Philippe Trouvé : objectif GR 20 aller-retour en moins de 120 heures !

Pas question d’envisager s’attaquer au record du GR20 détenu par Kilian Jornet. Alors Philippe Trouvé, ultra traileur de 43 ans, a décidé de se lancer un défi hors norme : l’aller-retour sur ce redoutable chemin corse, en 5 jours maximum.

Philippe Trouvé GR20

La première fois qu’il a mis les pieds en Corse, c’était en 2002, avec sa femme. « On a beaucoup aimé. Et j’ai couru la Via Romana que j’ai trouvée particulièrement sympa ». Philippe Trouvé a alors commencé à s’intéresser au GR 20, ce sentier de randonnée réputé pour sa difficulté et qui traverse l’île du Nord au Sud. « Je l’ai testé en 2007, fin mai, mais ma tentative a été avortée par des chutes de neige. J’ai arrêté par sécurité ». Et puis en 2009, Kilian Jornet a battu le record du GR 20, bouclant le parcours en 32 heures 54 minutes et 8 secondes. « A mon niveau, je ne pouvais plus faire grand-chose de marquant. C’est là que l’idée a commencé à germer. Je me suis dit : pourquoi pas l’aller-retour ? Ça n’a jamais été fait, et ça doit être faisable ».

Cinq années ont passé, et depuis, lui qui est représentant qualité, sécurité et investissement dans une tonnellerie, a convaincu et rassuré ses proches. « J’en ai d’abord parlé à ma famille, notamment ma famille. Au début, mon entourage n’était pas très chaud. Les communications sont compliquées sur le GR20. Pendant ma tentative en 2007, à un moment, ils n’avaient pas eu de mes nouvelles pendant plus de 4 heures. La condition, c’était donc que ce soit organisé de façon semi-professionnelle voire professionnelle. Ensuite, tout le monde a adhéré. Les membres de ma famille sont très impliqués ».

340 kilomètres et 24 000 m de D+

Si impliqués qu’une équipe de seize personnes – dont son épouse, sa fille de 11 ans et son fils de 14 ans – va suivre l’aventure à ses côtés. Car c’est donc cet été que Philippe Trouvé va tenter de venir à bout de son défi. Après une journée de travail le vendredi 4 juillet, il quittera samedi 5 son village de Sablons en Gironde, partira en avion pour la Corse, et sera à 00h01 dans la nuit du dimanche 6 au lundi 7 au départ du GR20. Devant lui : 340 kilomètres et 24 000 mètres de dénivelé positif. Qu’il espère avaler en cinq jours. « C’est l’idée de base. Dans mon programme, la vitesse moyenne est calculée pour 100 heures, explique-t-il. Cela laisse donc une marge. Mais le but, c’est de le terminer. Car quoi qu’il en soit, ça n’a jamais été fait. Il n’y a pas de temps à battre ».

Deux amis pompiers professionnels, ultra traileurs et donc « habitués à la gestion de l’effort », se relaieront à ses côtés, de sorte que Philippe Trouvé ne courra jamais seul. Et se « contentera » d’environ un kilo et demi sur le dos. « Eux sont là pour m’aider à tenir le rythme, m’ouvrir le parcours, et porter plus d’eau et de matériel que moi ». Autres points logistiques : les onze zones de ravitaillements sur lesquelles il retrouvera des membres de son assistance et une « nourriture normale, avec notamment des pâtes », et la balise GPS qui permettra à ceux qui le souhaitent de suivre sa progression en direct.

Lui qui a reconnu la partie Sud du parcours, lors de ses dernières vacances en Corse, sait que la beauté du paysage ne fait pas oublier les difficultés. « C’est une région accueillante d’un côté mais hostile d’un autre », sourit-il.

Coureur depuis une vingtaine d’années, il se limite à « deux à trois compétitions par an. J’aime être bien préparé, me sentir prêt pour faire quelque chose de correct ». Sa préparation pour ce challenge, il l’a réellement débutée en février, avec les 24 heures solo du Grand Brassac Hivernal Trail où il a terminé cinquième après 145 kilomètres. « Je voulais voir comment je gérais la fatigue, l’alimentation, la course de nuit. En plus les conditions étaient extrêmes avec beaucoup de boue. Ça s’est très bien passé. J’étais fatigué, mais pas entamé ». Une belle expérience pour celui qui jusque-là, n’avait couru « que » 100 kilomètres, avec 5 000 mètres de dénivelé, lors de sa victoire sur le Grand Raid des Dentelles du Ventoux en 2013 (voir les résultats).

« Ma seule appréhension serait le sommeil, autrement dit savoir si je vais le gérer comme je le voudrais ».

Habiter près de Libourne n’est évidemment pas un avantage pour qui veut travailler son dénivelé. Mais l’homme a appris à ruser. « Ma plus grosse côte près de chez moi, c’est 60 mètres de dénivelé. En faisant une séance pendant 3 heures à monter et descendre, je peux cumuler 1 200 m de D+. Et puis j’arrive à avoir 400 m de D+ dans mon jardin en montant et descendant un banc, comme si j’étais sur un escalier, avec 8 kilos sur le dos. Je fais ça pendant 45 minutes, ça forge le caractère parce que c’est très monotone ». Ajoutez à cela des séances de VTT, du home trainer et de l’électrostimulation pour un entraînement qui a atteint 12 à 15 heures par semaine entre mars et mi-mai, période d’activité réduite dans son entreprise.

A quatre semaines du grand départ, l’ultra traileur confiait ne pas avoir « d’appréhension particulière » avant de compléter : « La seule, ce serait le sommeil, autrement dit savoir si je vais le gérer comme je le voudrais ». Sur l’ensemble du parcours, il a prévu 14 heures de pause, fractionnées en petites portions, la plus longue étant de 3 heures à la fin du trajet aller. « Mais cela reste sur le papier de façon théorique, il faudra s’adapter aux aléas ».

Avec cette aventure, Philippe Trouvé en profite pour participer à une étude sur le sommeil menée par Grégoire Millet, chercheur en physiologie du sport. Il compte aussi faire partager son expérience au travers de photos et vidéos. « Parce qu’il n’est pas question de garder tout ça pour nous, c’est un projet participatif ». D’ailleurs, il avait invité les volontaires à l’aider à financer son projet (dont le budget se situe entre 4 500 et 5 000€) en achetant les kilomètres de son parcours. Un kilomètre pour 10 euros. « Le budget est quasi finalisé », sourit l’aventurier. Mais sur les 340 kilomètres mis en vente, une centaine peut encore être achetée. Pour qui souhaiterait apporter sa pierre à l’édifice…

Pour plus d’informations et suivre son aventure : le blog de Philippe Trouvé

1 réaction à cet article

  1. Un grand bravo et un profond respect.

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