Le STRESS dans la vie quotidienne et chez le sportif

L’issue de la compétition, en termes de classement, de performance et de plaisir, ne dépend pas uniquement des qualités physiques. Sur le plan mental, la gestion du stress est une habileté incontournable qui permet la pleine exploitation du potentiel de l’athlète. Mais pour maîtriser une habileté, il faut en comprendre les ressorts et les enjeux. Pour ne plus subir, pour prendre le contrôle, et pour développer des compétences transversales (travail, examens), il est donc nécessaire de maîtriser les tenants et les aboutissants du stress. Commençons par définir le stress et les enjeux de la compétition sportive.

Une réponse plutôt qu’une émotion

Le stress est inhérent à la compétition sportive. Si certains athlètes en souffrent, d’autres l’utilisent pour atteindre une performance physique et mentale optimale. La gestion du stress avant, pendant, et même après les compétitions, constitue donc un paramètre important de la performance sportive. A haut niveau, cela est même déterminant. Pourtant, l’apprentissage des stratégies de gestion du stress est largement ignoré par les athlètes et leurs entraîneurs, aux dépens de la performance et du bien-être.

Fig 1 : Syndrome Général d'Adaptation - d'après H. Selye 1956
Fig 1 : Syndrome Général d’Adaptation – d’après H. Selye 1956

Il est donc primordial de comprendre les mécanismes du stress pour en prévenir les effets négatifs et élaborer des stratégies gagnantes. Hans Selye, endocrinologue canadien (1907-1982), définit le stress comme “une réponse de l’organisme à toute demande ou sollicitation exercée sur cet organisme”. Il décrit cette réponse comme le Syndrome Général d’Adaptation (SGA) (fig1).

Lazarus et Folkman (1984) complètent ce modèle en précisant que le stress est l’évaluation cognitive de la situation par l’individu. Le stress est donc à la fois un stimulus, une réponse biologique, et la perception d’une inadéquation entre la demande de la tâche et les ressources de l’individu. Le stress est différent de l’anxiété qui est une émotion. Il doit bien s’entendre comme un mécanisme de réponse pouvant amener différentes émotions, dont l’anxiété. Sur le plan physiologique, un événement stressant déclenche des réactions en chaîne aboutissant à des secrétions hormonales (adrénaline, noradrénaline, dopamine) permettant la fuite ou le faire face. On parle de stress positif si la mise en œuvre des ressources psycho-physiologiques de l’athlète équilibre la demande. Cette activation génère la performance. Si au contraire la demande (l’agent stressant) dépasse les ressources de l’athlète, le stress est dit négatif.

FIg 2 : relation performance/stress

Ce schéma peut être complété par la figure 2 qui montre l’utilité de la maîtrise du stress qui est la base même de la mobilisation de l’énergie et donc de la performance.

 

S’adapter et agir ou … mourir

L’environnement du sportif est en constant changement. Les réactions neurophysiologiques du stress permettent une mise à disposition des ressources individuelles pour s’adapter et agir. Ces ressources ont permis à nos ancêtres de s’enfuir devant les prédateurs. Face au danger, les secrétions hormonales (les catécholamines) entraînent une accélération du rythme cardiaque, un ralentissement de la digestion, une augmentation de la tension musculaire … Ce séisme physiologique permet une réaction rapide engageant la survie de l’individu.

Mais aujourd’hui, et qui plus est dans le sport, la nature de la situation stressante a changé puisque la vie de l’individu n’est plus directement mise en jeu. Le stress peut agir de manière continue et répétée en amont de la compétition puis de manière aiguë le jour J, mais la fuite n’est pas admise !

La pression des agents stressants induit des désordres physiques et psychologiques plus ou moins importants selon l’individu et affaiblit son système immunitaire jusqu’à l’épuisement dont la phase ultime est le burn out*.

 

En lien avec cet article : 10 Astuces pour chasser le « mauvais stress » avant la course !

 

Les stresseurs dans le monde sportif

L’incertitude de la compétition est le stresseur principal mais il n’est pas le seul. La répétition des entraînements, la situation financière, l’environnement sportif et familial, les partenaires, les medias pour les professionnels, la mise en question de l’ego, la souffrance … sont des sources de stress récurrentes selon les individus et les situations. Dans un même contexte, certains athlètes fuiront ou seront sous pression alors que d’autres seront bénéfiquement stimulés.

 

Les signaux indicateurs de stress

Les signaux d’alarme sont de diverses natures : physiologique, somatique, émotionnel, cognitif et comportemental. L’entraîneur comme l’athlète doivent être sensibilisés et attentifs.

Signaux physiologiques : fatigue installée, troubles du sommeil et de l’appétit, baisse de la libido, baisse de l’immunité…

Signaux somatiques : maux de ventre, maux de tête, difficultés respiratoires (oppression, asthme), tensions musculaires, troubles digestifs, eczéma …

Signaux émotionnels : Baisse de la confiance en soi, démotivation, désinvestissement de la tâche, pensées limitantes, irritabilité, nervosité, colère, panique …

Signaux cognitifs : troubles de l’attention et de la concentration, incapacité à mémoriser, erreurs dans les jugements et les décisions…

Signaux comportementaux : tics, hyperactivité ou apathie, agressivité, consommation accrue d’excitants … et dopage.

 

Caricature "Burn Out"

* Le Burn Out

L’“athletic burnout” a été défini par Smith (1984) comme un  « retrait psychologique et physique d’une activité en relation avec un stress excessif ou une insatisfaction.» Ce modèle met en relation les facteurs de la situation sportive, l’évaluation cognitive du sportif, et ses réactions physiologiques et comportementales, chacune des composantes étant sous l’influence de la motivation et de la personnalité. Dans ce genre de pathologie, la rémission peut être très longue.

En conclusion, il faut retenir que nos croyances, c’est-à-dire nos représentations internes du monde, sont parfois en décalage avec la réalité extérieure. Si dans le sport, il est souvent impossible d’agir sur la réalité extérieure (on ne change pas l’heure du départ, les participants, le parcours …), on peut agir sur sa propre réalité interne en redevenant l’acteur principal de son existence et plus seulement un figurant. Un athlète stressé devient souvent extérieur à lui-même et se dépossède de son pouvoir d’agir sur les choses, il subit !

La semaine prochaine, nous verrons comment agir simplement et efficacement contre le stress.

 

Pour en savoir plus

Hans Selye : The stress of life, 1956. Mac Graw Hill, New York

Raedeke, Smith : Athlete Burnout Questionnaire, 2006.

Maslach. The measurement of experienced burnout. Journal of occupational behavior 1981;2:99-113.

Goodger K aa. Burnout in sport : a systematic review. The sport psychologist 2007;21:127-151.

 

En lien avec cet article : 10 Astuces pour chasser le « mauvais stress » avant la course !

 

 

 

 

 

1 réaction à cet article

  1. Bonjour, merci pour l’article. Par contre des étude ont montré que la figure 2 est vraie que dans 10% des cas . Dans 75 % des cas c’est le contraire, moins il y a de stress plus les performances sont meilleures (etude professeur Gosselin).

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