Azeddine Habz vice champion d'Europe en salle du 1 500 m et médaillé de bronze sur 3 000 m - Crédit photo : KMSP / FFA

Azeddine Habz : « C’est une revanche sur la saison passée. »

Belle moisson pour l’équipe de France d’athlétisme qui a obtenu 8 médailles lors des Championnats d’Europe en salle à Apeldoorn (Pays-Bas).

Parmi ces 8 médailles, Azeddine Habz est devenu vice-champion d’Europe du 1 500 m avant d’aller chercher le bronze sur 3 000 m. Pour la première fois un athlète Français repart avec 2 médailles lors du même Euro indoor. Entretien.

Lepape-info : Azeddine, quel week-end de rêve avec ces 2 médailles  

Azeddine Habz : Je l’ai vécu comme un week-end de championnat, c’était la première fois où je m’alignais sur deux distances dans le même rendez-vous, c’était un défi. Avec les coaches on s’est dit que cela pouvait passer avec le 1 500 m en premier, que j’étais capable d’enchaîner les courses (série / finale), il fallait juste voir comment au fil des courses j’allais réagir physiquement mais aussi mentalement avec 4 courses au programme. Au final on a très bien fait, le résultat est là maintenant on va se projeter sur l’avenir avec les championnats du monde à Tokyo en septembre prochain.

Lepape-info : Avec la très belle saison hivernale avec des records de France du 3 000 m du 1 500 m et du Mile (même record d’Europe) lors des meetings de Boston et New-York, les indicateurs étaient positifs avant Apeldoorn

A.H : 2 courses, 3 records de France, on savait que j’avais les jambes, j’étais confiant mais on sait très bien qu’une course de championnat n’est pas comme celle d’un meeting au niveau de la tactique, parfois il y a des imprévus, certains athlètes poussent, coupent la route… Ce n’était pas gagné mais j’ai réussi ce pari avec toute mon équipe.

Lepape-info : Le moment préféré entre le 1 500 m et le 3 000 m ?

A.H : Je dirais le 3 000 m car j’ai vraiment fait une course sans faute, je suis resté à l’intérieur, j’étais relâché. À 600 m de l’arrivée, j’y croyais à moitié, je me suis dit qu’au pire je terminais 4e ou 5e, au fur et à mesure que l’on se rapproche de l’arrivée je crois de plus en plus à la médaille notamment à l’entame du dernier tour je compte sur ma vitesse de coureur de 1 500m. J’ai attendu le dernier 40 m à la sortie de virage pour donner tout ce que j’avais sans avoir de regret. Le fait d’avoir déjà eu la médaille sur 1 500 m’a aidé, je me suis dit que j’avais tout à gagner.

Lepape-info : La médaille d’argent du 1 500 m a boosté le reste du week-end

A.H : Oui même si l’enchaînement après la finale fut difficile, j’ai terminé à presque 22h après il y a eu le contrôle anti dopage, il a fallu rentrer, je n’ai pas beaucoup dormi comme souvent après une finale de championnat comme celle-ci. Après cette médaillé je me suis dit qu’il fallait que je reste concentré pour aller en chercher une seconde, je savais que je pouvais le faire. Enchaîner seulement 10 heures après avec la série du 3 000 au lendemain de la médaille sur 1 500 m je n’avais pas l’habitude, c’était une première pour moi, l’objectif était d’assurer une place dans le TOP 6 pour aller en finale, après j’avais plus de 24h de récupération pour faire une bonne course.

Lepape-info : Vous êtes le premier Français à obtenir 2 médailles dans le même championnat d’Europe en salle

A.H : J’en avais parlé avec mon entraineur Philippe Dupont avant la finale et je me souviens très bien qu’il m’avait que je pouvais être le premier Français à gagner 2 médailles et que je pouvais écrire l’histoire à mon niveau. J’y ai pensé dans le dernier 200 m où c’était vraiment dur, les mots de mon coach résonnaient dans ma tête. J’ai montré à tous les athlètes Français que c’était possible de doubler, d’aller chercher des médailles, j’en suis fier ainsi que tout le travail effectué avec les entraîneurs

Lepape-info : Jakob Ingebrigtsen qui réalise un 3e doublé consécutif 1 500 / 3 000 m en salle est sur une autre planète

A.H : Sur 1 500m où cela n’a pas couru spécialement vite c’était jouable, dans le dernier 200 m je me concentre pour essayer quelque chose, j’ai le Portugais Isaac Nader qui passe à droite et cela devient compliqué, dans le dernier 40 m Jakob remet une cartouche, il est costaud, on court contre un gars qui a le record du monde en salle du 1 500 m en moins de 3’30, mon record est 3’29 mais en plein air, c’est un autre niveau mais pour moi c’est une étape de validée, on verra dans 2 ans si je continue de progresser ce que cela donnera, il n’est pas imbattable sur 1 500 m on l’a vu avec Jake Wightman (champion du monde en 2022) qui a le même niveau que moi avec aussi un record en 3’29 en plein air.

Lepape-info : La saison en salle conclue en beauté avec Apeldoorn restera un moment où s’est produit un déclic ?

A.H : Le déclic a commencé aux Etats-Unis avec les meetings de Boston et de New-York, pour moi c’est une revanche sur la saison passée où j’avais très bien commencé puis ensuite malheureusement une blessure (au mollet) et je n’ai pas pu m’exprimer pleinement aux Jeux olympiques de Paris alors que je savais de quoi j’étais capable. J’étais quand même fier de ce que j’avais fait et cela m’a donné encore plus d’envie. On est reparti au travail en faisant les choses bien au niveau de la préparation (travail avec un ostéopathe, récupération, préparation physique, davantage de stages et de sorties longues). Au final, je repars avec 3 records de France (dont celui du 3 000 m battu peu après par Jimmy Gressier) et 2 médailles je ne pouvais pas espérer beaucoup mieux.

Lepape-info : Quel est le programme pour l’été à venir avec en ligne de mire les Mondiaux à Tokyo en septembre ?

A.H : Avec Philippe Dupont qui a l’habitude on va gérer comme lors des Mondiaux 2019 qui étaient fin septembre avec quelques meetings Diamond League et surtout beaucoup de travail pour être en forme au bon moment à Tokyo avec uniquement le 1 500 m.