Lepape-info : Julien, comment vous sentez-vous à l’approche de votre premier marathon à Paris ?
Julien Wanders : Je me sens bien, je me réjouis, je suis vraiment excité de faire mes débuts. Cela fait longtemps que je voulais faire un marathon, cela donne envie lorsque je vois les marathons à la télévision. J’ai été patient, je trouvais important de procéder étape par étape, je ne voulais pas participer à un marathon sans être bien préparé.
Julien Wanders : « Je ne peux pas faire plus que ce que j’ai fait à l’entraînement, maintenant il n’y a plus qu’à courir. Je n’ai pas peur, j’ai hâte. C’est un bon état d’esprit avant d’aborder une compétition. »
Lepape-info : Votre préparation s’est bien passée après avoir résolu vos problèmes aux ischio-jambiers de la saison dernière ?
J.W : Je n’aurais pas pu espérer une meilleure préparation à ce moment de ma carrière. J’ai pu avoir 4-5 mois vraiment bien sans pépin physique, cela faisait 2 ans que j’enchaînais des problèmes. Sur les grosses semaines je faisais 200 à 220 km, j’ai réduit un peu mais la semaine passée j’étais quand même à 190 km. Cette semaine ce n’est que de l’entretien avec juste des footings pour ne pas s’endormir (sourire).
Lepape-info : Votre 6ème place au semi de Naples le 27 février en 1h00’28 fut concluante
J.W : C’était cool de retrouver des sensations en compétition. Le semi-marathon de Valence en décembre fut un peu laborieux, je n’étais pas très relâché. À Naples, j’étais content de la façon dont j’ai couru, c’était un très bon test qui m’a surtout donné confiance en vue du marathon de Paris.
Lepape-info : Qu’attendez-vous ce dimanche du marathon de Paris ?
J.W : C’est une bonne expérience, je vais essayer de profiter, j’espère faire un bon chrono qui puisse me satisfaire et m’encourager pour la suite. Je ne m’attends pas à faire le record du monde (sourire). J’espère avoir des sensations qui me confortent dans l’idée que je suis probablement un marathonien. Je ne peux pas faire plus que ce que j’ai fait à l’entraînement, maintenant il n’y a plus qu’à courir. Je n’ai pas peur, j’ai hâte. C’est un bon état d’esprit avant d’aborder une compétition.
Julien Wanders : « Eliud Kipchoge a révolutionné le marathon du moins en tout cas la mentalité, l’approche que l’on avait de la discipline. Beaucoup de personnes avaient un peu peur de la distance. Lui, il a montré que l’on peut courir vite sur 42,195 km. »
Lepape-info : Quelle sera la stratégie ? Dans quel groupe allez-vous partir ?
J.W : J’ai l’avantage de venir avec des amis de mon groupe d’entraînement, nous sommes 5 dont 2 lièvres. On veut monter notre course dans la course. À mon avis on sera derrière le 1er groupe qui partira sans doute sur des bases de 2h03-2h04, un rythme un peu trop rapide pour mon 1er marathon. On partira peut-être sur des bases de 2h07 et si cela se passe bien on accélérera sur la seconde partie en essayant de gérer au maximum. On s’entraîne ensemble 2 fois par jour, on a fait tout le programme ensemble, on a des repères, on se connait très bien et cela peut jouer un rôle.
Lepape-info : Il y a des noms connus dans votre groupe ?
J.W : Dans le groupe celui qui monte est Boniface Kibiwott qui a remporté le semi-marathon de Paris au début du mois de mars en 1h00’52 et qui court aussi en 27’13 sur 10 km et 13’06 sur 5 km. Il sera lièvre. Les deux qui finiront sont déjà marathoniens en 2h11 et 2h09 sur des marathons pas très rapides, ils espèrent courir assez vite.
Lepape-info : Le recordman du monde du marathon Eliud Kipchoge vous inspire depuis longtemps, que représente-t-il pour vous ?
J.W : Eliud Kipchoge a révolutionné le marathon du moins en tout cas la mentalité, l’approche que l’on avait de la discipline. C’est fort, c’est inspirant à savoir que l’on peut aller plus loin que ce que l’on pense possible. Sur marathon beaucoup de personnes avaient un peu peur de la distance. Lui il a montré que l’on peut courir vite sur 42,195 km.
Lepape-info : Vous pensez que l’on pourra descendre un jour sous les 2h lors d’un marathon classique ?
J.W : C’est à peu près sur que c’est réalisable. Tout le monde disait que même dans les meilleures conditions c’était impossible de courir en moins de 2h, il a prouvé le contraire (lors de l’Ineos 1:59 Challenge, le 12 octobre 2019, Eliud Kipchoge avait couru en 1h59’40). Je n’ai pas de doute qu’un jour on va y arriver peut-être même plus rapidement que ce que l’on croît.
Lepape-info : Pourquoi avoir choisi Paris pour votre premier marathon ?
J.W : C’est un marathon intermédiaire entre les grands marathons Majors comme Londres, Boston, Berlin qui me paraissaient un peu ambitieux pour une première et les marathons plus modestes qui m’intéressent moins forcément car je ne voulais pas faire un marathon qui se gagne en 2h12 par exemple.
Le fait aussi que le Marathon de Paris soit sponsorisé par Asics me permet aussi de monter ma course dans la course avec des athlètes que je connais, c’est cool.
Julien Wanders (Franco-Suisse) : « Je l’ai toujours dit quand je réalise un record je me considère toujours comme Suisse, pour moi c’est le record de Suisse. Je comprends le problème pour les athlètes Français, la règle est un peu bizarre mais ce n’est pas moi qui fait les règles… Je pense que les athlètes Français devraient s’adresser à la Fédération française d’athlétisme pour essayer de changer cette règle. S’ils ont besoin de mon soutien je ne dirais pas non. »
Lepape-info : Vous abordez la course en étant prudent mais ambitieux
J.W : Ambitieux, il faut toujours le rester sinon cela ne sert à rien de faire de la compétition. Prudent, je le suis car je ne connais pas la distance, il ne faut pas trop parler avant. Il y a des aspects nouveaux pour moi comme l’hydratation, le fait de se ravitailler je ne l’ai quasiment jamais fait dans une course. Je n’ai jamais couru plus de 21 km en compétition, on ne sait pas ce qu’il peut se passer même si avec ma préparation je pense pouvoir encaisser la distance. Sur marathon pour éviter de baisser en terme de performance on n’a pas le choix, il faut vraiment s’efforcer de se ravitailler et ne pas seulement prendre que de l’eau.
Lepape-info : Dimanche si vous battez le record de France de Benoit Zwierzchiewski en 2h06’36 et que vous arrivez devant les Français en lice, vous serez le nouveau détenteur du record national. Quelle est votre position vis à vis de cette situation sachant que vous êtes Franco-Suisse mais que vous courez pour la Suisse ?
J.W : Je l’ai toujours dit quand je réalise un record je me considère toujours comme Suisse, pour moi c’est le record de Suisse. Je comprends le problème pour les athlètes Français, la règle est un peu bizarre mais ce n’est pas moi qui fait les règles. À chaque fois on me dit « bravo » pour le record de France (Julien Wanders détient les records d’Europe du semi et du 10 km) mais c’est bizarre. Je pense que les athlètes Français qui aimeraient être détenteur du record de France (Morhad Amdouni a les 2èmes meilleurs chronos « Français » sur semi et 10 km derrière Julien Wanders) devraient s’adresser à la Fédération française d’athlétisme pour essayer de changer cette règle. S’ils ont besoin de mon soutien je ne dirais pas non.
Lepape-info : C’est une position embarrassante vis-à-vis de Morhad Amdouni ou des autres athlètes Français
J.W : Oui car parfois j’ai l’impression que les gens croient que c’est de ma faute, que je cours pour les records de France, mais non ce n’est pas le cas. C’est une règle que je ne peux pas changer tout seul. Je comprends que cela pose un problème car comme Morhad l’a dit c’est important que soit stipulé sur son contrat qu’il soit détenteur du record de France (en référence actuellement au semi et au 10 km). Si jamais la Fédération veut changer les choses, je suis prêt à donner mon avis.
Lepape-info : Vous en avez discuté avec Morhad avant de le retrouver dimanche ?
J.W : Oui j’en ai discuté avec Morhad car je n’avais pas trop aimé la façon dont il avait parlé de moi, il m’avait un peu attaqué, ce n’était pas très sympa de sa part. Moi comme je l’ai dit ce n’est pas de ma faute si j’ai ces records je lui ai dit que s’il voulait que cela change il fallait qu’il s’adresse à la Fédération ou que les athlètes Français y aillent tous ensemble, je pense qu’il y a moyen de changer les choses. Mais ça va, on a parlé, on ne va pas se battre sur la ligne de départ dimanche (rires).
Le 10 mars dernier Morhad Amdouni nous avait déclaré : « S’il (Julien Wanders) bat le record de France cela me pose un problème, cela m’ennuie pour tous les athlètes Français qui se battent au quotidien pour avoir des partenaires, des sponsors et qui courent avec le maillot de l’équipe de France. J’ai mal pour la discipline, il faut que cela cesse. Il le dit lui-même il s’en fout complètement. Je ne vois pas pourquoi on va parler de quelqu’un alors que le niveau ne cesse de monter au sein du collectif marathon Français. Il faut que l’on ait un soutien à ce sujet. Julien Wanders ne court pas pour l’équipe de France, il ne soutient pas l’équipe de France, il n’a pas à détenir ce record de France du marathon s’il le bat. »
Lepape-info : Julien, pour terminer, dimanche qu’est ce qui vous ferait le plus plaisir à l’arrivée ?
J.W : De courir vite, d’avoir un chrono et surtout des sensations qui puissent me satisfaire, d’avoir l’impression que je suis un marathonien et que c’est la distance qui me convient au final. Quand je parle de chrono je le situe entre 2h06 et 2h10 forcément plus proche des 2h06 ce serait mieux. Je ne parle pas de gagner le marathon, c’est d’abord une victoire sur moi-même que je recherche. Je suis toujours content d’une course lorsque j’ai l’impression d’avoir tout donné et que cela reflète ce que j’ai fait à l’entraînement.