Clémence Calvin, la nouvelle dimension

Vice-championne d'Europe du marathon en août dernier à Berlin pour son premier essai sur la distance, Clémence Calvin (28 ans) a connu une rentrée studieuse entre l'entrainement et les nombreuses sollicitations. Projetée ambassadrice de la course à pied en France, l'internationale vise un marathon en avril, avant de défendre les couleurs tricolores sur 10 000 m aux prochains Championnats du monde de Doha. Rencontre.

En août dernier Clémence Calvin a terminé 2e des Championnats d'Europe de Berlin (crédit photo Romain Donneux).
En août dernier Clémence Calvin a terminé 2e des Championnats d'Europe de Berlin (crédit photo Romain Donneux).

A écouter Clémence Calvin énumérer son agenda des dernières semaines, on comprend dans quelle dimension est entrée la vice-championne d’Europe du marathon. Des courses, des colloques, des interviews, des plateaux TV, la Française a été très sollicitée depuis son exploit de Berlin et cette médaille d’argent décrochée sur marathon pour sa première sur la distance (2e en 2h26’28).

Partir pour pouvoir s’entrainer

Une nouvelle vie qu’elle apprend à gérer. « Je prends les sollicitations comme elles viennent. Le fait d’être marathonienne, ça m’encre dans une famille. En 2014, après ma médaille (argent aux Europe sur 10 000 m), les gens me félicitaient mais me parlaient surtout de mes commentaires sur le marathon (elle avait commenté le marathon sur France TV). En fait, le marathon crée une émotion commune. »

Une famille dans laquelle elle est devenue l’égérie, son sourire et son accessibilité aidant. « J’ai eu un engouement sur les réseaux sociaux. C’est prenant ! J’ai l’impression d’être la seule personne disponible pour représenter le demi-fond (rires). Mais, jusqu’à décembre, je prends les sollicitations et ensuite je vais fermer. On est obligés de partir si on veut être tranquille pour l’entrainement. »

Pas de championnats d’Europe de cross

Un test d’éloignement qu’elle a effectué avec son entraineur et compagnon Samir Dahmani, lors de deux semaines de stage à Font-Romeu au mois d’octobre, après six semaines de reprise progressive depuis Berlin. « J’étais contente de partir en stage pour me recentrer sur mon activité principale. On a refait un travail de force et d’endurance avec beaucoup de musculation. Le stage m’a fait me réhabituer à mon corps d’athlète. »

Un corps qu’elle a sollicité lors du 10 km des Ducs de Bourbon ce dimanche, victoire en 33’50, mais les choses sérieuses ne commenceront vraiment qu’en 2019. « Cette année, je ne veux pas faire les Europe de cross. je serai aux cross d’Allonnes et de Gujan en tant que marraine mais ça sera tout. Ensuite, je ferai une corrida à Noël avant de me lancer dans la préparation d’un nouveau marathon. »

Paris ou Londres ?

Car même si elle-même a du mal à se l’admettre, Clémence Calvin est dorénavant une marathonienne et c’est bel et bien sur cette distance qu’elle sera attendue à l’avenir. D’ailleurs, le mois d’avril 2019 est déjà coché, avec en balance les 42,195 km de Paris ou ceux de Londres. « J’ai une préférence pour Paris mais rien n’est encore décidé. Je n’ai pas toutes les cartes en main. »

Un marathon qu’elle préparera en grande partie au Kenya avec cette fois un objectif chronométrique. « Ca ne sera pas pareil d’aborder le marathon de cette façon. Il faudra que je sois plus affûtée qu’à Berlin où j’avais gardé une petite marge pour assurer. Le premier objectif sera avant tout les minima olympiques (pas encore connus mais sûrement 2h28). Mais si je dois annoncer un temps, j’aimerais me rapprocher des 2h23 (soit mieux que le record de France de Christelle Daunay en 2h24’22). Mais je vais essayer de ne pas trop penser au chrono et me concentrer sur les autres filles. »

La préparation marathon : Un saut du plongeoir

Surtout qu’avant la performance de pointe, il faudra passer par une préparation difficile, qu’elle appréhende déjà. « J’ai vraiment souffert pendant ma préparation. J’ai eu besoin de retrouver une vie normale après mon marathon. Là, en pensant à mon deuxième marathon, je le vis comme un nouveau mur à gravir. C’est comme à chaque fois que j’allais faire mes sorties longues, j’avais l’impression que j’allais sauter du plongeoir. Mais là, il va falloir que je ressaute du plongeoir même si j’ai emmagasiné de l’expérience et que mon voyage initiatique vers le premier marathon va m’aider. Je sais aussi que je vais devoir améliorer mon économie de course. »

Dans tous les cas, la carrière de Clémence Calvin a pris un nouveau tournant depuis qu’elle a choisi la route et les attentes vont être de plus en plus grandes. « Ca faisait longtemps qu’on me disait de monter sur marathon donc ça fait longtemps que j’imaginais l’avenir sur cette distance. Mais ç’a toujours été comme ça depuis que j’ai commencé l’athlétisme. Quand j’ai gagné mes premiers championnats de France de cross (en 2006), j’ai tout de suite été attendue pour les suivants. Je me suis construite comme ça. Mais avec la maturité je le vis mieux. »

Garder un pied sur la piste

Une pression centrée sur le marathon même si la piste gardera une place importante. « Je veux faire la navette avec la piste car beaucoup d’athlètes le font et que ça marche. J’ai des records à battre, notamment sur 10 000 m où je sais que je peux m’approcher des 31′ (record à 31’52″86). »

Elle a donc coché les Mondiaux de Doha sur 10 000 m au mois de septembre. Mais avant ça, il y aura les 20 km de Marseille-Cassis ce dimanche. « J’aurais aimé avoir plus d’armes pour y aller en reprenant l’entrainement plus tôt. Mais je vais compenser avec mon mental même si la descente me fait peur d’un point de vue physique. »

La classique marseillaise sera en tout cas un bon moyen de tester une nouvelle fois sa popularité grandissante et sa nouvelle dimension.

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