À une semaine du départ des Championnats du Monde de Trail à Penyagolosa, en Espagne, nous avons eu l’occasion d’échanger quelques mots avec Olivier Gui, membre du staff tricolore et formant un trio d’expérience avec Philippe Propage (entraîneur de l’Équipe de France) et Gilles Guichard.
Les coureurs sont partis une semaine en stage de préparation à Mandailles, dans le Cantal.
L’opportunité pour les traileurs de l’Équipe de France de travailler à haute intensité, perfectionner les techniques de course et développer la cohésion de groupe. La sélection a pu mettre à profit ce stage pour se forger un bagage physique et mental qui sera primordial lors de la course de 85 kilomètres au départ de Castellón de la Plana.
Entretien
Le stage de préparation dans le Cantal s’est-il bien passé ?
Dans l’ensemble très, très bien. Nous avons eu un accueil absolument fantastique par le département du Cantal et on a dû s’adapter au climat puisqu’il y avait encore un peu de neige sur les hauteurs mais les coureurs qui sont complètement adaptés et adaptables à des conditions météo compliquées ont su trouver les bonnes solutions. La charge de travail a été assez importante, ils ont travaillé ensemble avec une très belle cohésion de groupe. Un très bon stage à tout niveau.
Pourquoi avoir choisi cette région pour préparer les coureurs aux Championnats du Monde ?
Tout d’abord, parce que la collectivité et le département ont manifesté un véritable intérêt pour l’Équipe de France. Au-delà de la prise en charge, le département a tout fait pour que les athlètes soient dans une bonne situation avant ces championnats. Nous avons également eu un temps de partage avec des coureurs locaux, une sortie commune avec 72 coureurs, ce qui correspondait parfaitement aux valeurs du Trail. Tout le monde a été gagnant.
Combien de temps a duré ce stage de préparation ?
Le stage a duré une semaine et on avait la présence du staff médical fédéral, 2 kinés et 1 médecin. Les coureurs ont été placés dans de très bonnes conditions. Des conditions auxquelles ils n’ont pas accès le reste de l’année. A 1 mois de la compétition, ils ont pu faire un gros bloc de travail et dans de très bonnes conditions de récupération notamment.
Quelle a été la stratégie mise en avant au cours du stage ?
Les coureurs ont fait toutes sortes d’entraînements. Beaucoup de travail ascensionnel puisque le parcours des Championnats du Monde comprend 5000 mètres de dénivelé positif, la course part au niveau de la mer et arrive à 1700 mètres avec des montées et des descentes sans arrêt. Ils ont énormément travaillé la descente rapide, s’ajoute à cela des sorties longues, du vélo et du ski-randonnée pour certains.
Le but a donc été de varier les activités d’entraînement…
Pas autant que l’on aurait voulu puisqu’avec la pluie ils n’ont pas fait autant de vélo que prévu dans nos séances programmées mais cela a été compensé par des sorties rando-course. Il y a eu plus de 25 heures de travail sur tout le long du stage.
Pouvez-vous nous détailler une journée de stage de préparation pour nos lecteurs et passionnés de Trail ?
La journée commence par un petit-déjeuner complet à 7 heures. Départ à l’entraînement à 9h. Si je prends l’exemple d’une séance de côtes, ils sont partis de l’hôtel à 9h, footing d’échauffement pendant une trentaine de minutes jusqu’à la côte repérée la veille et de là ils ont enchaîné une dizaine de montées-descentes avec départ collectif. Derrière, une fin de séance avec un retour à l’hôtel en trottinant, ce qui ressemblait plus à un retour au calme à 12 km/h. Déjeuner + sieste. Vers 17h, sortie vélo de 3 heures, rando-course ou piscine. C’était au choix.
Par ailleurs, nous avons fait une soirée « reconnaissance du parcours » (points d’eau, ravitos, zones clés) des championnats du monde, à base de vidéos tournées il y a quelques semaines sur site, de partage d’informations entre coureurs et de conseils du staff technique.
Comment pressentez-vous les conditions climatiques pour ces Championnats du Monde ?
D’après les statistiques, nous atteindrons 22, 23 degrés. Ils vont souvent courir dans des espaces très dégagés. Pendant la journée les températures risquent de monter très rapidement. Cela devrait aller, depuis quelques jours en France les températures ont été un peu plus élevées donc le corps aura eu le temps de se préparer.
Découvrez le PARCOURS des Championnats du Monde
Nous avons appris le forfait de Nicolas Martin pour ces championnats, pouvez-vous nous apporter des précisions ?
Oui effectivement Nicolas est forfait pour les championnats du monde, tout comme Cédric Fleureton et Caroline Chaverot. Caroline est hors de forme. Cédric a une tendinite, il a espéré longtemps la soigner mais il n’a pas réussi à s’en séparer malheureusement. A la fin de notre stage Nicolas a ressenti une douleur surement liée à une chute de ski cet hiver et à un gros cycle de travail effectué durant trois semaines. Après un bilan médical le verdict est tombé : fracture de fatigue et donc forfait pour le championnat du monde.
Nous ne serons pas les seuls à avoir des blessés, toutes les nations seront dans la même situation.
Sylvain Court, qui était remplaçant sur la liste initiale, se voit donc projeter titulaire ?
Compte tenu des circonstances et de la confiance qu’on lui accorde, il sera bien évidemment titulaire oui. Le classement par équipes se fait sur 3 coureurs, on part donc avec 5 coureurs côté masculin : Ludovic Pommeret, Sylvain Court, Sébastien Spehler, Romain Maillard et Adrien Michaud.
La sélection féminine sera au complet ?
Malheureusement Caroline Chaverot ne sera pas là mais la championne du monde 2017 Adeline Roche, la vice-championne du monde Amandine Ferrato, Nathalie Mauclair, Sarah Vieuille, Lucie Jamsin, Claire Mougel forme une équipe qui a fière allure.
Quels sont les objectifs de l’Équipe de France pour ces Championnats du Monde ?
Podiums individuels recherchés évidemment et des médailles par équipes. L’année dernière, les garçons avaient terminé 2ème et les filles l’avaient remporté. On ne peut pas envisager moins que la gagne c’est certain.
Les premières places vont être très disputées, un petit mot sur la concurrence ?
Nous irons en terre espagnole, ils s’impliquent vraiment depuis deux ans sur ces championnats avec une véritable équipe nationale. L’année dernière c’était un format court, ils ont été très fortset là bien évidemment ils vont vouloir obtenir le meilleur résultat chez eux sur un parcours qu’ils connaissent bien. L’effet courir à domicile peut jouer. Après, sur une telle distance il peut se passer beaucoup de choses.
La victoire finale se jouera aussi avec les Américains, qui arrivent avec une équipe amputée de deux coureurs pouvant prétendre au podium mais leur équipe reste belle. Généralement ils partent vite donc il y aura une grosse incertitude tout au long de la course. L’année dernière, ils ont pris un gros départ et ils n’ont pas tenu, la bataille pour le podium va être belle.
Un petit mot sur l’Ultra Trail du Mont Blanc, en Août prochain ?
Ce sera un rendez-vous incroyable comme toutes les années avec Xavier Thévenard, François D’Haene, Kilian Jornet. L’UTMB, c’est le phare du Trail en France et à l’échelle internationale. Le paysage, les émotions des coureurs à l’arrivée font de cet ultra trail un événement majeur pour tous les traileurs du monde entier.
Comment vous voyez l’évolution du Trail par rapport à la course sur route ?
J’ai une réponse assez simple. Une grande majorité des coureurs sur route qui sont coureurs sur route depuis un long moment ont déjà fait du Trail, environ deux tiers. La discipline continue de séduire, d’attirer de plus en plus de monde sachant que la course à pied, dans son ensemble, est une pratique de personnes qui restent fidèles à leur pratique. Cela produit de la bonne santé donc à un moment ou un autre ils auront une envie d’aller courir en nature, découvrir de nouvelles sensations et nouveaux espaces.
Avez-vous des conseils pour des jeunes ou moins jeunes qui souhaitent se lancer dans cette discipline ?
La chose à retenir, c’est d’y aller progressivement. Si vous commencez par un Ultra, vous allez être très vite choqué physiologiquement. Activer tous les paramètres nécessaires à la pratique du Trail : travailler son renforcement musculaire, son gainage, travailler la lecture de terrain afin d’anticiper au mieux l’impact des montées et descentes. Trouver le bon équilibre, la foulée efficace et économique. Attention à ne pas travailler que l’endurance. L’objectif pour les plus jeunes sera avant tout, de s’amuser sur des parcours courts et aller de la qualité vers la quantité. L’inverse sera quasiment impossible.