Couple : vivre avec un conjoint allergique au sport, oui c’est possible !

Quand ils se sont rencontrés, Émilie Jacquot-Claude et son mari Julien avaient un mode de vie diamétralement opposé, proche de la caricature.

D’un côté, la demi-fondeuse de 19 ans était alors interne au CREPS de Nancy, où elle s’entraînait tous les jours et se battait contre l’anorexie. De l’autre, l’étudiant en audiovisuel de 22 ans était fumeur, bon vivant et passionné de jeux vidéos.

« C’est un « viandard » qui n’a jamais accroché à aucun sport, mais avec une bonne constitution qui lui permet de manger sans grossir, décrit affectueusement Émilie. Moi, j’évoluais dans un environnement très sportif et je ne mangeais ni gras ni sucré. Quand il est venu me chercher au CREPS la première fois pour aller au restau, c’était vraiment comique ! Mais 16 ans plus tard, nous sommes toujours ensemble, mariés et parents de deux enfants… »

 

Pour réussir à s’aimer et à cohabiter malgré des modes de vie très différents, Émilie et Julien ont dû consentir à certains compromis.

« Les week-ends, c’était parfois assez tendu parce que je ne pouvais pas venir aux repas avec les copains à cause des compétitions. On en a discuté, il l’a accepté mais j’ai aussi dû faire des concessions parce que le sport n’est vraiment pas son truc, explique l’athlète de 35 ans, qui excelle désormais sur les plus longues distances. J’ai notamment fait une croix sur les stages, parce qu’ils occasionnent de trop longues absences pour la vie de famille. Et lors des championnats de France, je m’arrange pour arriver le jour-même de la course afin de limiter au maximum la durée des déplacements. »

 

Malgré une disponibilité réduite pour sa carrière sportive, la naissance de deux enfants n’a pas entamé la passion d’Émilie, qui a même battu la plupart de ses records ces trois dernières saisons.

« Mon mari a peut-être espéré que je freine un peu avec les enfants, mais huit mois après la naissance de notre fils, j’étais au départ du 3 000 m des championnats de France après avoir allaité 20 minutes avant la course !, sourit-elle. Ce jour-là, Julien est même venu au stade pour s’en occuper, preuve qu’il n’est pas réfractaire au sport ni aux sportifs. D’ailleurs, c’est lui qui a suggéré que mon entraîneur devienne le parrain de notre fille… »

 

La plage pour elle, la rando pour lui : à chacun sa tannée !

À table, la pratique sportive d’Émilie n’a pas de conséquence sur la vie de famille la plupart du temps.

« Je ne fais pas 50 plats différents, sauf avant un marathon où je prépare un repas normal pour mes enfants et mon mari, et un truc à part pour moi, avec plus de féculents et moins de gras, par exemple », précise celle qui a mis 2h52 lors de sa première expérience sur 42,195 km.

 

Pour les loisirs, en revanche, chacun doit y mettre du sien.

« Je n’ai pas réussi à donner à Julien le goût au sport ou à l’activité physique. Les balades en forêt, c’est pas son truc, mais ça me va très bien vu que j’ai mon entraînement à côté. Ça me fait une pause, analyse-t-elle. Par contre, en vacances, c’est une tannée pour moi de rester tout l’après-midi sur une plage, et pour lui de prendre sa paire de chaussures pour faire une rando dans les Alpes, mais il fait l’effort. »

 

Quant à l’éducation de leurs enfants, Émilie et Julien sont tombés d’accord sur l’importance de pratiquer un sport.

« On est sur la même longueur d’ondes avec mon mari, confirme Émilie. Nos enfants n’étant pas hyper calmes à la base, il est conscient qu’ils en ont besoin l’un comme l’autre. »

 

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Parfois, la passion du sport parvient à gagner le partenaire jusque-là étranger à toute pratique sportive. C’est le cas de Gérard Luche, féru de course à pied de longue date, qui a transmis le virus à sa femme Dani.

« Jusqu’à l’âge de 40 ans, elle n’était pas sportive, alors je lui ai proposé de se mettre à la course pour partager un peu mon univers, se souvient-il. Après quelques séances à alterner marche et course, elle y a rapidement pris goût jusqu’à courir quatre fois par semaine, parfois à 12 km/h ! »

 

S’ils ne courent pas souvent tous les deux, Gérard et Dani ont déjà participé à quelques courses ensemble et pratiquent souvent le ski de fond en vacances. Ils prennent aussi plaisir à regarder les marathons à la télé.

« Je suis plus passionné que Dani, qui court plus pour garder la forme que pour le chrono, mais ça nous fait un centre d’intérêt commun, apprécie Gérard. Elle m’a toujours accompagné sur les compétitions. Et elle ne m’a jamais empêché de sortir courir le soir, ni fait la tronche quand je rentrais tard pour manger après l’entraînement du dimanche matin, contrairement à plusieurs de mes camarades qui se faisaient gronder par Madame… »

 

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À vélo ou en mode supporter : d’autres manières de partager la passion de la course…

Près de Lyon, Rémi Blutte et sa compagne Noémie ont eu plus de difficulté à trouver un terrain d’entente lorsque l’entraînement de Monsieur a commencé à l’accaparer de plus en plus. Après deux ou trois marathons en dilettante, le désormais trentenaire s’est alors lancé dans une préparation plus intensive afin de casser la barrière des trois heures.

« Quand on s’est rencontrés, il courait un peu mais ça ne m’empêchait pas de le voir. Mais lorsqu’il s’est mis à courir cinq fois par semaine, ça faisait un peu trop… Je ne le voyais plus beaucoup », témoigne Noémie. Pour passer plus de temps avec elle, Rémi lui propose alors de se mettre, elle aussi, à la course. « Je lui ai trouvé une jolie paire de chaussures neuves et j’ai essayé de l’emmener avec moi à la fin des séances longues de deux heures et plus, quand ça prenait vraiment du temps. C’était aussi un moyen de lui faire partager ma passion. »

 

Mais tout ne s’est pas passé comme prévu.

« J’avais envie de me bouger et de passer plus de temps avec Rémi, mais je n’étais pas du tout sportive, en tout cas pas à l’aise avec la course à pied, confie Noémie. J’ai bien essayé, mais même en m’accrochant, j’étais au bout de ma vie après un kilomètre ! »

 

Finalement, le couple a trouvé une solution grâce au vélo, qui permettait à Noémie de suivre Rémi sur certaines sorties.

« Ça fonctionnait bien : elle s’oxygénait sur les quais du Rhône et me servait de lièvre pour m’aider à tenir les séances sur les bonnes allures », témoigne Rémi.

 

La jeune femme a aussi pu partager et apprécier la passion de son amoureux lors des différents marathons auxquels il a participé, endossant même le dossard de supportrice en chef pour tous les membres de la famille venus l’encourager au marathon de Paris 2016.

« Sur cette course, elle s’est vraiment prise au jeu en entraînant mes proches d’un métro à l’autre pour me voir courir sur 3 ou 4 check-points définis en amont, se souvient Rémi, qui a alors atteint son objectif sur la distance (2h59). Elle avait soigneusement préparé le parcours et mettait la pression à tout le monde pour arriver à temps… Elle était au taquet ! D’ailleurs, c’est une des seules fois où elle a mis ses chaussures de running (rires) ! »