Nous sommes partis de Mâcon. Les coteaux de Bourgogne et leurs doux vallonnements nous annonçaient déjà les dénivelés à venir tout au long des 700 kilomètres de notre périple sur ce GR7. Les montées et les descentes allaient en effet s’enchaîner, tout autant que les panoramas majestueux.
Ce sentier de grande randonnée prend naissance sur le ballon d’Alsace et suit approximativement la ligne de partage des eaux, à travers les Vosges, la Haute-Marne puis la Bourgogne. C’était prévisible : nous allions traverser ainsi le massif central selon une diagonale inscrite dans un axe sud-ouest.
La carte nous montrait bien une ligne de sentier qui suit au plus près celle – théorique et géographique – du partage des eaux. C’est cette partie que nous avons parcouru, pour tester l’itinéraire pour le trail. Dans les faits, c’est souvent les lignes de crêtes des différents massifs traversés que ce GR7 épouse.
Un sentier pentu pour une expérimentation trail
Du dénivelé, des massifs et des crêtes au menu donc, ce qui tombait bien. Nous étions, Damien Poulet et moi, chargés d’un « repérage » de cette partie « Massif central » du GR7 en vue d’estimer et de promouvoir la pratique du trail running en itinérance sur ce sentier bosselé. Les traileurs, c’est bien connu, aiment les terrains difficiles et les profils mouvementés. Sur ce GR7, ils sont plutôt bien servis !
En effet, dès notre première étape entre les vignobles de Bourgogne et le haut-Beaujolais, nous découvrons de bonnes bosses. Des sentiers très praticables mais parfois tout de même des descentes assez techniques. Mais il n’y en a pas que pour les muscles. Les yeux aussi sont en éveil : les paysages sont beaux et les points de vues nombreux. Nous dominons souvent de beaux villages blottis au creux des coteaux et les couleurs de l’automne, en cette fin octobre, sont étincelantes sur les vignes.
De la Bourgogne au Pilat
Notre première nuit sur ce GR7, nous la passons dans une roulotte, un bon signe puisque c’est un voyage itinérant, un vrai vie de bohème, qui nous attend sur le sentier. Les jours suivant, nous parcourons le haut Beaujolais puis les Monts de Lyonnais. Les bois sont épais, les montées costaudes, les vues panoramiques.
Nous ne sommes souvent qu’à une trentaine de kilomètres de la capitale des Gaules, mais la nature est plutôt sauvage et les villages bien paisibles, quand ils ne semblent pas déserts. Alternant marche et course, car nous sommes tout de même bien chargés et nous voulons aussi profiter de la découverte, nous poursuivons notre chemin à travers pistes forestières, sentiers techniques et, parfois, de petites routes sans circulation. Le dénivelé moyen de nos journées, en mètre positif, culmine largement au-delà du millier.
À travers une France rurale
Les noms de nos étapes sont à la fois évocateur d’une France rurale et à l’écart des grands axes et emprunts d’une certaine poésie : Poule-les-Echarmeaux, Les Sauvages, Les Estables, La Bastide Puy Laurent. C’est effectivement une France des chemins ruraux, des montagnes douces et des villages perchés que nous traversons sur ce GR7, particulièrement entre le Beaujolais et l’Ardèche.
Les massifs s’enchaînent : après St Chamond (l’étape la moins bucolique de cette première « reconnaissance »), nous avons quitté les Monts du Lyonnais (que les traileurs connaissent grâce à la Saintélyon mais qui peuvent se révéler bien plus pentus et sauvages) pour le Pilat.
Après une rude montée, une belle auberge où sont attablés de nombreux promeneurs (nous sommes dimanche et il fait beau) nous attend. Le point culminant de cette première partie du voyage est à quelques pas plus loin : le crêt de la Perdrix domine les massifs alentours et nous livre un splendide panorama jusqu’aux Alpes. Dans cette claire journée, le Mont-Blanc resplendit au loin.
Le calme du plateau ardéchois.
D’autres beaux panoramas éclairent cette étape. Nous atteignons ensuite le plateau ardéchois. Là, les paysages ouverts offrent encore de belles teintes automnales, et les terrains se révèlent plus roulants. C’est toujours aussi bucolique et calme.
Quelques jours plus tard, nous passons aux sources de la Loire, au pied du mont Gerbier de Jonc. La rivière qui coule à nos pieds est donc la naissance du plus grand fleuve de France. Un autre GR (le 3) en suit le cours, mais nous nous poursuivons notre randonnée active, puisque nos étape comptent en moyenne 35 kilomètres et grimpent 1100 mètres positifs environ chaque jour, vers les Cévennes. C’est d’ailleurs à leur début, après un arrêt à l’église Notre Dame des Neiges, perdue au milieu des bois et de la montagne, que nous stoppons cette première partie de reconnaissance.
Nous avons parcouru 350 kilomètres. La Bastide Puy-Laurent sera notre arrivée finale au terme de ces dix jours bien remplis, où le soleil de l’automne nous a bien agréablement suivi à travers les beaux paysages du massif central. Dans deux semaines, nous allons repartir du même endroit pour poursuivre notre “expérience trail” sur ce GR7 plein de belles surprises !
En tous les cas, la technicité de certains passages et la difficulté du parcours en terme de dénivelé, notamment sur certaines portions, nous ont convaincu d’un beau potentiel pour le trail running itinérant.