Floriane Hot : « Je n’en reviens pas même si quand on remet son titre en jeu on a forcément envie de le garder. »

Floriane Hot a réussi l'exploit de conserver son titre de championne du monde du 100 km à Bangalore (Inde).
La Française déjà sacrée en 2022 à Berlin (Allemagne) s'est imposée en 7h08'42'' devant sa compatriote Marie-Ange Brumelot et la Britannique Sarah Webster. Les Françaises sont championnes du monde par équipes. Floriane Hot revient sur cette exceptionnelle performance. Entretien.

Floriane Hot championne du monde du 100 km pour la 2e fois consécutive.

Lepape-info : Floriane, ce nouveau titre de championne du monde est un extraordinaire exploit

Floriane Hot : Cela parait fou, j’en ai rêvé de ramener la coupe à la maison comme l’on dit. Je m’étais dit que tout s’était déjà bien aligné il y a 2 ans et je me demandais si cela allait être le cas encore. J’étais confiante, j’avais fait une bonne préparation, je savais que tout s’était bien passé, j’avais fait beaucoup de kilomètres, je sentais que j’étais en forme, même mieux qu’avant Berlin en 2022 mais un 100 km c’est toujours une surprise. Même si tout a été fait comme il le fallait avant il y a toujours un petit facteur chance ou malchance qui peut rentrer aussi en ligne de compte mais tout s’est bien passé, je suis trop contente.

Lepape-info : Vous avez géré votre course à merveille en étant prudente au début

F.H : C’est le même schéma qu’à Berlin, c’est fou que cela se reproduise une nouvelle fois.

Je pensais qu’on allait plus se regarder entre concurrentes mais finalement c’est parti fort devant (avec notamment la Britannique Sarah Webster). J’ai laissé partir, j’ai fait ma course, ce que j’avais prévu comme ce fut le cas à Berlin. Je suis remonté petit à petit, à Berlin j’étais passé aux commandes au 85e kilomètre, cette fois-ci ce fut au 80e. Même si j’avais très mal aux jambes je savais que je n’étais pas au rupteur et que j’avais encore des ressources. J’avais juste peur d’une crampe, d’une douleur qui arrive d’un coup, le besoin de s’arrêter pour aller aux toilettes à cause de maux de ventre. Au niveau musculaire, j’étais à la limite à un moment, c’est la première fois que je ressens cela, je pense que c’est à cause de la chaleur. J’ai eu des tensions dans les mollets et je savais que rien ne serait gagné tant que je n’aurais pas franchi la ligne d’arrivée. Jusqu’au dernier tour, je n’étais pas sereine. Sur la dernière ligne droite j’ai regardé derrière moi avant de savourer les 200 derniers mètres.

Floriane Hot : « C’est la première fois que je cours au cardio, je me suis basée là-dessus, je me suis dit dans ma préparation que cela serait bien d’avoir des notions à ce niveau. Je ne savais pas trop sur quelle allure partir, je me suis fiée à mon cardio et ce que j’avais travaillé en France à l’entraînement. »

Lepape-info : Vous réalisez le 2e chrono de votre carrière malgré la chaleur, le fort taux d’humidité et le parcours vallonné  

F.H : Je pensais que cela allait se gagner dans un chrono aux alentours de 7h20 sans sa voir si cela allait être moi ou pas. Il faisait aujourd’hui à l’arrivée 30 degrés à l’ombre, je m’étais entrainée sur des bases plus rapides lors de ma préparation mais je ne savais pas comment mon corps allait réagir à la chaleur très humide avec une côte à négocier à chaque tour. C’était un faux plat montant au début et assez raide sur la fin au total sur 800-900 mètres à faire 20 fois, au final cela fait pas mal de dénivelé. Cela casse aussi beaucoup plus musculairement, bien sur avec la descente derrière on récupère au niveau cardio mais par contre les jambes souffrent plus. C’est la première fois que je cours au cardio, je me suis basée là-dessus, je me suis dit dans ma préparation que cela serait bien d’avoir des notions à ce niveau. Je ne savais pas trop sur quelle allure partir, je me suis fiée à mon cardio et ce que j’avais travaillé en France à l’entraînement. Je suis resté sur ce rythme cardiaque (150 à 153 battements par minute, pas plus haut que 155 dans les montées), c’était plus lent qu’en France sur terrain plat bien sur mais cela m’a beaucoup aidé, je ne suis jamais allé dans le rouge, je ne suis pas monté en température grâce aux conseils de mon compagnon Nicolas (Navarro). Quand c’est parti devant, je me suis dit que si j’allais au-delà de 155 battements par minute pour suivre, j’allais exploser et que si cela tenait devant cela voulait dire qu’elles étaient meilleures que moi.

Floriane Hot : « Mon petit garçon Nino n’étais pas avec moi ici, j’ai du le laisser chez ses grands parents, c’était très difficile de ne pas être avec lui pour la première fois aussi longtemps mais cela n’a pas servi à rien. J’ai beaucoup pensé à lui pendant toute la course, à ma famille qui était là, à Nicolas, je voulais rapporter cette médaille, ce titre pour eux. »

Lepape-info : 2e sélection en équipe de France et 2e titre mondial  

F.H : Je n’en reviens pas même si quand on remet son titre en jeu on a forcément envie de le garder. Je reviens aussi d’une grossesse, ce fut une toute autre organisation qu’il y a 2 ans et aussi une autre récupération, je ne savais pas si cela allait marcher. Depuis 2022, certaines concurrentes avaient fait mieux que mon chrono à Berlin, je n’étais pas la meilleure engagée au niveau des temps. Je n’avais aucune certitude mais j’espérais un peu, je suis tellement heureuse que cela se soit passé ainsi.

Lepape-info : Que représente ce 2e titre mondial ?  

F.H : Beaucoup de bonheur, c’est un rêve. Mon petit garçon Nino n’étais pas avec moi ici, j’ai du le laisser chez ses grands parents, c’était très difficile de ne pas être avec lui pour la première fois aussi longtemps mais cela n’a pas servi à rien. J’ai beaucoup pensé à lui pendant toute la course, à ma famille qui était là, à Nicolas, je voulais rapporter cette médaille, ce titre pour eux. Cela représente la récompense d’une grosse préparation, d’un investissement, beaucoup de sacrifices avec aussi Nicolas que je remercie beaucoup car il a mis un peu sa carrière entre parenthèses pour que je prépare au mieux ce championnat du monde. Initialement il devait faire le marathon de Valence la semaine dernière mais on a vu que cela allait être compliqué d’être tous les deux en préparation en même temps avec le petit Nino à gérer. Cette victoire c’est grâce à lui, à nos familles qui m’ont et nous ont épaulé pendant cette préparation. C’est important de partager cela avec eux. Mes parents, mon frère et ma soeur étaient là aussi ici en Inde, ce sont les parents de Nicolas qui ont gardé Nino.

De gauche à droite sur la photo : Marie-Ange Brumelot, Sophie Le Béherec, Floriane Hot, Louise-Marie Thevenin-Lebran championnes du monde par équipes du 100 km

Lepape-info : Vous terminez devant une autre Française Marie-Ange Brumelot et vous gagnez le titre par équipes.

F.H : On ne pouvait pas rêver mieux, dommage je n’ai pas pu rester sur la ligne d’arrivée pour assister à l’arrivée de Marie-Ange j’avais tout de suite le contrôle anti-dopage et on s’est retrouvé lors de la cérémonie protocolaire on était super contentes et encore plus lorsque l’on a compris qu’on avait le titre par équipes avec la performance de Louise-Marie Thevenin-Lebran 16e en 8h06.

Lepape-info : Maintenant place à un peu de repos

F.H : Cela va faire du bien avec les fêtes de fin d’année, le timing est bon, après chaque préparation j’aime bien relâcher un peu. Arrêter de courir un temps ne me pose pas de problème, il faut savoir se ressourcer.

Lepape-info : Ce titre mondial va motiver encore plus Nicolas dans la suite de sa carrière

F.H : Maintenant c’est sa préparation, on est à fond derrière lui pour un marathon pour lui au printemps, on a hâte de la voir performer.

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