Après un premier trail au mois de février à Gruissan, il me tenait à cœur de remettre un dossard pour pouvoir évaluer si mes séances d’entraînements concoctées par Jean-Pierre Monciaux porteraient déjà ses fruits. Je suis motivé, d’autant plus que, engagé sur 50km, à l’Ecotrail de Paris, le 19 mars 2016, je n’ai pu m’y rendre, ayant contracté une gastro entérite, la veille de la compétition.
Je me présentais donc pour 2 jours sur le Caux Austreberthe Trail, une épreuve organisée par l’athlétic club de Barentin. Son déroulement, une épreuve sur 2 jours et 4 étapes avec 45 km au total et 1 200m de dénivelé positif.
On a la possibilité de participer aux 4 étapes en intégralité ou par équipe de 2, chacun faisant 2 étapes. Un autre format propose un challenge sur les 2 étapes du dimanche et une dernière alternative permet aux participants de n’effectuer qu’une seule étape, hormis la 2ème étape qui est un contre-la-montre, exclusivement réservé aux participants des 4 étapes. Pour la 5ème édition, 96 inscrits individuels étaient donc prêts à en découdre dans une bonne ambiance famille tout au long du weekend.
1ère étape : Villers Ecalles, 12.6km et 336m de dénivelé
Mon but est de réitérer ma victoire lors de la première édition de 2012. Le départ sera rapide. Après quelques hectomètres, on voit déjà les forces en présence qui viseront le général. Je suis dans le groupe de tête de 6 unités. Je perds un peu de distance dans la première descente car mon cerveau se souvient de mon entorse et c’est un peu tendu que j’aborde les dénivelés négatifs, je suis dans une retenue à faire peur. Pas de soucis, je recolle aux groupes sans difficultés, la route est encore longue. Première ascension, je décide de garder mon allure, ce qui aura pour but d’éclater le groupe et de me détacher légèrement. N’ayant parcouru que 4 kilomètres, il n’est pas encore temps de fausser compagnie à mes amis du jour.
Je temporise donc à l’amorce du sommet. Deux concurrents vont alors me doubler et enchaîner tambour battant la descente suivante. Mince et mince, je ne peux descendre aussi rapidement, je vois encore les 2 premiers s’échapper petit à petit.
La course est lancée, je suis dans un groupe de 3 à la chasse derrière les 2 échappées, non loin. Première mésaventure, j’ai l’impression d’avoir croché un caillou dans la semelle de ma chaussure. Je tente de le retirer en traînant mon pied mais il s’accroche. Je suis dans l’obligation de stopper la course pour voir ce qui peut me gêner autant. Surprise, un clou est venu transpercer ma chaussure, et par chance il se logera entre l’orteil et la phalange. Je n’ose imaginer la conséquence s’il avait traversé mon pied… Bref, un petit arrêt au stand pour ôter ce clou de ma chaussure et c’est reparti mais j’ai une nouvelle fois perdu du temps bêtement.
Le temps de revenir à la chasse derrière le groupe de contre-attaque, dans une descente, ma cheville va vriller et craquer !! Douleur atroce !! Je me dis que mon weekend se termine là, au bout de 8 kilomètres. J’ai mal, je marche, je boite au moins 500 mètres, je perds beaucoup de temps, je passe en 7ème position et on m’annonce plus de 2 minutes de retard sur les 2 premiers.
Une fois chaud, la douleur oubliée, je repars énervé, je vais remonter les concurrents un à un, pour venir terminer en 3ème position à 1mn38s du premier et 1mn09s du deuxième. Je suis bien entendu, déçu de n’avoir pas pu m’exprimer et d’avoir toujours couru à contre temps mais c’est mal me connaitre, je suis encore plus motivé avec le couteau entre les dents pour rattraper ce temps perdu gratuitement.
2ème étape : Saint Austreberthe, contre la montre de 5 km avec 165m de dénivelé
A noter que pour cette 2ème étape, la fin du parcours se déroule sur un terrain de motocross avec des montées et des descentes à ne plus en finir. Ce qui fait le charme de cette étape car le public peut voir une bonne partie du parcours.
Je suis serein et bien dans mes baskets. Pas le temps de temporiser cette après-midi, je dois tout donner. Je m’élance à 16h51 soit 30 secondes après le 4ème du général. Au bout d’un kilomètre dans la première ascension, j’ai repris la moitié de mon retard, ce qui me booste encore plus. Au détour du haut de la côte, je constate que les 2 premiers ne m’ont rien repris, je relance encore plus fort. Je vais rejoindre et doubler le 4ème du général en haut de la 2ème côte. C’est parti, je lâche tout dans la descente et je m’accroche pour faire le maximum sur les butes du motocross.
Je termine à la 2ème place de l’étape (le premier étant en relais) et reprends donc 17 secondes au premier et 52 secondes au deuxième. Me voilà donc 3ème au général à 1mn21s du premier et 16s du deuxième. Mais demain sera un autre jour !!!
3ème étape : Goupillières, 15km et 312m de dénivelé.
Le deuxième jour doit jouer en ma faveur car étant sur une logique d’endurance, je pense que je n’aurais pas de mal à tenir la pression des 4 étapes. Le départ est lancé, et est brutal, du moins me concernant. Je suis le groupe de tête mais je ne peux rien faire de plus, je perds même du temps dans les premières ascensions. Le temps de me tromper de parcours (par ma faute…), je repars avec les concurrents qui étaient justes derrière moi.
Le cap des 5 km est passé, je me sens mieux, je vais me mettre en rythme en distançant bel et bien le 2ème et le 4ème au général mais le premier est déjà loin devant avec 50s d’avance.
Après une bonne partie roulante, je reviens à 38s, et je me prends à rêver. La suite du parcours ne sera pas à mon avantage avec des appuis fuyants et énormément de boue et ces satanés descentes qui ne veulent pas de moi, grrrr !!!
Mais au détour d’une descente à 3 kilomètres de l’arrivée, j’aperçois le premier, qui s’est perdu, il m’a donné un peu de temps cadeau et c’est avec 20s de retard que je me retrouve à chasser derrière lui. Je vais mettre à profit ce bonus pour bien appuyer mon allure et ainsi recoller pour l’arrivée avec un beau sprint final.
Je termine 4ème mais reste 2ème au général avec 1mn21s de retard, le 3ème étant à plus de 3 minutes. Je reste confiant et persuadé de faire basculer les choses en ma faveur.
4ème et dernière étape : Pavilly, 12.5kms avec 380m de dénivelé (soleil radieux et 18 degrés)
Je suis sur-motivé et je me sens encore mieux que la veille. Le départ est lancé, je suis déterminé, nous sommes déjà plus que 3 au bout de la première ascension. Je remonte à hauteur du premier au général et je lui mets la pression d’entrée, je lâche les chevaux dans la descente et je prends quelques mètres mais au carrefour suivant je vais être mal orienté. Le temps de me faire rappeler à l’ordre, 2 concurrents me passent devant dont le leader.
Je relance et je me dis qu’ils vont temporiser pour au moins que je revienne sur eux, chose que j’ai l’habitude de faire mais je suis étonné de voir que ce n’est pas encore dans l’esprit de tous les compétiteurs, après tout, c’est surement logique ! Je tente donc de rentrer rapidement sur les 2 premiers mais mal m’en a pris car je vais remonter un concurrent puis littéralement m’asphyxier et hypothéquer mes chances car je suis obligé de récupérer pendant près de 3 kilomètres. A mi-parcours, je suis bien 2ème mais à 25 secondes de ma bête noire du weekend.
Mais retournement de situation, je vais me sentir de mieux en mieux pour grappiller petit à petit les précieuses secondes qui me séparent de lui. Il ne s’avoue pas vaincu et lâche toutes ses forces pour que je ne puisse pas revenir et c’est à l’énergie que je vais fondre sur lui. Même si je suis conscient que ce sera fichu pour le général, je me dois de gagner cette dernière étape.
Chose que je vais faire en passant devant dans la dernière côte mais seulement à 1 kilomètre de l’arrivée. Je vais littéralement courir avec tout ce qu’il me reste pour le distancer et enfin gagner l’étape qui me redonnera un peu de sourire !! Je reprend 8 secondes et termine donc 2ème du Caux Austreberthe Trail à 1mn13s du premier.
Ce que je retiens c’est que j’ai joué de malchance, j’ai fait trop de cadeaux à la première étape mais surtout je n’ai pas pu me mettre en route rapidement au départ de chaque étape, ce qui a eu pour conséquence de laisser le champ libre au vainqueur qui en bon tacticien en a profité. Le point positif est que je repars rassuré par ce weekend avec de la confiance emmagasinée et un début de réconciliation avec les descentes. Prochaines courses, le Radicatrail sur 59 kilomètres le 24 avril 2016.
Merci aux organisateurs qui œuvrent avec dynamismes pour que tout soit réussi et c’est d’ailleurs le cas. L’ambiance est très familiale et j’encourage tous les traileurs à venir se tester sur les chemins du Pays de Caux grâce à ces 2 jours de folie. Tout est réuni pour satisfaire les plus exigeants, et idéal pour faire un bon volume de travail en vue d’un objectif prochain.
Alors amis sportifs à vos calendriers pour 2017 !!!