Le cadre de l’étude
- Les 3 coureurs ont tous terminé dans le TOP 5 du Giro au moment où leur préparation a été analysée.
- A chaque fois, l’analyse a concerné les 22 semaines qui ont précédé la course.
- L’étude s’étend de 2015 à 2018.
Que peut-on en retenir ?
1. Le volume d’entraînement
Le volume d’entraînement moyen sur la période est, pour chaque coureur, de 20h, 16h et 15h. Le volume maximal sur une semaine est lui de 34h, 29h et 28h.
On note donc un volume plutôt en deçà des standards habituellement évoqués dans les sports d’endurance. Par exemple, on parle souvent de 1000h de pratique annuelle en cyclisme ou en ski de fond, ce qui correspond à +/- 20h d’activité par semaine.
2. La dynamique de charge
On note des variations de volume, d’une semaine à l’autre, parfois très importantes (voir graphique ci-dessous). Cela rentre plutôt en contradiction avec les concepts de « volume récurent » et de « régularité » souvent mis en avant dans l’entraînement en endurance.
3. La distribution des intensités
La distribution des intensités est pyramidale. C’est-à-dire beaucoup de volume à basse intensité et du qualitatif plutôt axée vers le développement des seuils. Cela est en accord avec les nombreuses études qui ont analysé l’entraînement des champions : soit une distribution pyramidale soit une distribution polarisée et toujours énormément de temps consacré à l’endurance.
En outre, on note un index de polarisation qui augmente au fil de la préparation. Cela signifie que plus le coureur se rapproche de l’objectif, plus il va intégrer de la haute intensité à son entraînement.
Un entraînement par blocs grâce aux courses ?
En réalité, ce sont surtout les courses qui apportent la haute intensité. Et comme les courses d’une journée sont délaissées pour privilégier les courses par étapes, on se retrouve avec des blocs d’intensités prononcés et condensés.
Ainsi, on peut dire que ces cyclistes utilisent l’entraînement par blocs pour progresser tout au long de leur préparation.
Altitude
2 des 3 coureurs concernés ont eu recours à des stages en hypoxie. À noter que ces 2 cyclistes sont nés et vivent une partie de l’année an altitude.
Concrètement ils ont chacun réalisé 2 stages « en haut » de 2 à 4 semaines durant leur préparation. Et à chaque fois, ils ont terminé leur entraînement par l’enchaînement suivant : 3-4 semaines altitude + 1 semaine en bas + 1 course à étapes + 3-4 jours récupération + départ du Giro.
Assez originale comme approche (une course à étape très proche du départ) et qui permet certainement de cumuler les bénéfices de l’altitude avec ceux d’un bloc à haute intensité avant l’objectif.
Musculation
Enfin, on peut relever qu’aucun de ces 3 cyclistes n’a intégré la musculation en salle dans sa préparation.
Malgré les bénéfices rapportés par de nombreux travaux scientifiques, ces sportifs ont fait le choix de se passer de cet entraînement et cela ne les a pas empêché d’être très performants sur leur objectif.
Conclusion
En conclusion, il apparaît que ces cyclistes de très haut niveau ont appliqué un entraînement relativement simple : beaucoup d’endurance et une préparation traditionnelle avec une augmentation progressive de l’intensité.
Notons tout de même certaines variations importantes dans la charge d’entraînement et un volume qui n’est pas excessivement élevé.
2 réactions à cet article
Alex
Bonjour,
Vous ne citez pas la référence de l’étude qu’il pourrait être intéressant de consulter.
Serait il possible de la connaître ?
Merci pour vos partages souvent intéressants
Rémy Deutsch
Bonjour,
Réponse très tardive de ma part. Mais vous avez raison, c’est un oubli. Voici la référence de l’article :
Gallo, Gabriele et al. “How do world class top 5 Giro d’Italia finishers train? A qualitative multiple case study.” Scandinavian journal of medicine & science in sports vol. 32,12 (2022): 1738-1746. doi:10.1111/sms.14201