Lepape-info : Benjamin Maze, quelle est votre première réaction au report officiel des Jeux Olympiques 2020 ?
Benjamin Maze : C’est une annonce que l’on attendait, que l’on souhaitait, que l’on appelait du côté de l’encadrement de l’équipe de France de triathlon et de paratriathlon et aussi des sportifs. Jusqu’à ce jour tant que les Jeux étaient maintenus il fallait pouvoir être performant dans moins de 150 jours à Tokyo pour les Jeux dans un contexte de confinement et de situation sanitaire critique exceptionnelle. C’était quasiment un peu indécent d’avoir toujours cette pression des Jeux qui est l’objectif d’une vie, d’une carrière sportive. Des années et des années se jouent là-dessus, les sportifs étaient très concernés dans une situation très particulière et c’est donc un ouf de soulagement d’avoir enfin cette annonce.
Lepape-info : Vous avez une préférence pour le report ? L’été 2021 ou avant si c’est possible ou envisagé ?
B.M : Pour une discipline comme la notre, le triathlon qui est un sport aérobie le mieux serait un report à l’été 2021. On prend éventuellement les mêmes dates, même lieu en rajoutant un 1 à la fin … Tokyo 2021. En fait, cette saison 2020 est utilisée pour se préoccuper d’une chose, la situation sanitaire mondiale. À partir du moment où le cas du coronavirus sera réglé on pourra enfin reparler de sport et donc cela enlève aussi toute pression aux sportifs qui doivent aujourd’hui avoir pour seule priorité d’être confiné, de respecter scrupuleusement les consignes du gouvernement. Plus tôt on pourra reprendre le sport mieux ce sera pour tout le monde, cela voudra dire que l’on a réglé ce problème mais à mon sens le mieux est de viser l’été 2021 comme cela on pourra se projeter sur une nouvelle préparation.
Benjamin Maze : « Plutôt que d’aller nager ils font de l’élastique dans leur jardin, plutôt que de rouler ils font du home trainer. S’ils veulent courir ils sont au courant des nouvelles règles annoncées hier … Certains ont cassé leur Livret A pour acheter un tapis roulant, l’adaptation, l’innovation sont des qualités essentielles pour un sportif de haut niveau. »
Lepape-info : Avec les premiers reports de triathlon puis le confinement, cela devenait compliqué pour les triathlètes de se préparer correctement ?
B.M : Tant que la Fédération Internationale de triathlon n’avait pas annoncé le gel des compétitions jusqu’à fin avril c’était compliqué. Après l’annulation de l’étape WTS d’Abu Dhabi au début du mois il a fallu envisager l’obtention de quotas olympiques sur d’autres rendez-vous à Sarasota en Floride, au Brésil, en Amérique Latine. C’était la course à l’adaptation tant que le calendrier n’était pas gelé il y’avait des points attribués avec des enjeux, les quotas, une zone d’ombre sur la visibilité du calendrier. Il était temps le week-end dernier que la Fédération Internationale de triathlon sonne la fin de la récréation sportive, c’était peut-être même un petit peu tardif. Maintenant nous savons qu’il n’y a plus de compétition au moins jusqu’à fin avril. L’étape WTS de Leeds (Grande-Bretagne) prévue en juin est annulée. Il y’a des doutes sur le maintien de celle de Yokohama (Japon), si elle avait lieu reste a savoir dans quel état serait les triathlètes à court de préparation. Du coup il restait l’étape de Hambourg (Allemagne) le 12 juillet comme seule vraie compétition internationale avant les Jeux, cela n’avait pas de sens. Nous verrons en tant utile le programme de compétitions.
Lepape-info : Avant ce report des Jeux Olympiques, quelles étaient les dernières nouvelles que vous aviez des triathlètes et paratriathlètes de l’équipe de France ?
B.M : Vendredi dernier, j’avais réuni à distance les triathlètes olympiques et pas plus tard que ce matin les paratriathlètes ils ont bien conscience de cette crise sanitaire et que le plus important est de participer à l’effort de limiter la propagation du coronavirus, certains étant même touchés au sein de leur famille ou proches. Ils comprennent qu’il y’a quelque chose de bien plus important que des faits sportifs qui est en train de se jouer en ce moment. Ils jouent le jeu du confinement, je leur avais demandé très rapidement d’arrêter tout entraînement sur la route. Ils font le dos rond et ils s’adaptent. Plutôt que d’aller nager ils font de l’élastique dans leur jardin, plutôt que de rouler ils font du home trainer. S’ils veulent courir ils sont au courant des nouvelles règles annoncées hier en respectant la distance de 1 km autour de chez eux. Certains ont cassé leur Livret A pour acheter un tapis roulant, l’adaptation, l’innovation sont des qualités essentielles pour un sportif de haut niveau. Ils tachent d’utiliser cette période particulière à bon usage parce que quoi qu’il arrive les séances faites aujourd’hui seront capitalisées pour leur condition physique. D’autres choses peuvent êtres travaillées comme la préparation mentale, physique, la nutrition, la récupération ou encore l’apprentissage de l’anglais car les briefings d’avant-course internationales sont en anglais. Ils ont le moral et on tente de focaliser leur attention sur le jour après jour, il faut éviter de trop se projeter tout ce qui est pris est bon à prendre.
Lepape-info : Passer un message positif en attendant le retour des compétitions, c’est important
B.M : Oui nous n’avons pas de visibilité pour la reprise, il pourrait pourquoi pas y’avoir une orientation vers un championnat du monde sur une seule course pour désigner un champion du monde au lieu du circuit WTS. Nous verrons cela viendra en son temps. Pour l’instant on se confine, on entretient ce que l’on peut entretenir au niveau physique, le plus important est de vite régler ce problème sanitaire du coronavirus. Après nous reviendrons dans ce qui nous passionne et qui nous anime au quotidien à savoir la performance et un projet sportif mais pour l’instant tout ceci est bien secondaire.