Course à pied chez les enfants : un développement des aptitudes aérobies ?
Les parents passionnés de course à pied posent souvent la question suivante : si je fais faire du running à mon fils ou à ma fille dés l’âge de 8-10 ans, va-t-il ou va-t-elle développer les qualités d’endurance spécifiques à la réussite en course à pied ?
Les entraîneurs et les médecins peuvent répondre affirmativement sans se tromper d’autant que notre société actuelle n’incite pas les enfants à bouger. Notre mode de vie autour des écrans (télévision, jeux vidéos, ordinateurs, etc.) est responsable d’une terrible sédentarité chez un Français sur deux. Les enfants inactifs souffrent de surpoids et se déconditionnent à l’exercice. Il est donc plus que nécessaire d’orienter et soutenir tous les enfants dans la pratique des activités sportives. Si les différents paramètres qui déterminent la VO2 Max sont en grande partie génétique, le fait de pratiquer du sport, et notamment des sports d’endurance, avant et pendant la puberté va permettre de développer et entretenir les qualités physiologiques qui font les bons coureurs à pied.
Course à pied chez les enfants : quelles précautions sur le plan cardio-vasculaires ?
Les enfants, au contraire des adultes, ne pratiquent pas la course à pied en restant dans les intensités modérées en mode continu. Ils courent toujours à intensité élevée ou maximale et sur le mode intermittent. Ils sollicitent donc très fortement leur système cardio-respiratoire. De ce fait, les recommandations actuelles des sociétés savantes (médecine du sport, cardiologie du sport) sont claires : lors de la consultation médicale préalable à l’obtention d’une licence, un électrocardiogramme de repos devrait être pratiqué dés l’âge de douze ans. Cet électrocardiogramme permettra d’éliminer une maladie du muscle cardiaque, la myocardiopathie. Il s’agit d’une maladie d’origine génétique qui n’est pas rare et qui risque d’être révélée par le sport à haute intensité.
Entraînement chez l’enfant : comment ne pas se tromper ?
A cet âge , l’enfant est et doit rester un enfant, à cet âge on ne s’entraîne pas, on joue et on s’amuse !
Pour des raisons physiologiques et psychologiques, la grande majorité des enfants lorsqu’ils jouent ou lors d’activités physiques qu’ils pratiquent avec plaisir ne raisonnent pas en termes de VMA, ils courent, sprintent, sautent, marchent, accélèrent, sont à fond et donc très souvent s’exercent à des pourcentages élevés de leur VMA et même le plus souvent au-delà.
Il n’est donc point besoin d’en rajouter. A éviter absolument : le travail de durée sous forme continu sur piste ou dans un périmètre réduit.. Aux parents et éducateurs d’être assez malins pour trouver des jeux (sports collectifs, grands jeux en nature) et des formes de course à pied ludiques suffisamment longues pour glisser des périodes d’intensité modérée sur plusieurs minutes entre deux périodes d’intensité élevée. Il faut alors se montrer fins stratèges et égayer une sortie par des jeux intermittents qui vont permettre aux enfants de s’échapper de la monotonie du travail d’endurance. Commencez par des séances de 15 mn une fois par semaine en veillant bien à son équipement (surtout les chaussures), puis deux fois par semaine. Il est primordial de garder le côté ludique et l’envie afin qu’il éprouve toujours du plaisir et ne vous dise pas dans quelques temps : « la course à pied c’est barbant ». Rappelez vous aussi que jusqu’à 12 ans, il est important que l’enfant goûte à différents sports avant de se spécialiser s’il le désire.
Le contenu des séances
Au niveau de l’entraînement, vous pouvez alterner entre des sorties sous forme continue entièrement en aérobie (adaptée à l’âge et ne devant pas dépasser 20mn dans sa durée) et celles où vous pouvez lui demander d’accélérer sur des distances allant de 100 mètres à 400/500 mètres voire le faire travailler sous forme intermittente sur du 30/30 (30 s vite – 30 s lent) pendant 5 à 6 mn. Si vous lui faites répéter cet exercice du 30/30 faites une pause entre les deux de 5 à 6 mn. TRES IMPORTANT et à ne pas négliger car extrêmement ludique et divertissant : les exercices pour améliorer la foulée, la pose des appuis, les jeux d’équilibre voire de gainage afin d’agrémenter la séance tout en continuant à le faire travailler. Pensez toujours à l’échauffement avec des exercices d’école de course (talons fesse, montées de genoux, pas chaussés…) et au retour au calme avant de rentrer à la maison sous la forme de footing très léger ou de marche. Au niveau de la durée de course, une règle prévaut : celle de l’âge. Ainsi, il est établi que le nombre d’années détermine le temps de course sans s’arrêter et donc qu’un enfant de 8 ans même si le rapport taille /poids lui est favorable ne doit courir en terme de durée aussi longtemps qu’un enfant de 12 ans.
Les blessures spécifiques à l’enfant sportif
Pour des enfants pratiquant le sport de manière régulière les risques existent mais ne sont pas trop important. En revanche, les enfants qui pratiquent le sport de manière intensive développent des pathologies traumatiques spécifiques nommées ostéochondroses de croissance. Il s’agit de pathologie de surmenage car la répétition des mouvements entraînent des tractions inhabituelles à l’insertion des tendons sur les cartilages de croissance. Chez les jeunes coureurs, ces ostéochondroses peuvent se situer au niveau de l’insertion des tendons d’Achille sur les talons (maladie de Sever), au niveau de l’insertion du tendon du tibial postérieur sur le scaphoïde tarsien, au niveau de l’insertion du tendon rotulien sur le tibia (maladie d’Osgood-Schlatter), au niveau de l’insertion des muscles situés derrière la cuisse, les ischio-jambiers, sur le bassin. Il s’agit toujours d’une pathologie mécanique de surcharge qui va nécessiter pour guérir la diminution des charges d’entrainement, parfois l’arrêt total du sport, pendant plusieurs mois.
Les blessures du coureur surviennent aussi chez l’enfant
La course à pied est un exercice à risque sur le plan articulaire et tendineux. Les coureurs qui ont souffert de périostite ou de fractures de fatigue le savent. Ces deux pathologies peuvent très bien survenir chez des jeunes enfants qui découvrent le plaisir d’aligner les kilomètres. Les enfants, au contraire de biens des adultes, se plaignent rarement de douleurs au niveau des os, des articulations ou bien des tendons. Aussi, s’il se plaint de douleurs osseuses ou périostées qui ne passent pas en quelques jours, il est nécessaire de le prendre au sérieux et de radiographier la zone douloureuse pour éliminer une fracture ou bien un arrachement.
Sports et hydratation chez l’enfant
Chez l’enfant, comme chez l’adulte, la sensation de soif arrive tardivement mais le degré de tolérance à la déshydratation est plus court. Il est donc important de le faire boire avant même l’apparition de la soif et de lui recommander plus d’eau qu’il n’en réclame. Le plus simple est d’aménager des temps de repos réguliers pour boire, par exemple toutes les 20 minutes. Les quantités devraient être suffisantes c’est-à-dire environ 250 ml soit l’équivalent d’un verre. Au-delà d’une heure d’entrainement, il est recommandé d’associer à la boisson des glucides rapides sous forme de fruits, de compotes ou bien de biscuits. En cas de sudation importante, il peut être nécessaire de saler les boissons ou bien les aliments. En cas de séances longues, quotidiennes ou répétées, il est intéressant de peser l’enfant régulièrement. Ces pesées permettront d’évaluer le degré de déshydratation.
Sports d’endurance et nutrition de l’enfant
Les activités physiques en général et les sorties longues en particulier sont d’excellentes occasions pour éduquer l’enfant ou l’adolescent sur le plan nutritionnel. Ils doivent vite reconnaître les différents types de nutriments (glucides, lipides, protides, vitamines, minéraux), leur devenir dans l’organisme ainsi que leur importance lors de l’activité physique.
Les règles de l’équilibre alimentaire chez l’enfant ne sont pas très différentes de celles recommandées pour les adultes. Il est pourtant nécessaire de porter une grande attention aux collations, ou en-cas, pendant les activités physiques car ces entrées alimentaires vont amener de l’énergie chez les enfants qui ont peu de réserves. Ces collations doivent être aussi prévues dans la demi-heure qui suit l’arrêt de l’effort. L’objectif est alors de favoriser la récupération et d’éviter les sensations de faim ou de fatigue qui sont, chez les enfants, des signes précurseurs d’hypoglycémie.
Entrainement intensif et troubles psychologiques de l’enfant
Une pratique trop précoce ou trop intensive peut induire des troubles psychologiques dont la variété n’a d’égale que la complexité. La course à pied induit bien souvent la recherche des limites physiques et psychologiques. Ce mode de fonctionnement peut être responsable d’addiction au mouvement, de troubles du comportement alimentaire et de l’image du corps, de problèmes relationnels entre parents et enfants, de relation d’emprise par entraîneur. Les enfants poussés vers le sport intensif ne sont pas à l’abri d’un épuisement physique et psychique responsables d’un « burn out sportif » ou bien même d’une véritable dépression.
Les signes du surentrainement chez l’enfant et l’adolescent
Les parents et les entraîneurs qui suivent ces enfants ayant une pratique intensive se doivent de savoir repérer les signes du surentrainement : troubles du caractère et du sommeil, plaintes concernant la fatigue ou les douleurs de l’appareil locomoteur, baisse de l’appétit et amaigrissement, inquiétudes inhabituelles, diminution de la gaieté et perte de la joie de vivre. Tous ces symptômes doivent inciter à diminuer la fréquence, la durée et l’intensité des entrainements.
Course à pied chez l’enfant : les quatre conseils du médecin du sport
– Les effets des activités physiques et sportives, et notamment de la course à pied, sont toujours bénéfiques sur le plan du développement physique, psychique et social de l’enfant.
– Pourtant, comme en toutes choses, il faut savoir raison garder. La mauvaise tolérance à l’entrainement est toujours possible. La fatigue, les blessures, les troubles du caractère et du sommeil, les problèmes relationnels sont des signes qui doivent alerter les parents.
– Les enfants aiment être accompagnés et soutenus mais il n’est pas toujours facile pour les parents de s’impliquer en gardant la bonne distance par rapport aux résultats. Essayons de ne pas être des parents excités ou fanatiques, laissons les enfants décider s’ils veulent pratiquer la course à pied de manière intensive ou bien en compétition.
– Restons des parents supporters en privilégiant les mots clés du sport chez l’enfant : plaisir, convivialité, variétés des activités, récupération, respect des décisions des entraîneurs ou des organisateurs de course à pied.