Chaleur : comment optimiser nos stratégies de cooling ?

On recommande souvent – si ce n’est toujours – d’expérimenter une stratégie de compétition de façon précoce, durant les semaines d’entraînement qui la précèdent.
Nous sommes donc actuellement en phase idéale pour s’adonner à quelques essais avant l’arrivée des prochaines vagues de chaleur et de leurs effets sur la baisse des performances.

Les futurs Jeux olympiques de Tokyo devraient être les plus chauds de l’histoire moderne.

Pour y prévenir la baisse de performance par rapport à des conditions ambiantes tempérées, et limiter le risque de coup de chaleur à l’effort qui accompagne les vagues de chaleur, l’acclimatation (en milieu artificiel) ou acclimatisation (en milieu naturel) à long terme (~10 à 14 jours) est la stratégie de référence.

 

Elle a notamment l’avantage de permettre une bonne gestion de la charge d’entraînement puisque l’organisme du sportif s’adapte – autrement dit, se « fatigue » – dans les semaines qui précèdent la compétition. Ce qui le préserve lors de ses derniers jours d’affûtage.

 

Les stratégies de refroidissement, dites de « cooling », doivent servir le sportif en complément de celles d’acclimatation – et non en substitut. Ceci car certains de leurs effets interagissent pour alors s’amplifier. Ces stratégies de refroidissement sont plurielles et peuvent intervenir :

  • En pre-cooling : appliquées avant l’épreuve
  • En per-cooling ou mid-cooling : appliquées durant l’épreuve
  • En post-cooling : appliquées après l’épreuve

 

Leurs effets sont variés, avec notamment la recherche unique ou combinée de :

  • Baisse de la température centrale
  • Baisse de la température de la peau
  • Baisse de la température musculaire

 

Et pour obtenir ces effets, les stratégies de cooling peuvent être appliquées de manière :

  • Externe (sur la peau) : bain froid, gilet froid, serviette froide, ventilateur…
  • Interne (donc ingérée) : glace pillée, eau froide, rinçage de bouche

 

Aujourd’hui, on connait les effets bénéfiques de ces stratégies sur les performances intermittentes typiques des sports collectifs, ou celles d’endurance comme la marche ou le demi-fond.

À l’inverse, on sait aussi qu’elles ont tendance à avoir un effet négatif sur les performances explosives, comme le sprint ou le lancer – en raison du refroidissement musculaire qu’elles induisent.

 

Malgré ces connaissances, l’idée de savoir lesquelles adopter, et à quel moment lors d’une compétition – autrement dit « optimiser » – reste affaire de prise de position. C’est face à cette problématique qu’un groupe de chercheurs anglais-australien-canadien a souhaité guider la mise en œuvre concrète de ces interventions de cooling pour les sportifs amenés à performer en chaleur (>28°C).

 

En voici l’infographie :

  • En orange, de la gauche vers la droite : utilisation des différentes stratégies de cooling pour une épreuve de marche de 50km
  • En bleu, de la droite vers la gauche : utilisation des différentes stratégies de cooling pour un match de rugby à 7

 

Cooling

 

La chaleur n’est néanmoins pas une problématique spécifique à l’élite sportive ; c’est un challenge pour tous notamment sur des épreuves où la convection est faible (ex : course à pied) et la distance est longue.

C’est précisément la raison pour laquelle la mise en œuvre des stratégies proposée ci-dessus doit faire l’objet d’un transfert vers la pratique amateur – d’autant que, comparativement à des élites pour lesquels la vitesse de course est élevée, un amateur passera plus de temps sous la chaleur, et bénéficiera aussi d’une moindre convection.

 

En termes d’enjeu, rappelons que l’usage du cooling améliore en moyenne la performance de 2% à 6% (contre une dizaine de pourcent pour l’acclimatation), ce qui est loin d’être négligeable même pour des épreuves de quelques dizaines de minutes.

Au-delà de la performance, c’est par ailleurs le risque de coup de chaleur et toute la décadence psycho-physiologique qui l’accompagne, qui sont minorés.

 

Source : Taylor et al. BJSM (54), 2020

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