Guillaume Ruel de bout en bout
Avec un peloton composite fait de triathlètes, de traileurs, de marathoniens et de quelques spécialistes de la distance, la course s’annonçait ouverte et passionnante, tant chez les hommes que chez les femmes, même si la densité était du côté des masculins.
Au km 20,81 les temps de passage sont hallucinants et tous les favoris sont là : Ruel, Clavery, Duquesnoy (2h22 au marathon d’Annecy), Kerbourc’h, le recordman de l’épreuve Bellanca, Nison (7h02 en 2021), le triathlète et traileur Mirassou, les frères Dubreucq en spécialistes locaux, le traileur du Beaujolais Yann Nourry… et tous entre 1h18 et 1h26, soit de 16 à 14,5 km/h.
Mais dès les premiers hectomètres, le coureur le plus rapide a mis les voiles. Crédité de 2h20 sur marathon, le jeune Guillaume Ruel, pas encore 24 ans, avait bien préparé son affaire avec des semaines à plus de 200 km et une sortie spécifique de 55 km.
En passant en 2h35 sur marathon, il possède déjà 9 min d’avance sur Erik Clavery et Karim Boudjemai. Jusqu’au marathon, il maintient des vitesses supérieures à 16 km/h.
Puis le rythme va s’infléchir un peu sur les 90 minutes suivantes où il évoluera entre 15 et 16 km/h. le deuxième marathon est couvert en 2h52. la fin sera difficile musculairement avec des vitesses autour des 12 km/h mais le triomphe est là avec le titre et le record de l’épreuve en 6h42’48, soit une moyenne de 14,9 km/h. La marge de progression est certainement grande pour cet athlète, notamment en termes de gestion des allures.
Derrière Guillaume, il y a eu beaucoup de changements en début de course, mais Erik Clavery, originaire de la Manche comme Guillaume, a toujours tenu le cap pour se retrouver seul en deuxième position sur les 50 derniers kilomètres. Il accomplit son deuxième marathon en 2h57 et termine en 6h57’08, une performance là aussi perfectible car la course a été préparée tardivement en raison des changements de planification dans cette saison perturbée.
Pour la troisième place, l’indécision fut totale jusqu’au bout. Dans les 20 derniers kms, ils sont 3 à se disputer cette place sur le podium : l’Espagnol Juan Antonio (qui ne compte pas pour le France), le triathlète-traileur de Pau Jérôme Mirassou, et le traileur du Beaujolais Yann Nourry. A 2 km du but, l’espagnol porte une attaque, suivi de près par le palois qui va malheureusement coincer 500m plus loin victime d’une hypoglycémie. Au final, Yann Nourry conquiert le bronze en 7h07’52, belle performance pour une première tentative.
Voici sur le graphique ci-dessous le pacing de Yann. Les temps par km augmentent fortement à partir du km 65. Au 25ème km et au marathon, les écarts sont dus à des pauses pipi. Ensuite, l’augmentation des chronos est due à la fatigue mais également à des problèmes gastriques qu’il faudra résoudre.
Le 4ème vient échouer à 52 secondes du podium mais peut se consoler avec une belle performance en 7h08’44.
Le départ a pu être fatal pour de nombreux coureurs. Quelques-uns des favoris comme Bellanca, Nison et Duquesnoy ne dépasseront pas la mi-course. Espérons que ces athlètes pourront faire leur preuve à Belvès pour espérer rejoindre la sélection française en 2022.
Camille Chaigneau si proche du record de France
Chez les femmes, la course fut également passionnante. Partie sur des chapeaux de roue, l’internationale de triathlon, la Néerlandaise Irène Kinnegim a mené la course pendant plus de 86 kilomètres. Partie plus raisonnablement, Camille Chaigneau, la jeune dijonnaise de 34 ans, athlète multi-fonctions (piste, route, trail), va la dépasser sur les derniers kilomètres pour s’imposer en 7h28’58, à 2 minutes du record de France de Laurence Klein, et à la moyenne de 13,36 km/h.
Une marque perfectible pour cette athlète qui découvre la discipline comme Guillaume Ruel. La deuxième place est prise en 8h01 par Stéphanie Gicquel, championne de France des 24 heures, et le podium est complété par Sophie Le Béhérec en 8h13’20
Résultats issus du site : http://100kmdelasomme.com/
La responsable des équipes de France, Laurence Klein, ne peut que se satisfaire de voir 2 jeunes athlètes (24 et 34 ans) s’imposer sur cette discipline qui a du mal à exister dans l’hexagone.
D’ici Berlin en août 2022, les prochains mondiaux, les athlètes qui ont performé dans la Somme, et ceux qui performeront à Belvès l’année prochaine, devront affûter leurs armes pour affronter des nations majeures comme le Japon ou les Etats-Unis. Mais ce vent de renouveau annonce de beaux lendemains.