Le vélo à la montagne, l’hiver, c’est possible !

Un cycliste reste un cycliste, et une fois en vacances, la simple vision des montagnes les plus splendides donne des fourmis dans les jambes. Parfois aussi, l’absence de neige sur les pistes ne laisse aucun choix. Dans la petite commune de Montgenèvre, on a tout prévu. A la lisière de la frontière italienne, la station qui organisa le premier concours de saut à skis en 1907, propose de nombreuses options pour aller se dégourdir les jambes même quand les manteaux blancs n’ont pas encore recouvert les vallées. Une partie des pistes de la station a servi de portions pour des tracés lors d’épreuves de coupe de France de descente. Evidemment, le premier vacancier venu aura bien du mal à escalader ces pentes, même encore recouvertes de verdure. Qu’on se rassure, ici, comme sur de nombreuses stations, tout est prévu. Tout d’abord les remontées mécaniques permettent d’embarquer les fameux fat-bike, ces vélos tout terrains aux énormes pneus grâce auxquels même un non initié franchira sans mal cailloux, neiges et même certaines parties glacées.

Mais les sportifs, on les connait, vont vouloir tout de même se jeter en selle à l’assaut des montagnes sans passer par les remontées mécaniques. Précisons- le tout de suite, pour escalader une piste comme celle de Suffin en simple VTT, il faut une condition physique sérieuse et un entraînement conséquent. Difficile d’envisager ainsi la visite des pentes de Chalvet en famille. Mais heureusement, l’homme a inventé l’assistance électrique et chez de nombreux loueurs comme chez Generation Bike on peut louer ces sympathiques bécanes et surtout se voir proposer et encadrer de sympathiques balades. Comme un peu partout l’ESF s’est mis à l’écoute de ses 30 % de vacanciers hivernaux qui ne skient pas, et propose des prestations similaires.

Attention, on le redit, le vélo électrique n’est pas une mobylette, le VTT assisté à ses particularités (voir notre test) et certains passages nécessitent des efforts qui, certes, restent raisonnables. Les cyclistes avertis, et notamment les routiers, seront surpris par la pédalée spécifique. La machine monte jusqu’à 400 watts en complément de ceux émis par le cycliste : c’est-à-dire que si vous en émettez 50 le moteur (en mode turbo, le plus élevé des 4 niveaux d’assistance proposés) va en fournir 350. Mais si vos jambes en émettent 300, le moteur ne comblera que de 100. Il importe donc, oui, d’en faire un minimum ! L’astuce : mouliner de manière très rapide dans les passages difficiles, mais ne surtout pas émettre de force, de ne pas écraser les pédales. Ils sont nombreux comme, Sven, notre guide du jour, VTTiste accompli, à nous avoir raconté ce genre d’anecdotes : « La première fois alors que je m’asphyxiais sur une partie difficile, ma femme, qui pratique peu le vélo, m’a doublé tranquillement ! »

Le début de la montée est un peu abrupte, mais une fois la pédalée spécifique assimilée on passe sans problème, même les petits passages enneigés. On s’émerveille ensuite à redécouvrir sur des lacets verts et blancs, l’ascension montagnarde en mode hivernale. Même assisté électriquement, le moulinage reste excellent pour le cardio, surtout à près de 2 000 mètres d’attitude. La resdescente rappelle les descentes VTT, la prudence demeure de mise et on reste interdit en imaginant que les concurrents de la coupe de France de descente ont passé ces portions à 65 km/h.

Evidemment, si les pistes sont très enneigées, la redescente par la piste bleue du Haro sera plus compliquée et il faudra davantage opter pour le Fat Bike. Dans des vallées avoisinantes, on propose même des randonnées de nuit. Attention, ici comme dans la plupart des stations, l’utilisation des pistes à deux-roues n’est autorisée qu’en « après –ski » c’est-à-dire après les horaires dévolus aux skieurs. Restent ensuite évidemment toutes sortes d’options pour se balader au gré des vallées splendides que se partagent italiens et français. La piste dite des marcheurs  permet d’emprunter en VTT les pistes de ski de fond, sur un espace double emploi : l’été il sert de golf, un 18 trous, divisés en deux parcours de 9 (l’un en territoire italien, l’autre en France). De là de splendides itinéraires, accessibles à tous permettent de traverser la vallée en tous les sens, et même d’aller s’offrir des arrêts un peu moins sportifs, et on a bien du mal à trouver les mots pour vous décrire ce plateau de charcuterie piémontaise qu’on s’est offert à Clavières dans cet italien exceptionnel « I Gran Bouc ».

Mais l’effort, malgré l’assistance électrique, fut conséquent, et le retour au grand air facilite les digestions. On en oublierait presque que la météo n’est pas très clémente et que tout le monde ici attend la neige. C’est moins un souci pour les cyclistes : neige ou pas, les possibilités de s’exercer en ces cadres majestueux restent multiples.