– Benoit, quel bilan tirez-vous de votre année 2018 conclue par une nouvelle victoire (sa 2e) sur le Grand Raid de la Réunion (voir article) ?
J’ai vécu une belle saison, et remporté la plupart des courses auxquelles j’ai participé. Mais tout au long de l’année, j’ai repensé à la ligne d’arrivée du Grand Raid 2017. J’ai été animé par l’espoir de revivre à nouveau ces émotions et concentré mes efforts pour la Réunion. Je ne pouvais rêver mieux que cette conclusion, et ça fait beaucoup de bien de voir que tout l’investissement et les heures d’entrainement se concrétisent ainsi. J’ai bien mieux vécu la course que l’an dernier, notamment grâce un nouveau partenaire nutrition. La récupération a aussi été meilleure et j’aurais pu enchainer mais j’ai préféré couper et terminer ma saison.
« Ca faisait longtemps que quelqu’un n’avait pas titillé François D’haene »
– On a beaucoup parlé de cette victoire partagée avec François D’haene. Avec le recul, que vous inspire ce succès atypique par rapport à l’an dernier ?
Cette arrivée colle bien à l’esprit que je me fais du trail. On se faisait la guerre à distance depuis une partie de la course avec François et on a considéré que le terrain humide et dangereux en fin de course n’était plus propice à se livrer bagarre mais à terminer ensemble. D’autant plus que nous étions bien en avance sur le record et donc moins regardant sur le chrono. Ça faisait longtemps que quelqu’un n’avait pas titillé François, alors ça fait toujours plaisir d’être à ses côtés ! (rires)
– Depuis votre première participation en 2013, vous vous êtes pris d’attachement pour le Grand Raid de la Réunion. Pourriez-vous devenir le nouvel Antoine Guillon (12 participations consécutives, 1 victoire, 6 podiums) ?
Qui sait ! C’est devenu ma course fétiche, comme Xavier (Thévenard) avec l’UTMB. C’est l’objectif qui me motive à me lever tous les matins pour m’entraîner. Je rêve encore d’y retourner, c’est certain. J’aime le parcours, l’ambiance, les locaux … Et j’arrive souvent en forme à cette période de l’année. Je ne pense pas être capable de m’investir autant pour une autre course que la Diagonale, ni dans deux gros objectifs sur une saison. Ce n’est pas aussi médiatisé que le mastodonte UTMB mais ce n’est pas grave, j’aurai moins de likes sur Facebook (rires) !
« Il y a encore une marge de progression »
– Vous avez démarré le trail en 2012. Aujourd’hui, un format de course tel que le Grand Raid semble être celui où vous exprimez le mieux.
Oui, c’est là où je peux le mieux exprimer mes qualités d’endurance et de mental. Sur les chemins exigeants de la Diagonale, je peux compenser mon manque de vitesse et de technique en course à pied. Venant du vélo, je suis parti de rien et j’ai directement commencé à courir avec le trail. Il y a encore une marge de progression mais je me sens mieux chaque année. Je resterai malgré tout moins à l’aise sur des formats plus roulants comme les courses de l’UTMB.
– Vous avez toujours dit être désintéressé par la notion de compétition en trail. Votre regard a-t-il changé avec vos récentes victoires ?
Pas du tout. La compétition n’est pas ma première source de motivation. J’ai justement quitté le monde du vélo en 2012 parce que j’étais fatigué de cette rivalité omniprésente. Ça ne m’a pas suivi en trail et c’est sans doute pour cela que je fais peu de courses dans l’année. Je souhaite avant tout partager des aventures et si les résultats sont là, c’est un plus.
« Avec Xavier Thévenard on a la même philosophie »
– Vous semblez vous être rapproché de Xavier Thévenard, votre coéquipier du Team Asics Trail. Que partagez-vous ensemble ?
Depuis son assistance à mes côtés lors de la Diagonale l’an dernier, on s’entend bien et on vit de belles aventures. On a d’ailleurs inversé les rôles à la Hardrock 100 cet été où j’ai fait son pacer (ultra-trail de 160 km aux Etats-Unis), on est parti en stage, en Patagonie … Je pense que ça nous a tiré vers le haut tous les deux et c’est en parti grâce à lui que j’ai franchi un cap. On a la même philosophie dans l’approche de la discipline.
– Des trailers se tournent vers des défis personnels tels que des traversées de massifs à l’instar de françois D’haene, Julien Chorier ou Stéphane Brogniart. Est-ce que cela vous tenterait ?
Disons que je le fais déjà à l’entrainement où je me lance souvent des défis. Par exemple, j’ai fait la traversée du GR93 Vercors Drômois sur 90 km, des sorties en vélo de 250 km … On a un beau terrain de jeu chez nous (Benoit Girondel habite à Papelissier dans le Vercors) alors pourquoi aller voir ailleurs ? J’ai tout de même le GR20 dans un coin de ma tête, ça pourrait être un beau projet.
– L’hiver approche. Que fait Benoit Girondel en attendant les beaux jours ?
Chez moi, il n’y pas pas toujours de neige mais quand c’est blanc, on en profite pour faire du ski de fond. Par ailleurs, je ne stoppe pas la course à pied et je fais également pas mal de sorties en vélo de route ou VTT. Heureusement, sinon je ne tiendrais pas en place à la maison. Pour le calendrier 2019, rien n’est encore planifié… La Diagonale ? Peut-être !