Peut-on glisser des séances de natation dans un entraînement de traileur ?
Cette question revient souvent pour des coureurs qui par nécessité de se préserver sur le plan anatomique et fonctionnel sont adeptes de l’entraînement croisé. Mais il convient de faire le point entre activités complémentaires et activités croisées, même si tout cela n’est qu’une question de choix de vocabulaire. Les activités croisées sont toutes les disciplines dont les effets d’entraînement sont transférables au trail, et reconnus comme bénéfiques. Il s’agit du vélo, du VTT, des disciplines nordiques (ski de fond, ski de randonnée, ski alpinisme, raquettes, patinage), du roller, de la marche, du renforcement musculaire (lire trail, quel renforcement musculaire) … Autrement dit, toutes les disciplines impliquant un travail cardio-vasculaire en endurance, et une sollicitation des membres inférieurs.
Par activités complémentaires, on entend toutes les disciplines dont les effets sont bénéfiques pour la santé, donc pour l’amélioration de la performance à long terme, mais non directement transférables, comme le yoga ou la natation. Prenons donc le cas de la natation.
Pour un athlète non entraîné ou débutant, la pratique de la nage va améliorer sa consommation d’oxygène (prélèvement, transport, distribution), mais le transfert à la course sera limité pour des raisons musculaires. Le mouvement des jambes en natation, quelle que soit la nage, est fort différent de celui de la course. Ce ne sont pas les mêmes muscles sollicités ni les mêmes régimes de contraction. La natation est un sport porté, la course ne l’est pas !
Pour un coureur bien entraîné, la natation n’aura pas d’effets bénéfiques directs, sur le plan physiologique. Pire, si la pratique de cette activité dépasse les 2 séances par semaine, la fatigue générée peut nuire à la pratique et à l’assimilation des autres entraînements. Cette absence de transfert entre natation et course, tout comme entre natation et vélo, a été mise en évidence par le Pr Grégoire Millet, ex-triathlète international, actuellement directeur de l’ISSUL à Lausanne.
Pour autant, doit-on déconseiller à un trailer ou à un routard de pratiquer la natation ? La réponse est non car une séance hebdomadaire peut avoir des effets bénéfiques sur les plans psychologique et donc physiologique. La respiration est un élément clé en natation et trop souvent négligée par les coureurs. Bien respirer avant et pendant l’effort diminue le stress et améliore la cohérence cardiaque, tout en favorisant la cascade de l’oxygène de l’air ambiant aux muscles.
Autre avantage, le milieu aquatique, par sa forte résistance, est le lieu idéal de la réathlétisation. Cette fois, pas de nage, mais de la course avec une ceinture lestée, sans choc au sol. Une fois habitué, tous les types de séance sont possibles, même le fractionné, avec un véritable travail musculaire et cardiaque.
L’hiver étant là, une séance hebdomadaire de natation est donc un plus dans la préparation d’un athlète, mais elle doit apporter plus de bien-être que de fatigue.