Lepape-info : Julien, peux-tu nous faire un retour sur ta saison 2015 ?
Julien Rancon : Après la saison de cross, ma première belle victoire je l’ai fêtée au Ventoux, une belle course du Challenge Salomon. Puis toute la préparation de mon début de saison fut calée sur le Championnat du Monde de trail à Annecy. Malheureusement cette décevante 19ème place fut sans conteste l’échec de ma saison 2015. Comment l’expliquer ? C’est assez difficile mais c’est sans doute une distance qui ne me convient guère, qui n’est pas faite pour moi. Il y a trop de paramètres autres que physiologiques qui sont difficiles à gérer. C’est davantage une course d’attente qui n’est pas propice pour des puncheurs. Il faut se freiner en permanence, gérer son rythme, son alimentation. Au bout de quelques heures il y une certaine lassitude qui s’installe et de toute façon je reste convaincu qu’un effort long de 7 ou 8 heures est une forme de compétition qui ne m’est pas destinée. J’avais pourtant déjà fait une ou deux courses de ce calibre, mais le plus souvent sans résultats convaincants.
Mais j’ai vite rebondi sur le France de Montagne au Revard avec à la clé une 2ème place presque inespérée. Pour être tout à fait honnête je ne m’attendais pas à ce résultat si près des Mondiaux d’Annecy. Fort heureusement j’avais bien négocié la phase de récupération en privilégiant les soins et une bonne alimentation.
Derrière je m’envole pour Madère au Championnat d’Europe de course de montagne. Je termine 8ème et 1er français malgré une préparation légèrement tronquée. C’est donc un franc succès. Je dois dire que c’est le genre de course qui me convient bien avec des montées raides et de bonnes relances même si j’aurai préféré un peu plus de descente pour m’exprimer pleinement. Mais ce format de course axé sur une heure d’effort tout au plus me colle bien, c’est ma distance de prédilection, où je suis en permanence à la bagarre, comme en cross ou sur route lorsque je dispute un 10km ou un semi-marathon. Partager ces moments avec l’équipe de France de course en montagne c’est toujours des moments inoubliables et un plaisir de se retrouver au sein d’une équipe soudée qui se connait parfaitement. Au passage je retrouve aussi des concurrents italiens ou anglais avec lesquels j’ai su tisser des liens au-delà de l’aspect sportif. Je navigue sur le circuit international des courses en montagne depuis 2003 je commence à connaître du monde.
Pour souffler un peu des courses à fort enjeu sportif, j’ai participé pour la première fois au trail du Colorado à la Réunion au mois de juillet, de belles vacances sportives. Je remporte cette épreuve exotique sur une île que je connaissais déjà et dont j’apprécie les douceurs et la qualité de vie. Puis j’ai participé au Nid d’Aigle, une course mythique et historique que je me devais de cocher à mon palmarès. Il y aussi eu les crêtes Vosgiennes en Alsace, un territoire que j’aime beaucoup et où je me rends très souvent pour courir. Les ambiances de course sont toujours extraordinaires.
Autre point fort de la saison, mon titre de vice-champion de France de trail court au Sancy au mois de septembre. Une belle bagarre avec Cédric (Fleureton) où le dénouement s’est joué dans la dernière montée où Cédric part à 200 ou 300 m du sommet. Mais cette belle seconde place a pleinement effacé ma déception d’Annecy.
Pour clôturer la saison, il y a eu aussi d’autres beaux déplacements. Ma victoire à la Gapencîmes reste importante pour moi car c’est une région de coeur et où je me vois bien vivre un jour. Sous un climat plus chaud et ensoleillé que Rhône Alpes, nous retrouvons 6 à 7 fois par an les parents de Julia et mon frère qui vivent dans la région. Je ne saurai oublier le trophée Vanoni en Italie une de mes courses fétiches. Un beau relais tricolore avec mes équipiers Thibaut Imbert et Guillaume Girma, une belle victoire et de beaux moments de partage. C’était vraiment super de vivre ça avec eux surtout que Guillaume fait ses premiers pas à l’international, et j’apprécie mon rôle de capitaine et le fait de pouvoir lui prodiguer mes bons conseils. Enfin un raid multisports au Brésil, le Rochyman, m’a fait découvrir un nouveau coin de la planète, une belle expérience mais brève et une 6ème place à la clé avec une équipe 100% française.
De manière générale même si je suis passé à côté de mon objectif principal à Annecy, la saison 2015 reste très positive teintée de beaux voyages à l’international et de beaux podiums.
Lepape-info : Pourquoi un passage chez Hoka pour la saison 2016 ?
J.R : Jusqu’à maintenant Hoka avait une image très connotée ultra. Mais depuis peu ils ont la volonté de développer un groupe compétitif sur court, que ce soit en trail, sur route ou en triathlon. Et comme je correspondais bien au profil de coureur recherché, ce fut une belle opportunité qui arriva au bon moment. D’un côté je me retrouvais moins dans la dynamique Adidas dont la marque est davantage tournée sur les grands sports, alors qu’Hoka est une marque 100% running à laquelle je peux apporter ma pierre à l’édifice. J’ai vraiment été bluffé par leurs produits très innovants, surprenants et très compétitifs. C’est un beau challenge et de collaborer au développement des produits sera une composante très enrichissante. Nous avons la possibilité d’effectuer des retours tests. La collaboration avec le groupe Hoka est la proximité des responsable de la marque à Annecy est un atout indéniable. »
Lepape-info : Quels seront tes objectifs 2016 ?
J.R : En course de montagne, j’ai prévu comme bien souvent le doublé Championnat de France et Championnat d’Europe. Je voudrais faire aussi un marathon cette année. J’espérais Paris au mois d’avril mais j’ai un petit souci avec un tendon qui me tiraille encore. Etant donné que ma préparation a été quelque peu perturbée, j’ai préféré remettre ce projet à l’automne. Pourquoi pas le France à Tours ?
En trail, j’envisage de participer à quelques courses de Sky Running comme en Italie (le Fletta Trail et Giir di Mont près du lac de Côme), puis certainement le France à Saint Martin de Vésubie, avant de conclure par un long au mois d’octobre, soit les Templiers soit le Sky Running de Limone au lac de Garde, je ne sais pas vraiment. Mais de manière générale j’ai toujours un calendrier de courses très « sage » où je cible mes courses. J’évite de trop me disperser pour ne pas me griller. Je recherche à faire des courses qui ont un intérêt sportif ou alors de découvrir de nouveaux horizons car je suis toujours avide de nouveautés et de grands espaces.
Lepape-info : Où en es-tu dans ta préparation ?
J.R : Je reprends bien mais je privilégie les séances sur sols souples plutôt que la route pour éviter de trop tirer sur mes tendons. Aujourd’hui j’intègre davantage d’entraînement croisé avec du vélo ou du vtt. Depuis quelques saisons ma préparation a beaucoup évolué en fonction des objectifs (un poil plus longs parfois), de l’âge et des éventuelles blessures. J’ai la chance de ne jamais avoir été arrêté trop longtemps hormis en 2011/2012 pour une opération au calcanéum. Mais aujourd’hui j’oscille sur un volume de 10 à 15 heures par semaine, très qualitatif avec 3 séances de qualité, 1 séance de renforcement musculaire et une d’endurance, le plus souvent en vélo. Mon nouveau terrain de jeu dans l’ouest Lyonnais s’y prête bien. Je vis à Grezieu la Varenne.
Julien Rancon en bref :
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Né le 18/11/1980 au Puy en Velay
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Taille : 1m71
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Poids : 57-58kg
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Vit à Grezieu la Varenne (69)
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Profession : coach Sportif
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Situation familiale : en couple avec Julia Combe (Team Terre de Running)
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5 principaux résultats : Champion de France de course en montagne 2007-2012-2013-2014, Champion de France de trail 2010 (court)- 2011(long)-2013(court), 3ème Championnat du monde de Trail 2013, 3ème Championnat d’Europe montagne 2006,
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3 meilleurs souvenirs en course de ta vie : Premier titre de champion de France en 2007, Première médaille internationale individuelle en 2006, ambiance Trofeo Vanoni
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Pire moment de galère : Oublié
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3 résultats 2015 : Vice champion de France course en montagne, Vice Champion de France Trail court, vainqueur Ventoux
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3 objectifs 2016 : France et Europe de course en montagne, marathon
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Nombre d’entraînement / semaine : 5 à 12
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Club FFA si licencié : EA Grenoble 38
Ton dernier film au cinéma : Le dernier film c’était Chocolat avec Omar Sy mais j’ai eu la chance de voir Free To Run en avant première, un film historique sur la course à pied et le Spiridon, avec des images du marathon de New York. Un très beau film que je recommande vivement. C’est très émouvant et ça te prend aux tripes.
Ton dernier livre : 1 BD sur Zatopek, encore l’histoire de la course à pied.
Ton plat préféré : Gourmand de nature, j’aime les desserts sucrés avec du chocolat.
Ta destination de rêve : Amoureux des grands espaces ce serait l’Afrique du Sud ou la Nouvelle Zélande. J’ai eu l’occasion d’y aller pour des Championnats du Monde de course en montage mais j’aimerais redécouvrir ce pays en profondeur.
Un sportif que tu apprécies : Maurice Manificat, le meilleur fondeur français actuellement, j’aime sa personnalité.
De manière générale tu aimes : la course à pied, la nature, la montagne et partager cette passion avec les autres
Tu n’aimes pas : les défauts de l’homme comme l’hypocrisie, le mensonge et les tous les excès en général
L’avis de Julien Chorier, capitaine de route du Team Hoka :
« J’ai rarement côtoyé Julien sur des courses car ses limites longues sont très proches de mes limites courtes. On a donc peu couru ensemble. On s’est rencontré sur des cross qui me permettaient de lancer ma saison lorsque lui était déjà très performant. Son aisance à survoler la boue est vraiment impressionnante. Sinon, je me retrouve un peu à travers sa manière très sérieuse, méticuleuse de se préparer. Je pense qu’il pousse encore plus dans les détails que moi pour arriver au top sur ses objectifs, il ne laisse rien au hasard. Malgré ce côté très « calculateur », il est vraiment passionné du sport, de la course à pied, du trail. Pour rester à un aussi haut niveau si longtemps il faut vraiment être très bon dans son approche. Depuis quelque temps, de par son passage à Chambéry puis à Hoka, j’ai appris à connaître une personne qui sait également sortir du cadre pour passer un bon moment et profiter. Je suis vraiment heureux qu’il rejoigne l’aventure Hoka pour apporter son expertise sur les distances plus courtes. Il va pouvoir tirer les jeunes vers le haut et ça, c’est top. Bonne saison Julien. »
L’avis de Christophe Aubonnet, Team Manager chez Hoka One One :
« Avec un nom connu comme le sien et le palmarès qu’il a, Julien peut passer pour un “ancien pas loin de la retraite”. En réalité il a commencé à performer au plus haut niveau très jeune et finalement, côté course à pied, il a encore de très belles années devant lui. Avec ses qualités naturelles, son expérience et son réalisme, il va encore aller chercher de belles perfs et surprendre à sa manière, c’est certain. Et c’est bien dans son excellence de coureur-puncheur que HOKA veut accompagner Julien. La marque est effectivement connue pour son héritage ultra-trail mais des modèles typés trail court, kilomètre vertical, triathlon et même des pointes d’athlétisme existent déjà. Que Julien ait été convaincu (et même bluffé) par plusieurs modèles c’est une belle confirmation. Qu’il ait accepté de rejoindre le team HOKA, d’entrer en collaboration étroite avec l’équipe de développement et de nous accorder sa confiance est une sacrée reconnaissance. Au delà de l’athlète, j’apprécie l’homme qui, tout en étant pointilleux et très pro, sait aussi prendre la vie du bon côté, prendre soin de son entourage et distiller avec humour d’excellents basiques d’entrainement (voir les videos ‘HOKA Tricks’ sur la page facebook du team HOKA et sur youtube). »