Lepape-info : Garance, comment se déroule votre début de saison ?
Garance Blaut : J’ai repris fin février à la suite d’une grosse blessure au psoas survenue juste après les Mondiaux de duathlon mais je pense que je traînais ce pépin physique depuis quelques temps parce que j’avais eu une période assez intense au niveau de mon travail d’ingénieur et au niveau des compétitions. Le relâchement dès le lendemain des Championnats du monde a entraîné cette blessure. J’ai repris progressivement et sur des bases solides pour éviter de me blesser à nouveau.
J’ai entamé début avril la saison des duathlons avec les Grands Prix de D1 avec l’ouverture à Parthenay (Deux-Sèvres) sur un parcours nouveau que j’ai beaucoup aimé parce qu’il était différenciant à pied comme à vélo, on pouvait vraiment s’exprimer. Le week-end suivant les championnats de France de 10 km m’ont permis d’enchaîner et de faire des compétitions sans que je sois pleinement rétablie. Le but était de remettre le pied à l’étrier, d’intégrer la compétition dans l’entraînement et que cela soit aussi des marqueurs de forme. J’aime la compétition et cela fait du bien d’en refaire. Il faut se préparer psychologiquement à ne pas être à son meilleur niveau et cela permet d’éviter de se mettre de la pression et c’est ainsi que cela fonctionne le mieux.
Lepape-info : Des résultats encourageants pour la suite de la saison
G.B : Dès le premier Grand Prix de D1, je ne m’attendais pas à terminer aussi bien, je prends la 4ème place avec une course bien menée où j’ai pu bien m’exprimer à vélo et sur la seconde course à pied. Sur le papier je valais un TOP 10 mais c’est la force d’un duathlon, être polyvalente, savoir doser, gérer son effort et les transitions. Le championnat de France de 10 km s’est couru à la manière d’un duathlon. La course fut tactique, ce n’était pas une course au chrono, je termine 2ème, ce fut une bonne surprise. Cela m’a donné de la confiance. Ensuite nous sommes partis en stage avec le Stade Français avant le championnat de France de duathlon où je termine 2ème derrière Marion Legrand et devant Marion le Goff, c’était loin d’être fait.
Garance Blaut : « En duathlon, rien n’est gagné rien n’est acquis jusqu’à la fin. C’est déstabilisant parce que c’est une course tactique avec beaucoup d’éléments extérieurs à prendre en compte comme le matériel, la météo, les crevaisons etc… avec aussi des scénarios de course. »
Lepape-info : Comment se présentent les Mondiaux le mois prochain ?
G.B : Ce sera en Roumanie sur un parcours différent que je ne connais pas. D’ici là, le but sera de progresser à pied pour espérer être au meilleur niveau. Au regard de la liste des engagées, le niveau est relevé. Il y aura aussi quelques triathlètes dont la Japonaise Ai Ueda, vice-championne du monde de duathlon en novembre dernier. Cela devrait être une belle course et j’espère qu’il va se passer des choses à pied et à vélo.
Lepape-info : Chaque Championnat du monde vous procure une nouvelle bonne dose d’adrénaline ?
G.B : Les scénarios sont à chaque fois différents. En 2021 je reste sur un souvenir amer parce que j’ai pris une pénalité en T2 sur une chose bête qui m’a fait perdre 2 places (Garance Blaut a terminé 6ème), il ne s’est pas passé grand chose à vélo, c’était comme l’on dit un peu un vélo d’attente. Ce n’est pas le type de course que je préfère. Les scénarios idéaux c’est lorsque Marion Legrand et moi arrivons à sortir du peloton ensemble et à attaquer. Aux Mondiaux en juin nous aurons également avec nous Marion le Goff qui va renforcer l’équipe de France et qui a fait ses preuves sur le circuit national. J’espère que nous allons toutes les trois pouvoir faire de belles choses.
Lepape-info : Vous avez commencé le duathlon il y a 4 ans, que vous apporte cette discipline ?
G.B : C’est le genre de course avec le triathlon où au départ on ne sait pas ce qu’il va se passer, il peut se passer plein de choses. En duathlon, rien n’est gagné rien n’est acquis jusqu’à la fin. C’est déstabilisant parce que c’est une course tactique avec beaucoup d’éléments extérieurs à prendre en compte comme le matériel, la météo, les crevaisons etc… avec aussi des scénarios de course. Lors des Championnats de France je pose le vélo 30 secondes derrière Marion Legrand et Charlotte Faivre avec 2 autres concurrentes avec moi et finalement je termine 2ème. En duathlon il faut est être fort dans sa tête, ne jamais rien lâcher et oser faire des choses. Ce n’est pas une course linéaire où vous pouvez être dans la gestion comme lors d’un semi ou un marathon ou lors d’un 10 km où l’on a peu près une idée de ce que l’on peut réaliser à l’arrivée.
Garance Blaut : « En duathlon lorsque l’on prend le vélo le cœur est déjà bien haut et pour ma part à haute intensité les duathlons font partie des courses les plus difficiles que j’ai eu à faire. Sur les formats courts on est dans le rouge tout le temps à vélo ou en course à pied d’autant qu’il y a aussi le côté tactique. »
Lepape-info : Vous êtes résolument plus duathlon que triathlon
G.B : Je suis venue au duathlon par hasard en m’inscrivant dans un club de triathlon pour faire du triathlon. J’ai découvert que le club recrutait pour la D1 en duathlon, du coup chez moi cette discipline a pris le dessus sur le triathlon. Maintenant j’ai peu d’occasions de faire des triathlons avec le programme chargé au niveau des courses entre les duathlons et les courses FFA. J’ai prévu un triathlon pour le plaisir fin août, le Vercorsman près de Grenoble. Sinon le Stade Français est monté en D2 en triathlon et je disputerai certaines manches comme celle de Metz début juillet.
Lepape-info : Quels conseils donneriez-vous à ceux ou celles qui veulent se lancer dans l’aventure du duathlon ?
G.B : C’est une bonne idée d’essayer c’est assez ludique on a pas besoin d’un vélo très performant au début ou de pédales automatiques. Un conseil : s’entraîner en vélo après la course, les sensations ne sont pas les mêmes que lors d’un triathlon où vous faites l’inverse (vélo puis course à pied). En triathlon vous faites la natation avant le vélo et les jambes ne travaillent pas de la même façon. Parfois le vélo est négligé, faites-en après une séance de course solide vous verrez les sensations sont différentes. Même si ce n’est pas forcément enchainé, cela peut se faire quelques heures après ou dans la journée. S’entraîner aux transitions ou du moins les visualiser, le casque clippé avant de prendre son vélo, l’enlever une fois que l’on a posé son vélo, le déposer par terre ou dans la box, se renseigner sur les pénalités encourues.
Lepape-info : Vous en avez discuté avec des triathlètes de cette différence d’enchaînement des disciplines ?
G.B : Oui et il en est ressorti que les sensations sur le vélo ne sont pas les mêmes, en duathlon lorsque l’on prend le vélo le cœur est déjà bien haut et pour ma part à haute intensité les duathlons font partie des courses les plus difficiles que j’ai eu à faire. Sur les formats courts on est dans le rouge tout le temps à vélo ou en course à pied d’autant qu’il y a aussi le côté tactique à savoir qu’il faut être devant soit pour décrocher les concurrentes derrière (dans les courses avec drafting) soit pour tenir l’allure en tête de course. Je trouve que c’est plus dur que de la course à pied pure.
Lepape-info : À l’entraînement vous travaillez plus la course à pied ou le vélo ?
G.B : Cela dépend des périodes. On peut difficilement progresser dans les 2 disciplines en même temps il peut y avoir des axes plus « course à pied » et d’autres plus « vélo » avec quand même évidemment les 2 sports en permanence.
Garance Blaut : « Je fais du duathlon mais si j’avais le niveau en natation pour rivaliser avec les meilleures je ferais du triathlon. J’essaye de travailler un peu plus la natation parce que les étapes de triathlon en D2 avec le club arrivent mais j’ai trop de lacunes, la concurrence est rude. Par exemple, les triathlètes qui évoluent en D1 notamment les olympiennes ont le niveau de nageuses de très haut niveau. »
Lepape-info : Pour un adepte de la course à pied, est-ce compliqué de se mettre au duathlon ?
G.B : N’importe qui avec un minimum de condition physique peut prendre le départ d’une course par contre si vous êtes un pur coureur et pas cycliste du tout cela ne sera pas évident. Il y a toute la technique de la partie vélo à gérer. J’apprécie lorsque les parcours vélo comportent quelques difficultés avec des bosses comme celui de Parthenay en début de saison ou à Plouay l’an dernier avec des montées, des descentes, quelques virages avec des relances. Cela évite les « vélos passifs ».
Lepape-info : Existe t-il un véritable engouement en France pour le duathlon?
G.B : Difficile pour moi de répondre précisément car je suis dans mon cercle de fréquentation au Stade Français où il y a beaucoup de triathlon et de duathlon. J’ai l’impression que la Fédération Française de triathlon récupère de plus en plus de licencié(e)s. Je pense quand même que le triathlon avec ses 3 sports est le sport qui effraye un peu les gens et du coup il y a ce côté défi de faire du triathlon pour se surpasser dans 3 disciplines. Je fais du duathlon mais si j’avais le niveau en natation pour rivaliser avec les meilleures je ferais du triathlon. J’essaye de travailler un peu plus la natation parce que les étapes de triathlon en D2 avec le club arrivent mais j’ai trop de lacunes, la concurrence est rude. Par exemple, les triathlètes qui évoluent en D1 notamment les olympiennes ont le niveau de nageuses de très haut niveau.
Lepape-info : Quelle est votre philosophie dans votre pratique du duathlon ?
G.B : Je la vis en courant alternatif, l’effort n’est pas lissé. Il y a beaucoup de relances, de changements d’allure. Il faut être concentrée que ce soit sur le nombre de tours en compétition sur un circuit à pied, à vélo, sur ce qu’il faut bien réaliser lors des transitions et puis aussi vis-à-vis des concurrentes. C’est un sport tactique, physique et éprouvant.