Lepape-info : Baptiste, comment se présente le défi de ce week-end ?
Baptiste Robin : J’ai terminé ma semaine de travail en tant que paysagiste, je suis monté à Chamonix pour rejoindre Martin, Grégoire et l’équipe de tournage. Séance photos, vidéos, repos, sieste et un dernier petit footing ce vendredi avant le départ samedi matin à 4h depuis l’église de Chamonix. Tout le monde est prêt, nous avons chacun un assistant, moi c’est mon coach, Martin c’est sa copine, Grégoire c’est son frère plus les accompagnants prévus tout au long du week-end notamment pour les 5 ravitaillements autorisés en plus de l’équipe de tournage.
Lepape-info : Ce défi nécessite une véritable organisation logistique
B.R : Au départ nous avions prévu avec Grégoire une petite expédition en off pour pallier l’annulation de la Pierra Menta (prévue initialement du 3 au 5 juillet). Ensuite nous en avons parlé à nos sponsors respectifs, l’info a circulé sur les réseaux sociaux. Martin nous a envoyé un message pour nous dire qu’il était très motivé pour venir avec nous. Le connaissant avec son palmarès, sa gentillesse nous avons tout de suite dit oui. Après des discussions en visioconférence, puis les entraînements ensemble après le confinement, le feeling est bien passé et on a décidé de le faire à 3. Les médias se sont emparés du projet, nos sponsors ont mis des moyens pour filmer notre aventure et du coup il y’aura un film documentaire autour de cette traversée.
Baptiste Robin : « Quel traileur passionné ne rêve pas de passer 30 heures avec des potes à courir en montagne en étant déconnecté et en oubliant tous ses problèmes du quotidien ? Nous avons la chance de pouvoir le faire physiquement, nous sommes des privilégiés. »
Lepape-info : Chamonix-Briançon, vous allez rallier 2 lieux mythiques du trail et de l’alpinisme.
B.R : Oui complètement, Grégoire est de Chamonix, moi et Martin adorons également cet endroit avec notamment de très bons souvenirs de l’UTMB. Et puis Briançon nous parle aussi forcément, Martin est de Vallouise (Hautes-Alpes), ma femme est de Briançon, je connais très bien le coin aussi, cela m’a toujours trotté dans la tête de faire cette traversée. Il a fallu bien sur s’entraîner, après le confinement c’était plus facile nous avons pu faire des séances ensemble, pour ma part je suis arrivé à faire 120 km par semaine avec environ 7 000 à 8 000 m de dénivelé tout en conciliant mes sorties avec mon travail de paysagiste et ma vie de famille étant papa de jumeaux de 2 ans.
Lepape-info : L’un de vos objectifs du week-end est de battre le record de 37h51’39, voire de lui mettre une claque ?
B.R : Non cela serait prétentieux de dire cela. Mon palmarès est moins fiable que ceux de Grégoire et Martin, nous voulons avant tout nous faire plaisir et arriver au bout tous les trois. Nous sommes des compétiteurs, nous regarderons le chrono à Modane voire un peu avant, si nous pouvons améliorer ce chrono voire mieux nous le ferons, nous visons quelque chose. Nous avons estimé que nous pouvions faire cette traversée en 32 heures. La complexité de ce défi est que nous sommes trois, il faudra s’adapter avec la forme de chacun, nous verrons au fur et à mesure de l’avancée.
Lepape-info : Comment allez-vous gérer ce défi à trois ?
B.R : Nous espérons que nos coups de moins bien arriveront en décalé, nous avons nos techniques pour parer à cela moi j’ai besoin de boissons énergétiques à tous les ravitaillements pour rester vaillant. Nous allons jouer la transparence entre nous, nous allons communiquer. Dès que l’un de nous se sentira moins en forme, il le dira et on lèvera le pied pour pas que cela impacte le trio. Pour le sommeil, nous avons songé à une micro-sieste de 20 à 30 minutes s’il le faut mais sinon si nous ne sommes pas fatigués nous ferons les 200 km d’une traite avec quand même des arrêts plus longs à Val Fréjus et Névache avant une partie plus technique jusqu’à Briançon.
Lepape-info : Côté météo, cela se présente bien ?
B.R : Oui un grand beau temps est annoncé avec 26 degrés en plaine, les conditions semblent optimales pour courir. Nous partons chacun avec un sac à dos d’environ 3 kg avec un litre et demi d’eau pour assurer le coup entre chaque ravitaillement. Il n’y en a que 5 sur 200 km il faut être autonome et avoir du stock en eau.
Lepape-info : Quel est votre ligne de conduite avant le départ ?
B.R : Du rire, du partage et aller jusqu’au bout ensemble. Il y’a de l’appréhension, de l’excitation nous avons hâte d’être sur la ligne de départ. Nous sommes des fondus de course et nous aimons aussi mettre en valeur en pratique sur le terrain les heures d’entraînement. Quel traileur passionné ne rêve pas de passer 30 heures avec des potes à courir en montagne en étant déconnecté et en oubliant tous ses problèmes du quotidien ? Nous avons la chance de pouvoir le faire physiquement, nous sommes des privilégiés.
Lepape-info : Êtes-vous déjà parti sur un défi de la sorte à plusieurs ?
B.R : Non c’est une première que ce soir avec des amis ou pour ce qui est de la distance. Grégoire a plus l’habitude des très longues distances que moi, Martin est aussi un habitué avec notamment la Diagonale des Fous. Mes formats sont plus entre 50 et 100 km d’où cette petite part d’appréhension. Je suis prêt psychologiquement à forcer, à un moment nous aurons tous mal aux jambes et c’est la tête qui parlera, de ce côte là j’ai un bon répondant.
Lepape-info : En vous entraînant ensemble, vous avez appris à vous connaître
B.R : Par le passé, j’ai déjà passé beaucoup de temps sur les skis avec Grégoire, il connait mon côté chien fou à faire des départs rapides. Grégoire est plus une grande force tranquille qui sait être patient et très costaud sur la distance. Avec Martin nous avons beaucoup discuté, pris des apéros ensemble, c’est quelqu’un de très humble, très sympa et très talentueux (5ème de la Diagonale des Fous 2019, 12ème de l’UTMB 2019). J’ai beaucoup à apprendre à leurs côtés et c’est ce que je vais essayer de retirer de cette aventure ce week-end.
Lepape-info : Quel message voulez-vous passer à la communauté des trailers à travers ce défi ?
B.R : Un message de partage, le trail est une belle aventure seul mais à plusieurs, c’est aussi l’occasion de remercier la vie de pouvoir nous permettre de passer autant de temps en montagne et de faire ce sport très exigeant physiquement et mentalement. J’ai envie de dire allez-y, profitez-en, nous ne savons pas de quoi sera fait l’avenir, il faut croquer la vie à pleines dents. Pour avoir repéré le tracé cela va être un chouette moment de montagne.
2 réactions à cet article
Robin monic (la maman)
Bonne chance à tous les trois…. Faites vous plaisir…. Restez très prudents…. Pour ma part, je serais bien sûr dans le sac de Baptiste … Comme à toutes ses courses….. Lorsque je ne peux pas y assister…. C est une bonne complicité entre lui et moi…. Bonne course à chacun…. Profitez bien et bisous à mon fils…
Yves Carron
Bonjour Monique (et Bapriste). Bravo à mon ancien élève du Juvé pour ses exploits sportifs, et pour son grand cœur. J’ai vu qu’il allait bientôt courir pour un enfant malade. C’est quand, exactement ? Bises. Père Yves Carron, Le Juvénat de 1993 à 2015