Germain Peltier Origole

Au cœur du petit Trail (30 km) de l’Origole (78), le 6 décembre 2014

Ayant envie de finir l’année 2014 sur une bonne course, c’est tout naturellement que je m’inscris sur l’Origole, un trail référence en Ile de France qui a lieu tous les deux ans, tant l’organisation est lourde. En effet, l’Origole ce sont trois courses, trois distances sous forme de boucle avec comme base de vie un grand gymnase rempli de traileurs. Un 31km, un 51km (31+20) et un 80km (31+20+30) sont au programme cette année.

Si l’Origole est une course particulière par son format, ce qui la rend encore plus dure, ce sont les conditions climatiques et le tracé qui se déroule le plus souvent possible dans la boue…. De la boue, de la boue, voilà ce à quoi il faut se préparer pour bien réussir cette épreuve…et aussi courir de nuit, une des choses que j’aime le plus.

Je me suis inscrit sur le 31 km car je voulais essayer de « faire une place » et pourquoi pas la première. J’avais des raisons d’y croire compte tenu de mes dernières séances. Et puis, 50 km après une journée de travail, ça fait beaucoup trop…

Objectif : ne pas partir trop vite et accélérer dans les dix derniers kilomètres.

Le départ est donné à 22h06, je décide de suivre la tête de course pour ne pas prendre trop de retard. Après un kilomètre de route nous voilà dans le premier bourbier, je fais attention à mes appuis et j’enlève mes gants car il ne fait pas si froid. Nous traversons les étangs pour aller rejoindre le massif forestier où nous allons nous promener, je regarde derrière et je vois le spectacle magnifique des 750 frontales qui volent dans la nuit. Premier chemin en forêt. Enfin non, l’Origole c’est une trace, pas un chemin, parce que c’est plus drôle. Nous nous sommes détachés à quatre coureurs et ne sommes rapidement plus que trois après les premières montées. Comme je suis bien, je décide de ne surtout pas m’affoler, je laisse les autres faire le rythme, sur une partie roulante à plus de 15km/h je m’accroche car je sais que dans les chemins je vais plus vite. Alors je gère, je m’alimente bien. Surtout en eau, car par ce froid on peut vite « cramper », donc pas de prise de risques. Nous arrivons au premier pointage au 13ème km, je suis au top, les jambes répondent parfaitement, mes compagnons paraissent bien aussi.

Nous partons groupés du pointage, je décide de prendre la tête sur une partie de route en montée, mais encore une fois je ne force pas car je sais que la route est encore longue, nous passons de bourbier en bourbier, de single track en single track, un vrai grand tracé de trail. Profitant d’une côte bien raide et repartant sur un bon tempo en haut, je décroche le plus jeune de mes compagnons, nous ne sommes plus que deux en tête au 16ème km. Je pense toujours à avoir une bonne alimentation, les jambes sont bonnes, je n’ai aucun mal à suivre le rythme de mon adversaire. Je suis tellement bien qu’au 18ème km à la faveur d’un faux plat descendant dans la boue, je le décroche. En bas, je tourne à droite pour attaquer une longue côte, je m’aperçois qu’il est vraiment moins bien que moi alors je décide d’accélérer le rythme pour essayer de finir seul.

Germain Peltier OrigoleSorti de cette côte, je maintiens mon rythme, j’arrive dans des parties plus plates mais pas roulantes du tout car il y a beaucoup de boue. Je me force à manger un dernier gel et une pâte de fruit pour prévenir le coup de moins bien. Je ne me retourne pas en me disant que l’arrivée est devant et qu’il faut tout donner pour y arriver le premier. Nous passons encore dans des petits singles où je suis très vigilant pour ne pas me tordre la cheville. Au 26ème km je reconnais les étangs, je rentre sur une portion de route où je décide de mettre le rythme qu’il me reste. Je regarde mon chrono, je suis à 14 km/h, je sais que suis parti pour la gagne.

Je tourne à gauche, dernier passage dans un single dont l’organisation a le secret et je retrouve le chemin déjà emprunté au départ. Je vous laisse imaginer l’état du bourbier après le passage de 750 furieux. Je ne force pas pour ne pas tirer de crampes, j’entends que je me rapproche de la route, la victoire est assurée.

J’arrive sur les derniers kilomètres, je suis heureux, je vais gagner l’Origole trail 31 km, me voilà dans le gymnase. C’est fait, je suis le premier concurrent à franchir la ligne en 2h16mn (voir les résultats complets), proche des 14 km/h de moyenne je n’en reviens pas ! J’ai beaucoup d’émotion car je reviens de loin suite après un arrêt et faire une aussi bonne course était pour moi est un rêve. Je remercie tout le monde avec le micro du speaker et je file à la douche après l’arrivée du deuxième et du troisième.

En résumé, je ne peux qu’être content de cette course. Gagner après tant d’effort à l’entraînement fait toujours plaisir, mais c’est certainement de ma gestion de course dont je suis le plus satisfait, je n’ai pas eu d’affolement, je me suis bien alimenté, j’ai su partir au bon moment pour gagner avec de bonnes jambes et certainement que mon habitude de course de nuit m’a servi pour ne pas trop puiser dans mes réserves.

Enfin, pour moi, il est impensable que cette course ne figure pas d’ici deux à trois éditons (et non pas deux à trois ans puisqu’elle a lieu que tous les deux ans) parmi les courses les plus relevées d’Ile de France voire de France, tant son organisation est irréprochable. Un accueil au top, un gymnase organisé pour que chacun ait de la place, un balisage sur la course incroyable, un ravito de fin de course conséquent, bref un grand bravo au bureau d’organisation mais aussi à tous les bénévoles qui restent en pleine nuit dans le froid alors qu’ils seraient tellement mieux dans leurs lits. Vraiment bravo à vous, je reviendrai dans deux ans. D’ici là, en ce qui me concerne, rendez-vous sur les cross…. ça va aller beaucoup plus vite !