Clément Molliet, la Force tranquille

Le savoyard d’Arêches Beaufort ne se destinait pas vraiment à une carrière de haut niveau dans sa jeunesse. Il aimait le sport pour s’amuser dit-il mais ne pensait pas réaliser le palmarès qu’il détient aujourd’hui que ce soit en ski nordique ou en trail. C’est au sein de son école de commerce que nous l’avons rencontré pour le Pape-info afin de retracer avec lui son incroyable parcours !

Comme tout montagnard qui se respecte, Clément Molliet pratique le ski nordique avec les copains dès l’âge de 6 ans, le sport national avec l’alpin lorsqu’on vit dans un village de montagne. « C’était un bon moyen de s’amuser et de passer un bon moment avec les copains ». Jusqu’en cadet 1 Clément est très loin de voir la compétition comme une fin en soi et se dit même « médiocre en ski » accusant quelques kilos de trop sur la balance. En cadet, une nouvelle recrue arrive au club et Clément s’en fait un nouvel ami. C’est ainsi qu’au côté de Pascal Margueron, il décide de choisir la compétition plutôt que le ski loisir qu’il pratiquait jusqu’alors. « Ensemble, on s’est boosté et on s’est vite pris au jeu ».
Elève en seconde générale au lycée Jean Moulin à Albertville, Clément ne disposait pas des facilités d’entraînement comme ses copains du sports-études de Moutiers. Mais le jeune savoyard est motivé et compte bien effacer ses débuts timides en ski. Très vite, à coups d’entraînements sérieux et constants dans l’effort, les résultats se font sentir. « En cadet 2, je termine 6ème des Championnats de France, ce fut pour moi la révélation. »
Le jeune homme grandit et s’affine, se renforce musculairement et s’améliore techniquement. Passé dans la catégorie Jeune, la section Sports-études de Moutiers lui ouvre enfin ses portes, tout comme le Comité de Savoie qui lui permet de franchir un cap. Deux années chez les jeunes et il poursuit sa progression pour accrocher un titre de vice-champion de France jeune derrière son ami Pierre Guedon avec lequel il poursuivra sa carrière à haut niveau. Il fait même ses armes sur une coupe d’Europe avant d’aborder la catégorie junior. C’est alors dans le grand bain qu’il est sélectionné par la fédération pour porter les couleurs tricolores sur les courses internationales en équipe de France Junior. Le haut niveau débute enfin !

Une ascension stoppée en ski nordique

Il navigue d’expérience en expérience, se confrontant aux meilleurs de la planète dans sa catégorie. L’un de ses souvenirs impérissables restera le championnat de France Junior à Praz-de-lys en Haute Savoie même si le résultat ne fut pas à la hauteur de ses espérances. Mais le passage de junior à senior est laborieux, rappelé par la dure loi du haut niveau et sa sélection impitoyable. Une seule place est offerte pour les sprinteurs, réservée pour l’heure à son ami Pierre Guedon. Aux portes de l’équipe de France, Clément doit alors se contenter d’une structure intermédiaire au sein du Team Savoie Elite Nordic partageant l’aventure avec 9 autres fondeurs, tous évoluant entre le meilleur niveau régional et national, parfois invités sur une compétition internationale. « Sans coach attitré et parfois livrés à nous-mêmes je vis là de belles années avec parfois un ticket pour disputer une course internationale comme le Championnat du Monde Espoir (moins de 23 ans) en sprint. J’alterne des sprints et quelques longues mais au bout de quelques années la gestion du sport et des études devient de plus en plus laborieuse. Sans résultats significatifs à très haut niveau, je fais donc le choix de mettre un terme à ma carrière de fondeur pour privilégier mes études » observe-t-il avec lucidité.

Car Clément Molliet a la tête sur les épaules et une tête bien remplie, qui lui permet après le bac de rentrer au CESNI pour faire un IUT Tech de Co avant d’enchaîner sur une licence Pro puis une première année de MMESTM (Management Marketing des Entreprises du Sport, du Tourisme et de la Montagne). Une filière dans laquelle il se découvre une passion pour ce métier de technico-commercial vivant de belles expériences dans l’univers des marques sportives d’abord au sein du groupe Quechua. Après sa licence de marketing, toujours en alternance au sein de la branche haut niveau de l’école de commerce, le CESNI, Clément prend une année pseudo-sabbatique s’envolant pour l’Alaska. Recruté par une université américaine, il intègre la section ski nordique le la prestigieuse faculté du 51ème état des Etats-Unis. Fréquentant quelques cours, il profite surtout de son expérience pour skier et parfaire son anglais, une compétence non négligeable pour la carrière commerciale qu’il embrasse en parallèle. De retour en France, il reprend son master en seconde année cette fois avec le groupe GAL SPORT France distributeur notamment des marques chères aux fondeurs comme One-way et Briko.

Une révélation en trail

Les skis sont définitivement rangés au placard du moins pour la compétition et c’est baskets aux pieds qu’il entrevoit sa reconversion sportive. En 2013, il se fixe le défi de courir l’UTB (Ultra Clément MollietTrail du Beaufortain) une course dans son jardin au dessus d’Arêches Beaufort. Jusque là, il suivait un peu les trails au travers son ami Pierre Minary qu’il encourageait et dont il assurait parfois le ravitaillement. A force d’être au bord du chemin, il est de plus tenté par l’expérience du trail et le défi s’offre à lui avec l’UTB. « Paradoxalement je n’aimais pas trop courir lorsque j’étais fondeur, rechignant parfois à la tâche. Je faisais juste ce qu’on me préconisait, souvent 1h ou 1h30 et pas une minute de plus, toujours sur le même parcours, donc pas très ludique et mes entraînements manquaient cruellement de variété. »
Mais à travers le trail, Clément voit là un bon moyen de découvrir la montage et de s’évader vers de nouveaux horizons. Même s’il abandonne l’UTB en 2013 à cause d’une entorse du genou, très vite les résultats se font sentir avec des places honorables l’année suivante. En 2014, il termine 13ème au trail des Aiguilles rouges et 13ème au Marathon du Mt Blanc, alors ambassadeur du Team Quechua. Ces places qu’il juge « inespérées » le poussent à poursuivre l’aventure dans la discipline.
Rentré d’Alaska et gonflé à bloc, très bien entraîné au printemps 2015 après avoir renoué avec le ski nordique, il devient ambassadeur chez Hoka, la marque Quechua mettant alors un terme à l’équipe de trail. Au détour d’une belle rencontre avec Julien Chorier il intègre ainsi le prestigieux team haut savoyard par la petite porte. L’ex-fondeur a franchi un palier et se révèle être un traileur chevronné avec d’abord une 3ème place sur le 4km de la Maxi Race. Mais la révélation aura lieu sur un parcours de haute montagne, un terrain où il aime jouer, sur la course mythique de l’Ice trail Tarentaise début juillet 2016. Dans une forme étincelante, il se permet d’aller chatouiller l’armada espagnole pour prendre « une 3ème place surprise », que personne n’attendait, derrière les icônes espagnols que sont Luis Hernando et Merillas. « Tout s’est passé ce jour là comme sur des roulettes. Je ne sais pas ce qu’on m’avait mis dans mon verre ce matin là, mais j’ai ressenti de supers sensations en course » plaisante le traileur Hoka, alors promu dans le team National Hoka.

Aujourd’hui, son avenir semble tout tracé en trail avec de nouveaux objectifs en tête. Le début de saison 2016 fut un peu tronqué à la Maxi race, victime de maux de ventre après avoir bu une eau certainement « frelatée » au ravitaillement de St Eustache, où de nombreux autres traileurs en auraient essuyé la douloureuse expérience. Après avoir disputé et remporté l’Interlac relais avec la dream team Hoka au mois de mai aux côtés d’Adrien Perret et Robin Cattet, il revient aux affaires.
S’il a bien quelques courses en vue cet été (la Frison Riche qu’il organise également ou la Val Tho Trophy) il a surtout dans le viseur la CCC fin août, une course qui ne lui avait pas souri l’an passé, victime de crampes au col des Montets, mettant tout de même un point d’honneur à franchir la ligne d’arrivée pour accrocher la 23ème place. Fin de saison 2015, il s’essaie aussi aux Templiers, un « parcours roulant auquel je n’étais sans doute pas assez préparé ».
Mais 2016 se profile pour le mieux sous la houlette du coach Olivier Paganelli qui le suit depuis les 80 km du Mt Blanc. Il vient de terminer second au 30 km du trail de Bozel le 19 juin 2016 derrière l’enfant du pays Frédéric Thérisod. Début juillet, il était « encordé » à Matthieu Brignon pour briller de mille feux sur la Pierra Menta été « dans son jardin ». Face à de coriaces équipes dont les espagnols survoltés, il y a signé une très belle 3ème place.

Et pour la fin de saison du côté du Mt Blanc, si la CCC se passe bien cette année il entrevoit à terme réaliser la trilogie en respectant d’une année sur l’autre la progression CCC – TDS 2017 et UTMB en 2018. Des projets plein la tête pour le jeune coureur de 27 ans qui a encore une belle marge de progression mais qui ne voit pas sa vie tournée seulement autour du trail.

Jeune technico-commercial des marques sportives, il aime à s’imaginer avoir une vie équilibrée entre son travail et l’entraînement. « J’ai besoin de cet équilibre pour me dépasser et vivre normalement. Beaucoup de courses me font rêver comme Zegama ou la Transvulcania en Espagne, Zierre-Zinal en Suisse et bien sûr l’UTMB, mais je veux d’abord terminer mes études et décrocher une place intéressante au sein d’une marque qui me permette aussi de me réaliser en tant que professionnel ». Clément Molliet qui vit en couple avec Marion Hudry, ex skieuse d’Alpin de haut niveau, est bien dans se tête, bien dans ses Hoka et l’avenir nous dira s’il a fait ou pas le choix de passer du nordique au trail !

Clément Molliet et Julien Chorier (droite)
Clément Molliet et Julien Chorier (droite)

Le mot de Julien Chorier, capitaine du team Hoka :  « J’ai rencontré Clément à Val Thorens sur le KV il y a 2 ans, il m’a surpris par sa performance. Après avoir bien échangé avec lui sur son passé de fondeur de haut niveau, et ses ambitions en trail, l’idée de l’intégrer dans le team à commencé à germer au moment où Hoka voulait rajeunir le team et avoir des coureurs sur les formats plus courts. Il s’est avéré judicieux de l’intégrer, il a montré par son sérieux à s’entraîner et ses capacités à quel point il pouvait jouer les premiers rôles au plus haut niveau. Après de nombreuses victoires sur des courses locales, sa 3ème place à l’Ice Trail Tarentaise l’a dévoilé. En résumé, un gars au grand cœur qui court avec sa tête et ses jambes. »

Clément MOLLIET en bref :

Né le 7 octobre 1989 à Chambéry
Vit à Albertville, en couple avec Marion Hudry
Taille : 1m76 Poids : 68kg
Etudes : CESNI Master 2 MMESTM (Management Marketing des Entreprises du Sport, du Tourisme et de la Montagne)
Team Hoka
Autres partenaires : Compressport, +Watt, Compex.

 

Palmarès

Trail

2013

32ème Trail de Faverge (44km)
23ème Km Vertical de Chamonix
5ème Km vertical du Mirantin
2ème  La Combe Bénite (27km)
12ème Les Aiguilles Rouges (50Km)

2014

13ème 80Km du Mont Blanc (Championnat du Monde)
2ème Frison Roche (40km)
3ème Km Vertival Valtho Trophy
12ème Nivolet Revard (50km)

2015 :

3ème Ice Trail Tarentaise(65Km) (Championnat d’Europe)
3ème Marathon Maxi-Race (42Km)
23ème CCC (101Km)
1er  Trail la Frison Roche (34Km)
2ème  Trail de la Meije (42Km)
1er  Trail des Glières (22Km)

Ski de fond

3 ans en équipe de France
2 sélections aux Championnats du Monde Junior et Espoir
Champion de France relais (2009)
Vice Champion de France Junior (2006, 2009)
Champion du monde Universitaire (relais)
Tops 10 en Coupe d’Europe
6ème NCAA Championships (USA)

4 réactions à cet article

  1. bravo clem  » super cet article »

    Répondre
  2. Super cet article  » Bravo Clem  » des bises de nous deux….

    Répondre
  3. Bravo le cousin, Nathan ira te voir courir et gagner le 5 Août!

    Répondre
  4. Un seul mot : Génial
    Parrain et sa tribu

    Répondre

Réagissez