Où chercher ces précieuses informations ?
Aujourd’hui, de nombreux travaux scientifiques observent et retranscrivent l’entraînement de champions, en ski de fond, en cyclisme ou encore en course à pied.
Parfois ces études ne s’intéressent qu’à un seul sportif [1,2]. Mais d’autres fois elles compilent les données de plusieurs athlètes évoluant au très haut niveau [3-6].
Par ailleurs, d’autres documents, non validées scientifiquement, viennent compléter ces sources d’informations [7,8]. Ainsi, il est possible actuellement, de se faire une idée assez précise des tendances d’entraînement adoptées par les sportifs de l’élite.
Du volume puis de l’intensité
C’est assez clair, les athlètes d’endurance, à haut niveau, travaillent principalement selon une planification traditionnelle : d’abord du volume en endurance puis davantage d’intensité à l’approche de l’objectif [3-8].
Ci-dessous, vous pouvez par exemple voir l’évolution de l’intensité au fil des semaines pour trois cyclistes visant le podium sur le Giro (en vert l’endurance, en jaune les intensités intermédiaires et en rouge les très hautes intensités) :
Faire plus d’endurance au départ puis augmenter l’intensité semble, en effet, assez logique puisque le volume a basse intensité a tendance à améliorer les mécanismes de récupération [9]. Et la haute intensité peut agir comme un « booster » des performances.
Peu de séances suffisent pour induire une progression rapide (mais le potentiel de progression à ces hautes intensités semble quelque peu limité dans le temps) [10].
Mais ne pensez qu’il s’agit là du seul modèle d’entraînement valable. Des études ont en effet montré qu’un entraînement de type inversé (commencer par un volume faible et des intensités élevées) peut se montrer tout aussi efficace pour améliorer les performances, notamment anaérobies [11,12].
Mais encore une fois, à haut niveau, la planification traditionnelle est largement plébiscitée (ce qui n’exclut pas des exceptions à cette « règle »).
La distribution de l’intensité
L’entraînement polarisé* ou pyramidale** est la norme à très haut niveau [3-6]. Cela signifie qu’une très large part de l’entraînement est consacrée à la stricte basse intensité (en dessous de seuil 1).
En moyenne, les sportifs d’endurance vont réserver seulement 1 à 3 séances par semaine au travail spécifique 5,6.
Et cela pour deux principales raisons :
La première est que la haute intensité induit une fatigue importante et expose davantage au risque du surentraînement 13.
La seconde est que la basse intensité est un stimulus efficace pour améliorer l’endurance au sens large et la récupération [10].
Concernant les volumes d’entraînement, cela varie d’un sport à l’autre. Mais globalement, les élites de l’endurance approchent très souvent les 1000h d’entraînement par an (800-1200h pour les cyclistes sur route par exemple) [5,6]. Notons par ailleurs un volume moyen un peu plus faible pour les marathoniens (500-700h) à cause notamment du risque de blessure accru avec la répétition des chocs [6].
*l’entraînement polarisé signifie ≈ 80% de basse intensité, ≈5% d’intensité intermédiaires, ≈ 15% de haute intensité.
**l’entraînement pyramidal signifie ≈ 80% de basse intensité, ≈15% d’intensité intermédiaires, ≈ 5% de haute intensité.
Quid de l’entraînement par bloc ?
Traditionnellement, l’entraînement se décompose en cycles axées sur le développement d’une ou plusieurs qualités. Ces cycles durent en moyenne plusieurs semaines et adoptent en général un cadre plutôt répétitif. Mais il existe une approche différente appelée « entraînement par bloc ».
On propose alors des cycles d’une à deux semaines maximum avec une concentration de la charge ou de l’intensité.
Par exemple, quand l’approche traditionnelle nous invite à réaliser trois semaines avec deux séances d’intensité hebdomadaires (six séances en tout), l’entraînement par bloc propose, lui, une semaine avec quatre séances intensives + deux semaines de récupération avec une seule séance difficile (six séances en tout également).
Cette dernière approche a déjà montré de très bons résultats 14. Pourtant, on l’a retrouve encore assez peu au très haut niveau (ou alors seulement sur certaines séquences). Là encore, l’approche est plutôt traditionnelle. Sauf peut être dans le cyclisme, où les courses à étapes et la multiplication des stages de préparation font tendre plus naturellement vers un modèle par bloc [4].
Une régularité
Ce que l’on peut aussi noter lorsque l’on zoome sur l’entraînement de certains champions [6-8] c’est que les semaines se succèdent… et se ressemblent !
Pas toujours bien sûr et cela dépend aussi des sports (l’entraînement du cycliste parait moins routinier avec l’enchaînement des stages et des courses).
Mais globalement la régularité semble être une clé de voute de la haute performance. Finalement, être un champion c’est aussi épouser cette routine. N’oublions pas qu’il faut en moyenne une dizaine d’années pour atteindre le très haut niveau 6.
Si vous vous lancez dans l’aventure, ne cherchez donc pas de raccourci, il n’en existe pas. Par contre, soyez prêt à travailler, avec régularité et sur le long terme.
Une individualisation
Enfin, relevons également les différences qui peuvent exister dans l’approche de ces champions. Même si les grands principes sont les mêmes, la préparation d’Eliud Kipchoge n’est pas identique à celle de Kilian Jornet, de Mikel Landa ou de Nils Ven Der Poel [4,6-8].
Lorsque l’on se plonge dans le détail de leur entraînement, il saute rapidement aux yeux que ces sportifs ont façonné leur modèle de performance à leur image. Autrement dit, ils s’écoutent, beaucoup, et ils construisent leur entraînement en fonction de leurs besoins propres et aussi de leurs envies !
Conclusion
Il apparait donc que les meilleurs sportifs d’endurance s’entraînent en suivant, la plupart du temps, des grands principes communs.
Cela signifie-t-il que les sportifs amateurs doivent suivre ces mêmes principes ? Dans une certaine mesure, oui, bien sûr.
Mais il faut aussi garder en tête qu’il n’existe pas un seul chemin vers la performance et qu’adapter l’entraînement à sa personne et au contexte est essentiel.
Les champions peuvent donc être des sources d’inspiration. Mais ils ne doivent pas non plus nous faire oublier les particularités du sport de haut niveau, nécessairement différentes de celles du sport amateur.
Et si vous désirez aller plus loin à propos de la planification dans les sports d’endurance, vous pouvez retrouver ici la formation en ligne de Cyclisme Performance à ce sujet : https://formation.cyclisme-performance.com/construire-son-entrainement-la-planification-annuelle
Bibliographie
[7].https://mtnath.com/training2022/