Christelle Daunay : direction Zurich et les championnats d’Europe

C’est indiscutablement la grande dame de la course à pied. En France, elle détient tous les records sur route à partir du 15 km et sera, lors des prochains championnats d’Europe de marathon qui se disputeront à Zurich (Suisse), l’une des postulantes au titre.

Et Christelle Daunay est en forme. Le 29 mars 2014, elle a terminé septième des championnats du monde de semi-marathon en 1h08mn47s, sept secondes devant la vice-championne du monde en titre du marathon, l’Italienne Valeria Straneo. (voir les résultats). Le 18 mai dernier, elle s’est classée 4e place sur le très relevé 10 km de Manchester (GB) en 32mn20s. Ce samedi 24 mai 2014, elle s’est imposée sur le semi-marathon de Karlovy Vary en République Tchèque en 1h09mn17s. 

Dans les prochaines semaines, la sociétaire du Sco-Ste Marguerite Marseille disputera un 3 000 m lors du meeting de Sotteville-lès-Rouen le 14 juin 2014. Ce sera sa dernière sortie avant le marathon des championnats d’Europe à Zurich. « Je n’irai pas pour y aller, j’espère un chrono sous les 9mn (son record est en 9mn02s). » Elle entamera ensuite sa préparation finale pour les Europe et espère entendre la Marseillaise qui l’a si émue sur le podium du semi-marathon de Karlovy Vary. 

Lepape-info : Christelle vous semblez en forme, sûre de vous et très heureuse de cette victoire. Qu’est-ce qui vous a motivée à prendre le départ de ce semi-marathon ?

Christelle Daunay : Je cherchais un semi-marathon avec un plateau élite conséquent et en cette période de l’année il n’y en a pas énormément. En fait, depuis trois semaines, je souffre d’une lombalgie, ce qui ne m’a pas permis de faire des séances complètes. Au niveau des allures, j’ai pu les maintenir et faire des entraînement de qualité mais j’ai souvent été contrainte de les écourter. Mais cela va mieux au fil des jours et sur ce semi-marathon, je dois dire que pour la première fois depuis trois semaines, je n’ai pas été gênée. Il faut simplement être patiente et voir au jour le jour.

Lepape-info : Ce semi-marathon, rentrait-il dans votre préparation pour les championnats d’Europe ?

C.D. : Non pas vraiment, il entrait dans un cycle de compétitions avec un 10 km et un semi-marathon, ceci dans la suite logique des championnats du monde. Normalement, j’aurais dû aller plus vite sur ces deux rendez-vous mais c’est la loi de la course à pied, il faut négocier avec son corps. La préparation pour les Europe ne commencera qu’après le 3 000m même s’il en fera un peu partie, d’où le fait que je souhaite faire un chrono autour de 9mn et ainsi battre mon record. Ma préparation marathon va commencer début juin c’est à dire dans une semaine en fait. Il était vraiment important pour moi de faire un semi et de faire un bon chrono avant d’entamer ce cycle. C’est chose faite, je suis satisfaite.

Lepape-info : Quelles seront vos ambitions sur ces championnats ?

C.D. : Je dois être honnête : j’espère entendre la Marseillaise. Le podium au moins sinon…. après c’est la loi du marathon, tout dépendra de la course. On peut réaliser une superbe performance individuelle et ne pas être sur la boîte, mais bon…

« Ce seront mes premiers championnats où je viserai la victoire »

Lepape-info : Quelles seront vos principales concurrentes ?

C.D. : Le plateau n’est pas encore connu mais il y aura bien sûr l’Italienne Valeria Straneo et des Biélorusses et certainement d’autres concurrentes. Le parcours pourra réserver des surprises car il est vraiment difficile avec une bosse, une vraie côte à parcourir quatre fois. Pour la première fois de ma carrière je vais prendre le départ d’une course pour jouer la victoire car ce sont mes premiers grands championnats si on excepte les JO de Pékin où j’étais au coeur du peloton. J’ai bien sûr tenté la gagne sur New York en 2009 mais je manquais encore de métier. J’ai mené la course mais je n’ai pas attaqué assez fort, c’était un pétard mouillé. Je valais 2h24mn à cette époque mais je n’avais pas assez confiance en moi et je termine troisième en 2h28mn14s. C’était la première fois que je pouvais gagner un marathon mais je n’ai pas été jusqu’au bout de mes intentions, c’est une erreur que je ne ferai plus. Pour s’imposer à Zurich, il faudra réaliser, je pense, un chrono autour de 2h24, et je vais tout faire pour les avoir dans les jambes. J’ai progressé depuis, j’ai pris de l’assurance et j’ai plus confiance en moi mais il faut bien sûr modérer ces propos car un marathon reste un marathon et tout peut arriver.

Lepape-info : Les Jeux Olympiques de Londres devaient être votre dernière compétition, qu’en sera t-il après Zurich ?

C.D. : Je ne pouvais pas arrêter après avoir fait 95% de ma préparation et devoir tout arrêter à cause de cette fracture de fatiguejuste au moment où j’allais attaquer la phase de récupération. Tout le monde m’avait dit de ne pas regarder la course mais je l’ai fait, j’aime trop l’athlétisme pour ne pas regarder ça ! J’étais en vacances forcées, sans pouvoir aller sur la plage parce que j’étais en béquilles. Mon compagnon qui est à la garde républicaine a été muté à Nanterre à ce moment là, j’ai donc fait un déménagement et des travaux pour entretenir ma forme ! Je ne pouvais vraiment pas envisager de tout arrêter sur cette blessure sans même exploiter ma préparation. Alors je suis repartie mais je fonctionne par échéances. Là, je ne pense qu’à Zurich. Après, je ferai le point avec mon corps mais aussi mes envies. Je vais avoir 40 ans à la fin de l’année, je ne peux plus voir à long terme (éclat de rire !, ndlr)

Lepape-info : Avez vous déjà pensé à l’après carrière ?

C.D. : Bien sûr, je redeviendrai kiné mais je souhaiterais aussi entraîner. Je passe mes diplômes pour cela. J’aimerais bien prendre un groupe de garçons et de filles et les faire éclore. J’adore l’athlétisme, j’aime le milieu et je ne veux pas le quitter, ce serait un bon moyen. Mais avant toute chose, pensons à Zurich…