Courir pour courir, ne l’intéresse pas vraiment. La course à pied, il y est d’abord venu « pour l’entretien, 30 à 45 minutes, deux à trois fois par semaine ». Originaire de Nancy, David Ramos, 27 ans, a ensuite vécu à Lyon, puis à Paris où il a effectué son école d’avocat. « J’avais des semaines chargées et moins de temps pour faire d’autres sports. Pendant des années, je ne prenais pas de plaisir en courant. Je me disais : « c’est chiant, mais je le fais ! » » Les séances d’entraînement en ville, sur le bitume parisien, ça ne le tente pas. Il a un temps pu profiter de la salle de sport du cabinet d’avocats pour lequel il travaillait. « Mais hormis pour garder la forme, je ne vois aucun intérêt à courir sur un tapis ! »
Celui qui se définit comme un « coureur plutôt solitaire » paraît pourtant avoir trouvé son compte dans la course à pied. Et pas seulement pour des raisons esthétiques ou d’emploi du temps. « Maintenant, j’ai pas mal d’amis qui courent. On compare nos performances. On essaie de faire mieux que les autres. C’est un peu le jeu de la chambre, et j’aime bien ça. Par ce biais-là, je retrouve un peu la même ambiance que dans le foot. »
Si courir rime aujourd’hui avec plaisir pour David Ramos, c’est notamment grâce à sa bande de potes, mais aussi parce qu’il a réussi à associer course à pied et solidarité. C’est ainsi qu’il a couru les 20 km de Paris en 2010 pour aider l’association la Chaîne de l’Espoir. « Je n’étais pas du tout préparé. Mais je me suis dit « tu fais comme tu veux, mais tu finis ces 20 kilomètres ». J’ai failli mourir en cours de chemin, mais je suis arrivé au bout, sourit-il. Et j’étais content d’avoir donné de l’argent pour une association ».
Son sens de l’entraide ne date pas d’hier. Le jeune homme s’attache depuis plusieurs années à « trouver un peu de temps » pour ceux qui en ont besoin. Il parraine notamment depuis plusieurs années un jeune issu d’une famille modeste par le biais de l’association Frateli. « Pour lui donner des conseils en matière d’orientation, parce que ce n’est pas toujours facile d’avoir les réponses aux questions que l’on se pose. Pour moi, ce n’est pas une activité trop chronophage, et j’ai l’impression d’être utile ».
A la fin de l’été 2012, le jeune avocat a quitté le cabinet pour lequel il travaillait. Et a ensuite décide de « partir pour un tour d’Asie pendant trois mois ». Une « expédition sac à dos » qui lui a fait découvrir l’Inde, la Birmanie, la Thaïlande ou encore le Vietnam. « Un bel apprentissage, analyse-t-il avec le recul. J’ai rencontré des gens charmants qui n’avaient pas grand-chose mais m’accueillais à bras ouverts. Ca fait un peu cliché de dire ça, mais c’est ce que j’ai constaté. J’ai eu l’opportunité de découvrir des personnes qui ont des vraies croyances, complètement différentes de celles que l’on connaît chez nous. J’ai pu mesurer l’influence qu’ont les religions dans la vie des gens. Et je me suis prouvé que je pouvais voyager seul ».
Il va désormais s’installer à Londres pour rejoindre sa copine qui a trouvé un emploi de l’autre côté de la Manche. Et recommencer à courir, après une périostite et une aponévrose des deux pieds qui l’ont tenu éloigné de la course pendant quelque temps. Car en 2013, David Ramos espère participer à son premier marathon. Quand on lui demande lequel le fait le plus rêver, il répond « Paris me vient comme une évidence. Mais il y en a plein d’autres : Londres, New York, Boston…. » Reste que sa première expérience sur les 42.195 kilomètres devrait finalement se faire… en Sierra Leone. « J’ai été contacté par un membre du staff du Sierra Leone Marathon (voir la présentation de l’événement) organisé par l’ONG Street Child (qui vient en aide aux enfants des rues, ndlr). Il savait que j’avais le rêve de courir un marathon. Et m’a proposé de les aider à faire connaître la course en France. C’est un challenge qui me plaît. Et même un double challenge si je peux courir le marathon ! Pour moi, c’est bien plus qu’une course, il y a tout le volet humanitaire qui apporte une grosse valeur ajoutée. L’événement permet de voir concrètement ce que fait l’ONG sur place ».
David Ramos le concède, il ya quelques années, la simple idée de courir un marathon lui aurait paru folle. Aujourd’hui, ses paroles laissent transparaitre une certaine hâte de relever ce qu’il décrit comme un « défi ». Et il ne s’interdit pas d’y prendre goût : « La vie est longue. Aux 20 km de Paris, j’ai été doublé sur la ligne par un homme d’une soixantaine d’années. Une leçon d’humilité qui me fait dire que j’ai encore de la marge ». Et certainement encore de beaux challenges à relever.