combat, François sort un appareil de son blouson et le donne afin que photo soit faite, impossible de ne pas immortaliser cet instant.

Christine est accompagnée de ses deux plus jeunes fils, Théo et Adrien, 17 et 15 ans, plutôt adeptes du rugby. Deux piliers bien loin des préoccupations de tous ces coureurs qui se sont élancés, en ce dimanche 28 octobre à 5h15 du matin, sur la Grand Course de Templiers soit 70 km et 3156 m de dénivelé positif. Les deux jeunes hommes regardent leur frère avec une fierté sans égale, nul doute leur aîné a marqué des points pour longtemps. « Ca fait bizarre de se dire qu’il vient de faire les Templiers. Il a à peine un an de plus que moi, ajoute Théo, mais je n’en suis pas capable. »

Le jeune homme qui a suscité tant d’animation est Baptiste, 18 ans tout juste depuis le 4 juillet dernier. Il vient de boucler la Grand Course des Templiers en 11h18mn15s. Fatigué mais heureux d’avoir réussi son pari. Un pari qui date d’une petite année alors qu’après une année de triathlon cet ancien footballeur dit à son père qu’il veut faire les Templiers. Il court depuis quelques mois à peine puisqu’il a pris son premier dossard sur un 20 km trail en 2011… « Ca fait dix ans que tu nous saoûle avec les Templiers, je veux le faire aussi et pas en spectateur cette fois ! »

François, le père, habitant Rodez, a 43 ans et court lui depuis 10 ans, essentiellement voire uniquement sur trail (même s’il y a un mois il bouclait les 100 km de Millau). Il ne rejette pas l’idée et prend en charge l’entraînement de son fils. Mais ce n’est pas si facile car après un été à sillonner les chemins, Baptiste est entré en Prépa Vétérinaire et la course à pied n’est plus vraiment sa priorité. Et surtout, il est loin de son père. « Cet été, nous avions bien travaillé mais depuis qu’il est à Clermont, il arrive tout juste à s’entraîner deux fois par semaine. »

« En fait, la compet ne l’intéresse pas, c’est le défi qui le motive. Je savais qu’il avait un gros mental et qu’il y arriverait. Je voulais vivre ça avec lui, on est resté ensemble tout le temps et puis quel bonheur de franchir la ligne ensemble. Combien de père ne voudrait pas vivre ça ? Je suis fier de lui, il en a bavé mais il l’a fait. »

Du haut de ses 18 ans, Baptiste a abordé cette épreuve sans sourciller. Les cours terminés hier à midi, il est venu récupérer son dossard en fin d’après-midi avant de rentrer vite à la maison pour un petit somme. « Nous sommes arrivés une heure avant le départ. Je n’avais pas peur, j’étais plutôt tout excité et mon père était avec moi. »

Un père expérimenté avec quatre Ultra Trail du Mont Blanc (UTMB), un Aubrac, cinq Templiers et cinq Endurance Trail (l’Ultra des Templiers sur 100 km). « On connait bien les organisateurs, c’est une belle course, j’aime venir et revenir. Et on se retrouve tous, c’est une grande famille », dit-il alors que Thomas Saint Girons (24e) entre dans la tente d’interviewes pour les saluer.

Les premiers kilomètres se déroulent bien mais Baptiste n’a jamais couru plus de 34 km et dès le 30e survient le premier coup de barre. « J’ai marché, mangé, écouté les conseils de mon père qui me disait marche marche, prends ton temps. Mais je vais vous dire un truc, ça m’a aidé à courir qu’il soit avec moi. Si j’avais été seul, je crois que j’aurais marché tout le temps. Pourtant, ce n’est pas forcément lui qui me disait de courir…. J’aurais terminé oui, mais quand… ?»

Les deux hommes gèrent leur effort, Christine appelle une bonne dizaine de fois – « au moins ça ! », affirment en cœur les plus jeunes frères – mais n’est pas sur le parcours. Le trio de supporters est néanmoins présent dès 14 h, scrutant la montagne à la recherche de ses héros. Ils franchiront la ligne à 16h30…

Et si le père est fier, il n’oublie pas la petite phrase qui recadre un peu les choses. « En fait, je lui ai offert un trek 3 étoiles ! Je gérais, j’avais mis une alarme sur ma montre afin qu’elle sonne toutes les 15 mn. C’est ainsi que l’on a bu tous les quarts d’heure et mangé tous les ¾ d’heure. C’est la règle d’or sur ce genre d’épreuve. »

D’un sourire le fils acquiesce bien conscient des atouts d’une telle aide en concluant « Si on m’avait dit qu’un jour, je terminerais les Templiers ! Je suis super fatigué, je ne sais pas si je peux encore marcher mais je suis content. Ce départ, cette arrivée et tout ce parcours effectué avec mon père, ce fut une grosse grosse émotion. On s’est fait un cadeau mutuel, je crois. »

Il y a dix ans, Baptiste participait aux courses enfants des Templiers. Là, il fut tout simplement le premier junior de LA Grande Course des Templiers 2012…

Et ce, en attendant de nouvelles performances car le jeune homme ne compte pas s’arrêter là. Il a déjà quelques idées en tête mais chut ! c’est un secret…

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