Par un beau lundi de Pâques, étant à Paris et seul pour cette journée, je me suis dit que le moment était propice pour reprendre mes randonnées parisiennes et inaugurer une nouvelle série d’itinéraires proposés par un Topo-guide tout récemment publié par la fédération française de Randonnée.
Le temps n’est pas au beau fixe: le soleil est revenu après une matinée de tempête, mais le vent pousse encore des nuages de pluie, qui laisse s’abattre sur la ville de violentes giboulées. Je ne me décourage cependant pas et décide d’inaugurer cette nouvelle série par une balade à la découverte des villas et des rues pittoresques, souvent discrètes et presque cachées, des 19e et 20e arrondissement. Le départ est à deux pas de mon lieu de résidence, mais je n’ai pas encore fini, après un et demi de balade dans mon nouveau coin parisien, de tout découvrir. Il est vrai aussi que sans les tracés ingénieux de ces balades parisiennes, il serait difficile de tout découvrir.
Quartier de la Mouzaïa
Je me rends donc à pied – ce qui est chouette pour débuter une balade pédestre! – sur la place de Rhin et Danube. C’est une place aujourd’hui ornée d’un rond-point où trône une statue allégorique des deux fleuves, dans le nord du 19e arrondissement. C’est également le centre du quartier de la Mouzaïa, le premier lieu d’exploration de cette randonnée. Une exploration pleine de surprises et de variété: ce quartier, dont le nom évoque une bataille algérienne, fut à l’origine construit pour des ouvriers: de petites maisons, au départ toutes semblables, avec des jardinets, réunies en de petites ruelles. Ces ruelles sont appelées “villas”. Comme les lieux présentent quelques pentes, on y déambule entre volées d’escaliers et ruelles pavées.
Le charme des lieux, éclairé par un soleil éclatant à cette heure de la journée, est des plus bucolique: les jardinets, les maisons toutes différentes aujourd’hui (les propriétaires successifs y ayant apportés de nombreuses modification), jusqu’au noms poétiques ou marqués par un certain idéal disons, de gauche, de ces villas (“du Progrès”, Bellevue, Amalia…), tout invite à la balade. On se sent presque dans un cocon à l’abri des fracas de la grande ville, pourtant si proche puisque ce quartier est imbriqué dans de grands ensembles.
De villas en coins secrets
Un peu plus loin, après avoir franchi le croisement entre les rues de la Liberte, de l’Egalité et de la Fraternité, décidément cette promenade est marquée par les noms de rues, j’entre dans Ménilmontant. Le cimetière, installé sur le site de l’ancien château et qui marque l’un des points les plus hauts de Paris (128 m d’altitude s’il vous plaît!) est aujourd’hui fermé: il en sera ainsi également de tous les parcs et espaces verts que je vais croiser aujourd’hui. L’avis de tempête a condamné cet aspect de ma balade du jour. Heureusement, je connais déjà bien la plupart de ces parcs, qui me sont devenus assez familiers après un an de vie ici. Je ne serai donc pas trop frustré. Il est vrai que le vent, tempétueux ce matin, souffle encore fort.
Et puis au-delà des parcs (je vous conseille tout de même celui de Belleville, dont les pentes sont vraiment agréables) c’est surtout les petites ruelles, un “Paris secret” qui font le charme de cet itinéraire. Car au-delà de la Mouzaïa, je pénètre encore dans de nombreuses “villas”. Certaines ont vraiment du cachet: la villa Amélie, la villa Georgina, puis celle de l’Ermitage, qui semble habitée par des artistes et où l’on peut admirer quelques sculptures.
Je m’écarte parfois même du parcours “officiel” de mon topo-guide pour m’aventurer encore dans d’autres ruelles. Des maisons, des jardinets protégés par des grilles, des pavés et pas de voitures. Un vélo accroché à un réverbère, une vespa garée pas loin. On se croirait presque dans un coin de campagne tranquille. On se sent à l’abris. Je rêve un peu d’habiter là. Mais s’y promener aujourd’hui, avec la sensation de découvrir un Paris méconnu, c’est déjà bien.
Je rejoins Belleville et contourne le parc. La pluie puis la grêle m’oblige à me réfugier sous différents porches: le temps est encore aux giboulées. Une ou deux averses plus tard, je peux admirer un beau panorama sur Paris en haut du parc, au belvédère de Belleville. C’est sans doute une des plus belles vues sur Paris. Je cherche, sans succès, l’arc en ciel. Le soleil est en effet revenu.
Quelques pas plus tard, je pourrais en admirer un autre, que j’aime d’ailleurs détailler au cours de mes promenades quotidiennes: je grimpe les quelques marches qui mènent à la butte Bergeyre. Un drôle de petit quartier, cinq rues pavées construite de belles maisons sur quatre étages, du fait de la fragilité du sol (qui est un gruyère creusé de carrières de gypse). Il abrita, avant son lotissement dans les années 20, un parc d’attraction puis un stade. Aujourd’hui, c’est encore un de ces coins de Paris discret et charmant. La vue sur le Sacré-Cœur est imprenable.
Je redescends les marches de la butte pour atterrir en face d’une entrée du parc des Buttes Chaumont. Le parc est donc fermé mais je m’en contente, le connaissant très bien. Pour boucler la boucle, je remonte donc en longeant le parc (en principe, l’itinéraire le traverse) pour revenir à mon point de départ du jour, la place Rhin et Danube après une belle balade qui m’a fait encore découvrir des aspects très peu connus mais vraiment agréables des deux arrondissements du nord-est parisien. Entre les gouttes et malgré la tempête, j’ai aussi pu admirer quelques Sakuras qui donnaient une touche japonaise à cette balade parisienne.
Promenade entre la Mouzaïa et Ménilmontant : environ 8 km, très facile malgré quelques marches.
Attention à bien suivre les indications du topo-guide, c’est relativement tortueux. Sinon, vous pouvez aussi explorer un peu à votre guise les impasses et villas qui ne sont pas sur l’itinéraire!