André Giraud (au centre) au départ de Marseille-Cassis - Crédit photo : © Maindru Photo

André Giraud : « En créant Marseille-Cassis jamais je n’imaginais que cela devienne un tel monument. »

Lepape-info : André, cette 45e édition de Marseille-Cassis sera l’occasion d’amener une transition en douceur

André Giraud : Nous sommes en train de mettre en place une nouvelle équipe en place dans tous les domaines parce que Marseille-Cassis est une grosse machine avec des responsables de poste importants, tous les postes ont été doublés pour assurer la transition, on a constitué une équipe de relève rajeunie ce qui va nous permettre à nous les « plus anciens » d’avoir moins de responsabilités.

Je serai toujours là pour résoudre les problèmes si besoin dans les années à venir mais avec moins de pression dans la période préparatoire.

Lepape-info : Que retenez-vous de cette histoire, de cette aventure incroyable lancée en 1979 ?

A.G : L’histoire de Marseille-Cassis est celle qui a un peu conduit mon engagement sportif, de dirigeant sportif. Sans la réussite de Marseille-Cassis, je n’aurais sans doute jamais eu les responsabilités que j’ai occupé dans le sport. Mon engagement qui m’a permis de développer cette course et une section d’athlétisme forte à côté m’a beaucoup aidé, cela a pris du temps mais ce n’était pas calculé. En créant Marseille-Cassis jamais je n’imaginais que cela devienne un tel monument, à l’époque c’était le début des courses sur route avec peu de rendez-vous dans la région, je courrais, j’encadrais des gamins. Tout s’est joué dans les années 80, le développement a été tel pendant 10 ans que je me suis encore plus investi y compris auprès de la section athlétisme mais aussi dans les instances départementales, régionales. Vu la réussite de la course, je suis devenu une personne crédible pour les instances.

Lepape-info : Marseille-Cassis est née d’une histoire toute simple

A.G : C’est une histoire liée à mes origines, mes parents originaires de Cassis profitaient de leur retraite dans ce magnifique endroit, mon père avait été dirigeant sportif et m’avait accompagné quand j’ai lancé les premiers pas de la SCO Ste Marguerite. Quand j’ai eu l’idée de la course il m’a beaucoup aidé avec son expérience, son vécu, il en a parlé au maire de Cassis qu’il connaissait, il a fait en sorte que les choses se passent bien entre les villes de Marseille et Cassis. J’habite l’extrême sud de Marseille, mes parents étaient à la retraite à Cassis, il y a 15 km entre les deux lieux. Quand je faisais mes longues sorties avec un ami pour préparer les marathons je faisais l’aller-retour ce qui me permettait de boire un coup au 15e kilomètre avant de revenir. L’idée m’est venue en faisant ses longues séances avec en plus la beauté du parcours.

Lepape-info : La première édition de Marseille-Cassis fut un vrai succès d’entrée

A.G : On avait prévu 300 dossards au maximum mais avec l’engouement, le bouche à oreille, la presse qui avait parlé de la course en amont on s’est retrouvé avec des inscriptions en masse la dernière semaine et au final avec 700 personnes de plus que prévu. On a du acheter des chemises cartonnées chez un commerçant pour fabriquer 700 dossards en carton en urgence que les gens accrochaient sur leur maillot.

Lepape-info : Comment avez-vous vu évoluer Marseille-Cassis ?

A.G : J’ai présidé le comité d’organisation pendant 20 ans, pour des raisons professionnelles et pour éviter les conflits d’intérêt j’ai ensuite abandonné la présidence en restant en coulisses très attaché à la course avec ma femme et toute l’équipe en place, j’ai toujours tout fait pour que cela marche avec le club de la SCO Ste Marguerite. L’évolution fut notable sur les 10 premières années, maintenant c’est l’une des rares grandes épreuves de masse en France qui est gérée par un mouvement associatif, Marseille-Cassis a permis au club de se développer, de créer des emplois, c’est une machine qui tourne parce qu’il y a des salariés.

André Giraud : « Dès la première année comme nous étions des passionnés on a mis les petits plats dans les grands, on a tout fait pour recevoir les coureurs dans les meilleures conditions possibles que ce soit au niveau des ravitaillements bien fournis, assurer le retour de chacun et chacune sur Marseille après l’arrivée… cet état d’esprit a été préservé tout en progressant. »

Lepape-info : Quelle fut l’édition la plus incroyable ?

A.G : Celle que l’on a vécu sous un véritable déluge, des trombes d’eau en 2010. Cela m’avait surpris, les gens étaient quand même ravis et heureux malgré les difficultés rencontrées avec parfois sur certaines portions de la course de l’eau jusqu’aux chevilles. Cette édition n’a pas freiné l’élan des participant(e)s. Une autre fois auparavant sur l’une des premières éditions, il y avait eu quelques flocons de neige en haut du Col de la Gineste mais cela n’a pas duré longtemps.

Lepape-info : Qu’attendez-vous de cette 45e édition ?

A.G : J’attends que l’épreuve soit réussie, que les gens repartent satisfaits et qu’il n’y ait pas de couac. On a confiance en tous les responsables de poste, on est en train de passer le relais à la nouvelle génération et j’espère vraiment que ce lien établi fonctionne bien lors de cette édition. Cette année je suis encore surpris par le nombre de personnes qui voulaient participer et le succès. Nous avons 20 000 inscrits (les dossards se sont vendus en quelques heures), 17 000 autres étaient en liste d’attente c’est incroyable.

Lepape-info : Comment expliquer un tel succès année après année ?

A.G : Il y’a 2 facteurs qui me semblent importants. Le premier est la beauté du parcours et le fait que Cassis soit un lieu magique qui s’est fait connaître au fil des années avec le Parc National des Calanques. Au début la participation était plutôt locale, Cassis est l’endroit où les Marseillais aiment bien se promener. L’attrait de la Gineste, de la beauté du site avec le fait que Cassis soit une ville accueillante a joué énormément. Le second aspect est que dès la première année comme nous étions des passionnés on a mis les petits plats dans les grands, on a tout fait pour recevoir les coureurs dans les meilleures conditions possibles que ce soit au niveau des ravitaillements bien fournis, assurer le retour de chacun et chacune sur Marseille après l’arrivée etc… cet état d’esprit a été préservé tout en progressant. Avoir une épreuve de ville à ville complique l’organisation avec 2 pôles à gérer, on a eu beaucoup de travail à faire pour que chaque participant(e) se sente bien au départ et à l’arrivée.

André Giraud (à droite sur la photo) avec Jean-Pierre Buix (à gauche) le speaker emblématique de Marseille-Cassis

Lepape-info : Autre fait marquant de cette 45e édition, ce sera la dernière de Jean-Pierre Buix, le speaker emblématique qui co-animera son 41e Marseille-Cassis

A.G : Ma rencontre avec lui s’est faite par la course sur route. Avant de créer Marseille-Cassis, il n’y avait pas beaucoup de courses à la fin des années 70, après mes jeunes années en demi-fond sur piste, je participais à des épreuves sur route. Jean-Pierre habite dans la Drôme, dans la partie très proche du Vaucluse où il y avait des courses intéressantes dans des villes comme Robion, Cavaillon auxquelles j’ai participé et que Jean-Pierre animait. Sur les podiums, j’étais parfois récompensé et j’ai fait ainsi sa connaissance, j’appréciais son dynamisme, sa façon de commenter. En 1983, je lui ai demandé s’il était intéressé pour venir animer Marseille-Cassis, il y avait à l’époque 4000 à 5000 participant(e)s au départ. Je me rappelle qu’il avait hésité car il avait peur de ne pas être à la hauteur pour une course si importante !

Lepape-info : Dimanche il y aura toujours cette émotion au moment du départ

A.G : Toujours l’émotion mais aussi la partie stress quand même, cette course reste une lourde responsabilité avec 20 000 participant(e)s. il y a toujours la crainte qu’il y’ait un pépin. Le plus compliqué est la période entre le départ et l’arrivée des derniers et dernières, on a eu quelques accidents par le passé, des blessés, des transports à l’hôpital. Le meilleur moment est le soulagement de l’après-course, une fois que tout s’est bien passé pour tout le monde.