Le modèle « traditionnel »
Pendant très longtemps le coach était celui qui savait et le coureur n’était qu’un simple exécutant de la performance. Nous avons tous en tête l’image de ces entraîneurs donnant des directives strictes à des sportifs dociles. L’apprentissage était alors descendant et l’athlète n’avait pas à réfléchir à son entraînement puisqu’il n’était pas compétent pour et que l’on pensait à sa place !
Cette démarche est aujourd’hui largement remise en question. D’une part parce que chaque individu réagit différemment aux charges d’entraînement (le coach ne peut donc plus tout savoir). Et d’autre part parce que l’on se rend compte que le niveau de performance du sportif est souvent corrélé à son niveau d’autonomie.
L’approche « moderne »
Nous le voyons de plus en plus, le monde du sport tend à remettre l’athlète au centre de la performance. Les entraîneurs tout puissants laissent place à des managers qui coordonnent des staffs au service du sportif et du résultat.
En cyclisme nous observons que les coureurs font aujourd’hui régulièrement appel à des entraîneurs personnels. La hiérarchie, elle, a tendance à disparaître pour laisser place à des échanges plus égalitaires. Parfois même un staff se forme autour du cycliste avec un directeur sportif, un entraîneur d’équipe, un entraîneur personnel, un préparateur mental…
Mais cela est il vraiment plus efficace que le modèle dit « traditionnel » ? Oui ! Car faire du coureur un des acteurs de son entraînement augmente sa motivation et sa confiance. En outre, ses besoins réels sont davantage pris en compte s’il fait partie intégrante du processus de réflexion.
Peut-on aller encore plus loin ?
Il est possible de donner encore plus d’autonomie au coureur ! L’approche « moderne », si elle responsabilise le sportif, continue de voir dans l’entraîneur la force majeure de proposition. Il reste le savant même si les échanges sont plus nombreux. Et le programme d’entraînement demeure sa propriété. Mais nous pouvons, par exemple, imaginer que le sportif devienne le concepteur de ses propres séances et qu’il fasse appel à un regard extérieur compétent pour être supervisé.
Une telle approche pourrait même remettre en cause le cursus de formation initiale du cycliste. Etant jeune, on ne l’entraînerait plus pour qu’il s’améliore directement, mais pour qu’il apprenne à se connaître lui et à maîtriser les logiques de la préparation (physique, mentale, technique, biomécanique…). L’entraîneur deviendrait alors un accompagnateur, avec pour missions principales de questionner et guider l’athlète pour lui révéler son potentiel. Nous pouvons penser que cette démarche serait encore plus motivante et efficace sur le long terme, et qu’elle aiderait à renforcer les qualités d’adaptation du sportif. Le conditionnel est utilisé ici mais certains coureurs, notamment au haut niveau, s’orientent déjà vers ce type de suivi.
Comment ça marche ?
Avant toute chose, cette approche ne signifie pas de laisser le cycliste décider seul de son programme. Cela serait une erreur fondamentale.
Le premier travail important se situe dans la fixation des objectifs. L’entraîneur doit échanger et questionner le coureur pour faire émerger chez lui les buts de résultats et de maîtrise qu’il veut réellement poursuivre.
Puis le sportif doit être guidé pour organiser lui-même son plan d’action et ses différentes étapes. Le rôle du coach est ici de faire réfléchir et de pointer les incohérences dans le discours et dans la mise en pratique.
Enfin cette démarche de questionnement doit être continuée tout au long de l’année par le binôme et à chaque fois qu’une nouvelle problématique se présente. Des nouveautés doivent alors être amenées régulièrement pour éviter que le coureur s’endorme sur ses acquis.
En conclusion, il existe une infinité de relations différentes entre l’entraîneur et le coureur. Cependant l’autonomie du sportif semble être un critère important pour la réussite de ce dernier avec des effets directs sur sa confiance, sa motivation et sa capacité d’adaptation. En outre, il est possible de dépasser les conventions pour proposer des cadres d’entraînement inédits permettant de se rapprocher plus près encore des besoins du cycliste.