Ma grande randonnée en Catalogne avait bien commencé, avec des paysages splendides jusqu’à la ville d’Artès, d’où je repars seul (ma jolie bretonne qui m’avait accompagné jusque-là a dû repartir) vers le monastère de Montserrat. Je distingue de mieux en mieux, au loin, la silhouette fantasmagorique de la falaise qui l’abrite. Mais le paysage qui m’entoure n’est pas mal non plus : je chemine longtemps tout au bord d’une jolie rivière, creusant une gorge peu profonde. Tout est calme, c’est dimanche et je croise dans cet endroit bucolique de nombreux joggers, vététistes et promeneur. Il fait bon marcher. Peu avant Manresa, une belle plaine me fait découvrir un splendide panorama jusqu’aux Pyrénées. Je stoppe à Manresa, l’après-midi se passe en repos et visite de la ville.
Le lendemain, je repars en direction de la montagne de Montserrat. Qui se rapproche petit à petit. Là encore, le sentier est très agréable et les vues superbes.
Les derniers mètres sont assez raides avant d’atteindre le monastère, mais le décor fait oublier la fatigue. La falaise est proche, mais de l’autre côté je peux aussi admirer de très belles vues sur les Pyrénées. Si le temps avait été encore plus clair, j’aurai même eu une chance de voir la mer. Mais c’est déjà très beau. J’atteins le monastère un peu plus tard.
Montserrat : le haut lieu de la Catalogne.
Le site est plutôt impressionnant, des sculptures de pierres qui se confondent presque avec le monastère construit au bord de la paroi rocheuse. L’architecture de la basilique n’est cependant pas très belle. Détruite par Napoléon, elle fut reconstruite en 1930. Mais l’endroit reste très intéressant à visiter et je suis guidé par une conférencière qui m’explique toute l’importance symbolique de la statue de la vierge trouvée ici par des enfants au VIIIe siècle selon la légende, pour les catalans qui se sont tous cotisés pour lui offrir, au début du XXe, un nouveau trône.
Le soir, je dîne à l’hôtel près du monastère mais dors à l’auberge de Pèlerins. C’est d’ailleurs ici que je rencontre les premiers marcheurs de mon parcours. Il faut dire que la plupart des pèlerins catalans partent de Montserrat. C’est dommage au vu de la beauté du parcours avant.
La grande plaine de la Segarra
La suite est cependant encore plaisante, en redescendant la montagne jusqu’à Igualada. Ensuite, cela se corse un peu au niveau du paysage. Après Igualada, je longe longtemps une autoroute, certes je marche sur une piste cyclable tout à fait protégée mais tout de même, le contraste est un peu rude!
Heureusement, après le hameau de bord de route de la Passerella, je retrouve un sentier. Et de la compagnie : Jésus, un membre très actif de l’association locale des chemins de St Jacques, est très gentiment venu m’accompagner sur les dix derniers kilomètres de mon parcours du jour, 40 kms tout de même.
Nous traversons une campagne agréable, sur la grande plaine agricole de la Segarra, jusqu’à la ville historique de Cervera, célèbre pour son université, ses sorcières (elles ont une rues et une grande fête populaire chaque année) et pour avoir abrité le tout premier parlement catalan au moyen-âge. Ce soir, avant de dîner avec mes nouveaux amis du chemin, je visiterai les intéressantes rues du centre-ville.
Course contre la pluie
Le lendemain matin, je suis moins pressé de partir rejoindre le chemin à travers la campagne : il pleut à verse. Néanmoins, je brave les éléments et c’est souvent au pas de course que je vais boucler l’étape du jour. J’arrive dans un petit bourg où l’auberge des pèlerins est modeste – un vestiaire de foot aménagé- mais l’accueil du Café Modern, qui gère les clés, est tout à fait chaleureux. J’y passe d’ailleurs toute la soirée, en attendant que la pluie cesse.
Il ne me reste plus qu’une étape pour atteindre le but final de mon voyage, après 13 jours de marche. Une grosse trentaine de kilomètres, pas vraiment plaisante entre plantations et zone industrielle, mais l’arrivée dans la ville de Lleida est tout de même belle. Le site, couronné par la Seu Vela (l’ancienne cathédrale) et ses fortifications, domine la plaine.
C’est ici que s’achève mon voyage sur le Cami de Sant Jaume. Le chemin vers St-Jacques, qui se confond d’ailleurs, en sens inverse, avec celui de Saint Ignace depuis Montserrat, se poursuit bien entendu en direction d’abord de Saragosse, mais ça sera pour une autre fois. Pour le moment, je savoure cette arrivée, en montant jusqu’à la porte de la Seu Vela. Les rues qui y mènent ne sont pas dans un état extraordinaire mais enfin, le site est très beau.
C’est là que me rejoint un instant plus tard Miquel, conseiller en tourisme de la région, qui me raccompagne, en voiture cette fois, jusqu’à Barcelone. En chemin, il me montre le lac de l’Estany d’Ivars, que je n’avais pas vu la veille sous la pluie battante, puis nous nous arrêtons à Cervera pour dîner. C’est jour de fête et la ville montre un autre visage, bien plus animé. De quoi terminer ce voyage avec le sourire et l’envie de retourner vite randonner en Catalogne !
Plus d’informations sur l’Estany d’Ivars :
http://www.lleidatur.com/Tourisme/Visite/LEtang-dIvars-et-Vila-sana/111.aspx
Sur la Seu Vella :
http://www.turoseuvella.cat/le-monumental/seu-vella