Cyclisme : Pourquoi faut-il tourner les jambes à vélo ?

Un peu de biomécanique

Tout d’abord, il faut savoir que la puissance exercé sur la pédale, celle qui nous permet de nous propulser, est le produit de la force par la vitesse ou plus précisément, du couple de force par la vitesse angulaire au niveau de l’axe de la pédale. La puissance s’exprime en Watt (W), le couple de force s’exprime en Newton par mètre (N.m-1) tandis que la vitesse angulaire s’exprime en Radian par seconde (Rad.s-1).

Tourner davantage les jambes revient donc à augmenter la vitesse que l’on exprime plus couramment en rotation par minute (rpm) et permet donc de diminuer la force (ou plutôt le couple de force) appliqué sur l’axe de la pédale pour une même puissance donnée. Par exemple, à 400W, un coureur qui tourne les jambes à 70rpm devra produire une force de 312N tandis que le coureur qui tourne les jambes à 100rpm devra produire une force de 218N.

Puis de physiologie

Lorsque l’on tourne les jambes l’alternance contraction-relâchement des muscles des membres inférieurs est accélérée et donc le besoin en oxygène est plus important. Afin de répondre à ce besoin, l’irrigation sanguine musculaire doit être majorée ce qui explique une augmentation de la fréquence cardiaque.

« Puisque la stratégie qui consiste à tourner les jambes est plus exigeante d’un point de vue cardio-respiratoire, pourquoi devrais-je opter pour celle-ci ? » me direz-vous.

En fait, la diminution de la force exercée permet, d’une part, d’économiser les muscles des membres inférieurs en rendant l’exécution du geste moins traumatisante, et d’autre part de limiter la stase veineuse à l’origine d’une accumulation des toxines au niveau musculaire. En effet, l’irrigation sanguine étant accélérée, l’élimination des déchets tels que l’acide lactique l’est également.

Par répercutions, tourner les jambes permet non-seulement d’augmenter la capacité à rouler vite longtemps mais également celle à contraindre davantage les muscles économisés jusque-là, lors d’accélérations violentes quel que soit le moment de la course. Deux éléments primordiaux pour performer en compétition.

Et un soupçon de technique

D’autre part, la vélocité peut s’avérer encore plus importante dans certaines situations de courses. Lorsqu’il y a un fort vent frontal ou latéral, lorsque l’on entre sur un secteur pavé ou dans un ribin (chemin de terre emprunté par l’épreuve du Tro Bro Leon en Bretagne), il est important de rester très véloce. Cette motricité va permettre au coureur de garder un bon équilibre et donc de conserver ses trajectoires malgré les obstacles que représentent les différents éléments. Il adoptera certaines trajectoires plus facilement et corriger rapidement des itinéraires involontaires.

Enfin, on peut rajouter que l’adoption d’un pédalage souple en fréquence permettra d’économiser les tendons qui risquerait à la longue, ou dans certaines conditions favorables à l’apparition de tendinopathies, d’être lésé par des tensions trop importante.

Les raisons de pédaler de manière véloce et souple sur la durée sont donc multiples. Le développement de cette qualité est donc primordiale pour le cycliste en quête de résultats. Il s’agit parfois d’un apprentissage de longue haleine dont beaucoup d’entre nous n’ont jamais eu conscience de l’importance. Dans un prochain article j’expliquerai comment développer cette cadence de pédalage par divers exercices impactant sur la coordination musculaire. Quel que soit votre âge ou votre profil, il n’est jamais trop tard pour bien faire. Alors n’hésitez pas à vous y atteler.