Paris, lundi 25 juin 2012, il est un peu plus de 14 heures. Le ciel est bleu, la température agréable. Ginette, Nicole et Hélène rejoignent le Bois de Boulogne, accompagnées par leur « coach », Marie-Laure Heris. Cette ancienne danseuse, chorégraphe, est également éducateur médico-sportif. Et comme tous les lundis depuis plusieurs semaines, elle emmène ce petit groupe pratiquer la course à pied pendant plusieurs dizaines de minutes.
« De toutes petites foulées d’abord, juste pour s’échauffer ! Libérez bien les genoux, allongez votre taille ». C’est parti, les trois gazelles tournent autour d’un lac. Un circuit d’un peu moins d’un kilomètre que chacune effectue à son rythme.
A la fin de la séance, Hélène a couru 10 minutes, marché 4 minutes, puis recouru 13 minutes. Tout le monde la félicite pour ses progrès. Quand elle parle d’elle, cette femme d’origine Polonaise souligne « son grand âge », sans avoir envie de le révéler. Elle regrette d’ailleurs de vivre dans une société où « passé 50 ans, les femmes sont dans une situation où elles ont honte de dire leur âge ». Mais en la voyant courir et s’accrocher, Hélène suscite le respect. Avant de se lancer dans cette aventure, elle n’avait d’ailleurs jamais pratiqué la course à pied. « Sauf pour attraper le bus ! », sourit-elle. Après quelques séances, elle constate les difficultés : pas facile, par exemple, de « coordonner sa respiration et sa foulée ». Ni de « dissocier ses deux bras : je cours comme un pantin ! » Son médecin lui avait d’ailleurs plutôt déconseillé de courir en argumentant : « Vous allez vous fatiguer ! » Mais comme ses acolytes, Hélène apprécie de pouvoir « se dépasser ».
Ginette, qui a bouclé 3 tours en s’arrêtant une seule fois, complète : « Ce que j’aime, c’est quand j’arrive à ce petit moment où je me dis que je n’en peux plus, et pourtant je continue. C’est très important pour le moral. C’est un moment d’exaltation. Il faut trouver la limite entre ne pas trop forcer, et se laisser aller ». A 65 ans, elle le reconnaît, courir lui demande « un effort » pendant lequel elle ne prend pas toujours du plaisir. Mais après, si. « Il pleuvait lors de notre dernière séance. Hé bien, c’est finalement celle après laquelle je me suis sentie le mieux ! »
Lors de ses quatre premières séances aux côtés de Marie-Laure, Ginette a beaucoup travaillé ses appuis et sa respiration. « Maintenant, elle ne tape plus des pieds, constate la coach. On ne travaille pas l’endurance. J’essaie de les aider à trouver leur rythme, à placer leur respiration. A libérer leur cage thoracique pour retrouver de la mobilité dans les côtes ».
« Pour moi c’est libérateur, sourit Nicole. Depuis que j’ai pris conscience que j’avais des côtes, je suis bien plus à l’aise !». Cette assistante ressources humaines actuellement en arrêt maladie, prend depuis plusieurs années le départ du 5 km d’Odyssea. « Les premières fois en marchant, puis en courant ». Elle a fait de l’athlétisme quand elle était adolescente. Du sprint. « Et puis la vie a fait que j’ai arrêté. Il a finalement fallu cette maladie pour que je refasse du sport. Je me suis dit que ça m’aiderait. Et ça m’aide ! Tant physiquement que moralement ».
Toutes trois l’affirment : courir en groupe les motive. De même que le fait de préparer La Parisienne. Ces 6 kilomètres qu’elles ne savent pas trop comment aborder. « Pour l’instant, je ne m’imagine pas courir cette distance sans m’arrêter, confie Ginette. Mais je me dis « pourquoi pas » ! Ca va être amusant ». « En voiture, mon mari m’a montré à quoi correspondaient 6 kilomètres, raconte Nicole. Waouh ! » Elle parle de boucler la course en 30 minutes, avant de se raviser : « C’est peut-être trop élevé comme objectif, non ? » « Ne te fixe pas encore de temps, lui répond Marie-Laure. On fera un test pour se rendre compte ».
De retour au Théâtre de Neuilly, siège de la CAMI Sport et Cancer*, tout le monde a le sourire. Une première belle victoire. Il leur reste un peu plus de deux mois d’entraînement avant de prendre le départ d’une première course, aux côtés de 26 000 femmes.
Info plus
Dans le cadre du partenariat entre La Parisienne et la CAMI, le défi « Sport et Cancer » a été lancé pour aider des femmes atteintes d’un cancer ou en rémission à franchir la ligne d’arrivée de la course.
Des cours (payants) sont donnés tous les lundis de 13h30 à 14h30.
Rendez-vous au Théâtre de Neuilly-sur-Seine (92), au 167 av Charles de Gaulle
Plus d’informations sur le site de La Parisienne
*La CAMI (devenue Fédération Nationale Sport et Cancer) est une association loi 1901 fondée en 2000 par le docteur Thierry Bouillet, cancérologue, et Jean-Marc Descotes, ancien karateka de haut niveau. Elle délivre un Diplôme Universitaire Sport et Cancer à l’université Paris 13. Objectif : former les acteurs du monde sportif à une prise en charge sécurisée, ludique et efficace de patients touchés par le cancer. Plus d’informations sur le site de la CAMI.