ll est 10h20 alors que je suis lâché devant le château de Versailles.
Un peu fatigué de la veille et d’une soirée arrosée, je rentre à l’intérieur du site en tenue de lumière pour ce qui s’annonce être une rude épreuve. En effet, c’est par un matin gris et couvert que va débuter le 50 km et ses 1000 m de D+ de l’Ecotrail 2015 !
Je suis un peu stressé, premièrement parce que c’est mon premier 50 km et en second lieu, en voyant toute la foule de traileurs qui s’agglutine sur la ligne de départ. Tout le monde à l’air de se connaître, certains sont en famille et d’autres sont venus courir entre amis. J’apprends au micro que le départ sera donné en plusieurs vague, toutes espacées de 10 minutes. Alors je ne me presse pas, je prends mon temps pour bien m’échauffer et attends mon tour sagement.
Finalement je me glisse dans la troisième vague, le décompte s’annonce au micro…et départ! Un départ plutôt lent, ma montre affiche 12 km/h, j’ai un peu de mal à me lancer sur les premiers kilomètres, mais en même temps, je n’ai pas souvent l’occasion de courir dans les jardins du château alors j’en profite pour admirer le site. Sorti du Château, c’est une toute autre affaire puisque je commence à remonter pas mal de monde, tout en ayant conservé une allure de 12 km/h. Je m’efforce de ne pas déroger à cette règle car je sais que je manque cruellement de foncier et que la fin sera difficile. Je me raccorde à des petits groupes de coureurs mais dès les premières côtes, ils se mettent à marcher. Du coup, je continue tout seul.
Ensuite, nous entrons dans les Bois des Gonards, lieu très sympa, et je m’étonne qu’il y ait autant de verdure à proximité de Paris! Là encore je double énormément de coureurs et je n’arrive pas à me fixer à un groupe pour courir avec eux. Je dois doubler une bonne centaine de traileurs à chaque longue côte ! Je me dis qu’en même temps, ce n’est pas à Paris qu’ils ont l’occasion de faire du dénivelé…
Le bitume me fait particulièrement mal !
Je continue ma course tranquillement et les seuls vrais efforts que je produis se situent au niveau des côtes. Le passage pour raccorder le Bois des Gonards à la forêt de Meudon est difficile et le bitume me fait particulièrement mal, alors tête dans le guidon, je bourrine pour arriver le plus vite possible dans les bois. A ma montre s’affiche 18 km, pour le moment tout va bien! Là encore, je double énormément de monde, sûrement des personnes de la deuxième vague… Ne vais-je pas le payer peut être plus tard… Mais bon, quand les cannes sont là, il faut en profiter ! Des personnes nous encouragent le long du sentier, cela donne encore plus de force et de motivation !
Quelques côtes se dessinent encore et là, au loin, je vois enfin un coureur qui n’a pas peur de se faire mal dans les côtes ! Alors je me décide à le rattraper tranquillement au son des « s’il vous plaît, pardon » pour les autres coureurs qui sont en train de marcher. Je cours avec lui mais je sens qu’une fois arrivé sur le plat, c’est une toute autre histoire pour le suivre ! Je me dis que j’ai mal géré ma course et qu’il me reste encore 25 km à tenir. Néanmoins, je m’accroche tant bien que mal pour rester avec lui. Les jambes commencent à se faire lourdes, je me prend souvent les pieds dans des racines ou dans des cailloux et c’est très frustrant. Alors je me met à me parler à moi-même pour me motiver et prends quelques laits concentrés pour retrouver un second souffle.
J’arrive au premier ravito au 27ème kilomètre. Là, je prends mon temps pour remplir mes flasques vides et manger quelques fruits. J’essaie de rester actif avant que la fatigue ne vienne s’installer et c’est après 5 minutes que je décide de décrocher. Finalement la personne avec qui je courais prends plus de temps au ravito, alors je décide à nouveau de repartir seul.
Nous avons loupé le balisage…
Toujours sur ma lancée, je double encore beaucoup de monde mais là c’est sur du plat ! A ma montre 11,5km/h, je me dis que je gère en fait plutôt bien ma course. Enfin, je sors de la forêt de Meudon pour repartir dans celle de Fausses Reposes ! Je sens vraiment que j’en prends un coup physiquement mais j’arrive à suivre pas mal de coureurs jusqu’au 34ème kilomètre. Et d’un coup, le groupe s’arrête ! Nous avons loupé le balisage… En nous retournant, nous voyons à environ 800 m les autres coureurs prendre un autre embranchement !
Je crois qu’il n’y avait pas mieux pour m’énerver alors je suis parti comme une balle pour rattraper le temps perdu et à ma montre s’affiche 16 km/h. Je double à nouveau pas mal de coureurs que j’avais croisé au 30ème km et retrouve même mon compagnon du début de course ! Mais là, je décide de ne pas l’attendre et continue ma route à vive allure. Le parcours est très roulant et j’arrive rapidement au deuxième ravito, situé au 39ème km et qui nous amène au bout du domaine de Saint-Cloud.
Je me sens privilégié
Ici, c’est une vue qui surplombe la capitale et la Seine et je comprends que je vais réellement souffrir sur la fin car il s’agit là des 10 derniers kilomètres mais ils sont bitumés ! Je ne traîne pas au ravito et en moins de 2 minutes je suis reparti. C’est très différent du premier ravitaillement car mes jambes répondent très bien et je sens que le ravito a été bénéfique. Je redescend très vite pour rejoindre les quais. Là encore je vois beaucoup de coureurs marcher, certains titubent et je me dis que je suis vraiment dans une forme olympique ! Je continue jusqu’à l’Ile Saint Germain, toujours sur les quais. Je double beaucoup de participants de la marche nordique alors que la Tour Eiffel se dessine peu à peu. C’est une fin de parcours qui ne me plaît pas particulièrement mais il faut bien passer par là pour arriver aux pieds du monument ! Je continue de doubler pas mal de coureurs qui ont l’air de terminer sur les genoux ! Enfin après un ultime escalier, j’arrive au bout de mes peines, accueilli par une foule de spectateurs et un tapis rouge, je me sens privilégié.
A ma montre, 4h42 min de course, je suis un happy finisher! (133ème place au classement général et 72ème Senior)
Nota: Lionel participait à son troisième trail après s’être aligné en décembre 2014 sur le 31 km de l’Origole au Perray-en-Yveline (78) – 19eme, en 3h00mn26s – et en janvier 2015, sur le 30 km du trail des coursières à Saint Martin en Haut (69) – 139 ème en 3h08mn39.