A la rencontre de Pierre Idjouadiene

Néo-professionnel en 2018, Pierre revient avec nous sur cette première année avec l’équipe Roubaix Lille Métropole (Natura4ever – Roubaix Lille Métropole en 2019). Il nous présente son entraînement et partage avec nous certaines de ses recettes.

Pierre Idjouadiene (crédit photo : http://www.equipe-cycliste-roubaix.com)
Pierre Idjouadiene (crédit photo : http://www.equipe-cycliste-roubaix.com)

– Comment s’est passée votre première saison chez les professionnels ? Quelles différences avez-vous notées avec les amateurs ?

« Elle a été plutôt bonne. Je m’attendais à connaître plus de difficultés. Bien sûr, j’ai vécu quelques journée « galères », comme sur la Route d’Occitanie, mais j’ai pu être régulièrement acteur sur les courses avec quelques résultats à la clé (Lillers, Paris-Chauny, Plumelec, Tour du Doubs). Et j’ai aussi pu me mêler à la lutte pour des classements annexes comme le maillot de Meilleur Grimpeur aux 4 Jours de Dunkerque. Monter sur un podium d’une course HC aux côtés d’un coureur comme André Greipel est toujours très appréciable.

Concernant la différence avec le monde amateur, elle est énorme ! On peut se dire que 80% de la course chez les pros est plus facile qu’en amateur car l’allure est linéaire et contrôlée. Mais là où la différence se fait est sur les 20% restants, la dernière heure avant l’arrivée en somme. C’est à ce moment que la course se débride et que les gros moulins se montrent à l’avant. Rares sont les jours où on peut espérer basculer dans le bon groupe, car il faut non seulement une grande force physique, mais aussi le placement idéal. Chez les pros, ça frotte beaucoup.

 

« J’ai fait une place à la récupération active »

 

– Est-ce que votre approche de l’entraînement a beaucoup évolué cette année ?

Oui clairement ! C’était la première année, depuis que je fais du vélo, que je me consacrais quasiment à 100% à ma pratique. Je dis quasiment car j’étais tout de même encore étudiant jusqu’en mai. J’ai donc essayé avec mon entraîneur de trouver l’alchimie parfaite entre rigueur et plaisir. J’aime le vélo et j’aime pratiquer, mais m’imposer de très dures séances et de gros blocs fonciers/intensifs exige d’aller chercher n’importe quelle petite source de satisfaction et de plaisir.

J’ai aussi (enfin) fait une place à la récupération active dans mon entraînement. Avant je faisais presque 2 jours de repos par semaine, et aujourd’hui je préfère aller tourner les jambes 1 heure ou 2 pour éliminer les toxines. Il n’est pas rare que je fasse 15 jours sans un seul jour de repos, mais je pense que cela est bénéfique. Les étirements et les massages font aussi partie de ma préparation maintenant.

Enfin, je donne de plus en plus d’importance à mon alimentation et à mon sommeil. J’adore cuisiner, j’en profite donc pour me faire plaisir avec des produits sains, bio et locaux quand cela est possible. Je pars du principe que la santé trouve sa source dans l’assiette. Il ne faut pas oublier que l’alimentation est le carburant de l’être humain, et le meilleur moyen de récupérer de tous les efforts de la semaine.

 

« J’ai arrêté la musculation »

 

– Est-ce qu’il y a une place pour la musculation dans votre entraînement ?

J’ai essayé quand j’étais amateur. J’avoue que les effets ressentis étaient un peu décevants. Je gagnais certes énormément en explosivité au sprint, mais je perdais mes qualités dans les côtes et les efforts au seuil en prenant beaucoup de masse musculaire. Est-ce que je pratiquais bien la musculation ? Je ne suis pas sûr. Mais j’ai arrêté en 2016 et depuis je me fais beaucoup plus plaisir sur le vélo et je me trouve plus performant. Je continue néanmoins le gainage et la PPG qui sont extrêmement importants à mes yeux pour éviter les blessures et la synchronisation de toutes les chaines musculaires.

 

– Pourriez-vous nous décrire en détail une semaine d’entraînement ?

Une semaine d’entraînement moyenne en saison oscille entre 17 et 24h de vélo. Voici un exemple type d’une bonne semaine de travail avec une course sans objectif spécifique.

Lundi : 2h cool récupération active

Mardi : 2h30 force endurance (par exemple 2 ou 3 séries de 10min i3 en force)

Mercredi : repos ou 1h30 récupération active

Jeudi : 5h30 foncière dans les petites vallées du Doubs (avec beaucoup de dénivelé)

Vendredi : 2h30 fartleck/déblocage (par exemple 2 séries de 8 fois 30sec effort – 30sec récupération)

Samedi : 1h30 récupération active après le voyage vers la course

Dimanche : 5h course.

 

« Je vais essayer de réaliser de gros blocs fonciers »

 

– Combien de kilomètres cette saison ?

Du 1er novembre 2017 au 1er novembre 2018, je dois être à un peu plus de 25 000 km.

 

– Allez-vous changer des choses dans votre entraînement en 2019 ?

Pas de grands changements en vue. Je vais peut-être essayer de m’entraîner encore plus sous forme de blocs de travail, tout particulièrement cet hiver où je devrais composer avec les conditions climatiques. Dans l’idée, les semaines difficiles à Besançon seraient plus légères en vélo, mais axées PPG, course à pied et ski de fond si la neige est là. Je voudrais ensuite profiter de séjours au soleil pour réaliser vraiment de gros blocs fonciers (par exemple une semaine de 25/30h dans la deuxième quinzaine de décembre et début janvier). J’aimerais pouvoir faire en somme trois grosses semaines (deux foncière et une plus intensive) avant de reprendre les compétitions début février au GP la Marseillaise.

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