Lepape-info : Blandine, que ressentez-vous après ce 2ème titre mondial consécutif ?
Blandine L’Hirondel : Beaucoup de satisfaction, de joie et de fierté. Ce titre a une saveur différente que celui obtenu de 2019 où j’étais outsider, je n’avais pas la pression, au départ je ne me posais pas trop de questions et ma victoire fut un peu plus facile qu’aujourd’hui. Là j’étais très attendue, il a fallu appréhender le statut de favorite. Vu mon palmarès maintenant dès que je prends le départ d’une course je suis l’une des favorites je le sais.
J’avais la pression car ce championnat du monde faisait partie des 3 objectifs de ma saison avec le championnat d’Europe de trail que j’ai gagné comme la CCC (100 km de l’UTMB) à Chamonix. À chaque fois il y a de la pression parce qu’on a fait le travail pour, on a envie de bien faire. Quand je suis arrivée ce matin sur la ligne de départ, cela m’arrive rarement mais j’avais la petite boule au ventre.
Blandine L’Hirondel : « Je préfère les courses où je suis devant et loin devant. C’est plus reposant mentalement et physiquement parce que l’on peut souffler un peu quand cela ne va pas très bien… J’ai l’impression d’avoir couru tout le temps à fond comme si j’avais fait un 20 km ou un 40 km sauf que là c’était un 80 km. »
Lepape-info : La course pour le titre fut âprement disputée
Blandine L’Hirondel : Ce fut vraiment dur, ce fut une bataille contre moi-même et quasiment toujours à la bagarre contre la Suédoise Ida Nilsson très solide sur les 40-50 premiers kilomètres. Je l’avais en visu, j’essayais de la suivre mais je n’ai pas trop l’habitude de faire des courses en mode « bataille » avec une autre fille. Je suis vraiment allée chercher ce titre avec mes tripes. A 15-20 km de l’arrivée soit c’est moi qui a eu un regain d’énergie, soit c’est elle qui a eu une légère défaillance dans la dernière montée mais j’ai pu revenir à sa hauteur, la doubler. J’ai serré les dents à la fin de la montée et la descente, je ne pouvais pas faire mieux, j’ai tout donné.
Lepape-info : Malgré le scénario de course, vous avez relevé le défi
Blandine L’Hirondel : Je préfère les courses où je suis devant et loin devant. C’est plus reposant mentalement et physiquement parce que l’on peut souffler un peu quand cela ne va pas très bien. Là je savais que la Suédoise était forte et qu’elle était devant pas parce qu’elle était partie trop vite comme cela peut arriver parfois avec certaines concurrentes. J’ai l’impression d’avoir couru tout le temps à fond comme si j’avais fait un 20 km ou un 40 km sauf que là c’était un 80 km. Avec les conditions climatiques il fallait être en pleine possession de ses moyens, il faisait chaud et humide. J’arrive bien à m’acclimater, à m’habituer, je ne souffre pas trop de la chaleur en général. Normalement je ne bois pas trop en course, là je savais qu’il fallait que je sois vigilante, je me suis bien nourrie, bien hydratée et au final je n’ai pas le sentiment d’avoir trop souffert.
Blandine L’Hirondel : « Je cours pour moi, pour mon plaisir mais je cours aussi beaucoup pour les autres et de voir tous les gens pendant la course qui me suivaient, qui me supportaient sans oublier le staff aux petits soins, la Fédération Française d’athlétisme qui a mis les moyens pour nous mettre dans de bonnes conditions, je suis sur mon petit nuage qui s’appelle bonheur. »
Lepape-info : Une heure après votre arrivée, vous commencez à réaliser ?
Blandine L’Hirondel : Pendant une demi-heure j’ai eu du mal à me remettre de mes efforts, j’avais mal aux jambes. À présent je suis sur mon petit nuage avec ce sentiment de plénitude, du devoir accompli. Je suis d’autant plus heureuse de cette médaille d’or que nous avons eu aussi le titre mondial par équipes chez les filles grâce aux performances d’Audrey Tanguy (6ème) et Marion Delespierre (7ème). Une superbe équipe de France avec un super encadrement. Je suis vraiment très contente parce que je cours pour moi, pour mon plaisir mais je cours aussi beaucoup pour les autres et de voir tous les gens pendant la course qui me suivaient, qui me supportaient sans oublier le staff aux petits soins, la Fédération Française d’athlétisme qui a mis les moyens pour nous mettre dans de bonnes conditions, je suis sur mon petit nuage qui s’appelle « bonheur ».
Lepape-info : La moisson de médailles fut belle pour l’équipe de France
Blandine L’Hirondel : C’est génial, Nicolas Martin termine 2ème en trail long, les garçons terminent 2èmes par équipes en trail court, les filles en or avec moi ont fait le boulot avec une superbe arrivée main dans la main d’Audrey Tanguy et de Marion Delespierre, elles ont fait toute la course ensemble c’est magnifique. Les autres filles de l’équipe de France derrière ont mouillé le maillot, elles se sont accrochées. On ressent cette fierté de porter ce maillot qui nous transporte et d’aller jusqu’au bout. À un moment quand je n’étais pas en tête, je me suis dit ne lâche pas parce que cela se joue aux temps pour le classement par équipes, on avait la médaille d’or en ligne de mire.
Lepape-info : Ce lointain voyage en Thaïlande restera un beau souvenir
Blandine L’Hirondel : Oui même sans courir, ce voyage aurait été beau. On a eu la chance d’arriver il y a 2 semaines mais pas eu le temps de beaucoup visiter. C’est la fin de saison, j’ai beaucoup voyagé, j’ai envie de rentrer chez moi dans ma nouvelle maison. Je ne connaissais pas la Thaïlande, je suis contente d’avoir pu au moins découvrir la culture de ce pays, les habitants, l’ambiance.
Lepape-info : Avez-vous déjà des projets de futures courses ?
Blandine L’Hirondel : Non rien d’encore bien établi. Mon coach m’a dit de laisser passer les championnats du monde, rien ne presse. J’avais envie d’autre chose cette année et je me doutais que j’arriverais à m’exprimer sur du plus long. Ma saison confirme que je m’exprime mieux sur le plus long sans parler d’ultra. J’aspire à tendre vers le plus long même si l’ultra est vraiment différent.