L’école de ses enfants est à 800 mètres de la maison. « Alors il faut vraiment une très bonne excuse pour ne pas y aller à vélo ». On le comprend vite, le sport fait partie de la vie de Didier Guillemet. « J’ai toujours été coureur. J’aime tout ce qui touche à l’outdoor. Le VTT, l’escalade, le kayak des mers, etc…. J’ai envie de le partager avec mes enfants, de leur faire découvrir la nature par le biais du sport ». Sa femme, elle, « court pour son plaisir, aime la randonnée, et fait de la gym avec ses copines ». Mais dans sa famille, Didier l’avoue, il fait figure « d’extra-terrestre ».
Parce qu’à 43 ans, celui qui travaille depuis 2008 en tant que commercial chez The North Face, va se lancer dans une aventure hors norme. « Une première expérience en solitaire » : la traversée des Pyrénées en courant, depuis Banyuls jusqu’à Hendaye, en 14 étapes. 700 kilomètres, 42 000 m de dénivelé positif.
Didier Guillemet habite en Loire Atlantique, autant dire loin des montagnes. « J’ai la chance d’avoir des parents qui m’ont fait goûter au ski dès mon plus jeune âge. Je ne suis pas du tout un alpiniste, mais j’ai soif d’escapades, de plus en plus ». Ce projet qu’il a en tête depuis « trois ou quatre ans », il ne l’imaginait pas ailleurs que dans les Pyrénées. D’abord pour le côté « nostalgique », car c’est souvent là qu’il a été et continue d’aller skier. « Et puis je trouve qu’il y a une saveur d’authenticité, un côté sauvage que l’on ne retrouve pas dans les Alpes. Il y a aussi le fait de relier une mer et un océan, c’est vraiment sympa ».
Un peu plus de 15 jours avant son départ programmé pour le 24 juin, l’aventurier avait du mal à cacher son excitation. « Je me sens bien, je suis assez serein, parce que j’ai bien réfléchi à ce projet. Mais je suis aussi anxieux, parce que ce n’est pas mon métier, c’est une passion ». Bien sûr, il a de l’expérience en matière d’ultra. Il a notamment bouclé la Diagonale des Fous en 2004, l’UTMB en 2006, ou encore la CCC en 2010 et 2011. Mais « je n’ai jamais accompli une telle distance. Le gros point d’interrogation, c’est quelle sera la réaction de mon corps face aux efforts répétés ». Autre paramètre essentiel : la récupération. « Mes journées débuteront vers 6 heures, juste après le lever du soleil. L’objectif c’est d’arriver vers 16 heures, au maximum à 18 heures pour pouvoir bien dormir ensuite. Mais pendant la journée, je ne me priverai pas de m’allonger si j’en ressens le besoin. Et je veux aussi essayer de profiter du paysage ». Avant de rentrer dans le vif du sujet, il essaie donc « de dormir le plus tôt possible le soir pour avoir de longues nuits de sommeil. Mes quinze derniers jours sont axés sur la récupération. Et je veux aussi être bien mentalement au moment du départ. Alors je passe notamment du temps en famille ».
Pendant sa traversée, il faudra gérer une « forme de solitude ». Didier Guillemet se prépare à courir ses étapes seul. En revanche, il bénéficiera d’une assistance tout au long de son défi. « Je serai suivi par 5 personnes et deux camping-cars en permanence. On se retrouvera sur des points définis à l’avance. Je pourrai alors avoir des vêtements de rechange, de la nourriture, et surtout un soutien moral ». La plupart des nuits se passeront d’ailleurs en camping-cars. Une est tout de même prévue dans un refuge non gardé, et deux autres en bivouac en montagne. « Parce que j’avais à cœur de tester mon matériel « en live » ».
Dans son projet, Didier Guillemet a bénéficié du soutien de son entreprise qui a notamment consenti sans difficulté à des aménagements de son emploi du temps. Il estime aussi avoir été « bien épaulé ». Le parcours a été dessiné par Nicolas Darmaillac. « Il y a deux ans, il a tenté la traversée des Pyrénées en 9 jours. Malheureusement, une blessure l’a contraint à abandonner. Mais j’ai eu la chance de l’accompagner un peu. Ca m’a fait prendre conscience de certaines difficultés. Il a construit l’itinéraire en fonction de ma capacité physique. C’est assez réconfortant pour moi, c’est quelqu’un en qui j’ai totalement confiance ».
Didier Guillemet affirme se lancer dans ce défi « sans pression. Je n’ai rien à prouver à personne. Je n’ai pas d’objectif de record. Pas de souci de chrono. Mon seul impératif, c’est d’accomplir une distance chaque jour ». C’est donc une « aventure sportive personnelle ». Mais pas seulement. Il y a aussi un aspect humanitaire, au profit de l’association Zaza Tiana.
Cette association pour laquelle œuvrent Didier et son épouse, « soutient financièrement un orphelinat de jeunes filles à Madagascar. Depuis 7 ans, nous avons versé 25 000 euros. Et nous savons au centime près à quoi sert cet argent ».
Didier compte donc profiter de sa traversée des Pyrénées pour communiquer sur cette association. Il a aussi lancé une opération spéciale baptisée « 1 kilomètre pour 5 repas ». Objectif : « financer chaque kilomètre de la traversée, moyennant des dons d’un minimum de 2 euros par kilomètre ».
Les jeunes filles de Madagascar occuperont certainement une part des pensées de Didier Guillemet lorsqu’il sera au cœur de la chaîne des Pyrénées. De même que sa propre famille, restée en Loire Atlantique. Ses enfants seront en vacances le jeudi 5 juillet. Le 6, ils prendront la route du Sud Ouest pour tenter de suivre la dernière étape de leur père. « Quand je pense à une possible arrivée victorieuse avec toute ma famille, je me dis qu’il y aura un flot d’émotions énorme ». Arrivée prévue le samedi 7 juillet, à Hendaye. A peine le temps de savourer que Didier reprendra le chemin du travail, dès le lundi suivant.
Pour suivre l’aventure de Didier Guillemet : www.trail-pyrenees2012.com