Le Covid-19 est dangereux mais notre manque de condition physique et mode de vie peuvent l’être tout autant

Nous vous l’accordons notre titre est très provocateur. S’il vous a amené à lire cet article, c’est tant mieux, car notre objectif dans ce qui suivra ne sera en aucun cas de continuer à l’être, mais d’ouvrir une réflexion générale sur notre rapport à l’activité physique et l’hygiène de vie (nutrition, sommeil, rythme de vie, place de l’activité physique, etc.). Nos lecteurs sont pour la plupart triathlètes, coureurs à pied, cyclistes ou entraîneurs sportifs, ils ne sont donc pas directement concernés par cet article. Mais tous les autres, ceux que la performance ou tout simplement l’activité physique n’intéresse pas ? Nous en connaissons tous : collègues, amis, membres de votre famille.

 

L’objectif n’est pas qu’ils fassent comme vous, comme nous, à la recherche de la meilleure performance physique possible. Mais, tout simplement qu’ils puissent vivre ces prochaines années en meilleure santé pour ainsi mécaniquement soulager notre système de santé et le personnel soignant dont le travail est mis en lumière depuis plusieurs semaines

Nous nous obligerons au maximum à nous appuyer sur des chiffres, si possible issus d’articles scientifiques à comité de lecture pour vous offrir l’opportunité de convaincre vos proches à se bouger, à prendre soin d’eux, pour eux, pour vous, pour la santé du monde et de notre porte-monnaie car bien avant l’arrivée du virus,  il a été démontré que la dette de la sécurité sociale pourrait être largement effacée par la pratique d’ une activité physique régulière de chacun, une assiette un peu plus saine et un sommeil de meilleure qualité.

 

Dans un article paru dans Le Monde, de la journaliste Sandrine Cabut, un reportage au CHU de Nice, révèle que l’IMC moyen des patients Covid actuellement en réanimation dans ce Centre est de 29 kg/m2, la corpulence normale se situant entre 18,5 et 25 kg/m2. « Parmi nos 40 patients, 95 % sont en surpoids ou obèses, avec souvent une hypertension artérielle et un diabète associés », souligne l’anesthésiste réanimateur Hervé Quintard. Au CHU de Montpellier, 45 % à 50 % des malades Covid hospitalisés en réanimation lors des premières semaines de l’épidémie présentaient une obésité cotée sévère (IMC supérieur à 35 kg/m2), voire morbide (IMC supérieur à 40 kg/m2), estime aussi le professeur Xavier Capdevila, responsable du département anesthésie réanimation du site Lapeyronie.

Le pronostic des formes sévères de Covid, qui nécessitent une réanimation, est-il plus défavorable chez les malades avec un IMC élevé, voire très élevé ? « Les résultats d’une petite série américaine sur 24 patients hospitalisés en unités de soins intensifs pour Covid-19, publiés dans le New England Journal of Medicine le 30 mars, suggèrent que le risque de décès augmente avec la corpulence, explique le professeur Ziegler. Ce qui est frappant, dans cette étude, c’est que la mortalité atteint 70 % chez les malades dont l’IMC est supérieur à 35, contre 30 % chez ceux avec un IMC inférieur à 35 ».

 

 

Surpoids, mauvaise alimentation et rythme de vie sont-ils donc un enjeu d’avenir ?

 

Rappelez-vous dans un précédent article, nous vous relations que selon l’organisation mondiale de la santé (OMS), environ 80% des cardiopathies, accidents vasculaires et cas de diabète de type 2, et 30% des cancers pourraient être évités par l’élimination des facteurs de risque que ces pathologies ont en commun : le tabagisme et/ou une alimentation inadaptée et/ou une activité physique insuffisante. En plus du drame que cela constitue très souvent pour les personnes et leur entourage, le poids de ces maladies sur notre système de santé est lui-même très important. En 2012, le rapport du haut conseil pour l’avenir de l’assurance maladie indiquait qu’environ 15 millions de français souffraient d’une maladie chronique, et que 9 millions d’entre eux bénéficiaient de l’affectation de longue durée (ALD), qui permet une prise en charge complète des dépenses de santé associées à la pathologie. En 2015, le nombre d’ALD a dépassé la barre symbolique des 10 millions. Très concrètement, cela signifie qu’un peu moins de 17% de la population française génère 61% des dépenses de santé prises en charge par l’assurance maladie.

 

L’an passé, une équipe Danoise après une étude de 46 ans sur 5107 hommes, a démontré que le niveau de VO2max mesuré (ici un âge moyen de 48 ans), mettait en exergue une durée de vie allongée et en meilleure santé pour ceux qui disposaient d’une consommation maximale d’oxygène plus élevée. Ci-dessous vous retrouvez le graphique mettant en relation le nombre de décès les années suivant le test d’effort, en fonction du niveau de VO2max (rouge = VO2max extrême basse ; orange = VO2max moyenne basse ; gris = VO2max haute ; bleu = VO2max extrême haute).  

 

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Dans notre quotidien la mesure de VO2max est l’un des indicateurs de performance pour nos sportifs de haut-niveau, car il reflètera sa capacité maximale à utiliser de l’oxygène comme énergie. Mais, pour un cardiologue il sera l’un des témoins de la bonne santé cardiovasculaire du patient, celle-ci étant associée à tout le circuit, de la ventilation, en passant par les alvéoles pulmonaires, le cœur et le réseau capillaire sanguin.

Comme « image », nous pourrons retenir de cette recherche qu’une augmentation d’un point de la VO2max était synonyme en moyenne de 45 jours de vie supplémentaire. Lorsque l’on sait à quel point il est simple de faire évoluer le système cardiovasculaire maximal chez des personnes sédentaires ou à l’activité physique faible, on se rend d’autant plus compte de la facilité à augmenter ses chances de vivre « vieux », mais surtout en bonne santé.

 

Après discussion avec quelques collègues médecins, même s’il est difficile d’écrire cette phrase car des patients ont été touchés sans « rentrer » dans l’interprétation que nous allons donner, il semble qu’en excluant les personnes très âgées naturellement plus fragiles, le virus aura été et reste dangereux majoritairement chez les personnes souffrant de maladies chroniques et de comorbidités telles qu’hypertension, obésité et diabète de type II, certaines parfois liées entre elles et surtout essentiellement contemporaines, car exceptionnelles pendant des millénaires. Un collègue a même récemment écrit un article au titre provocateur mais lourd de sens : « le Covid aurait-il autant tué il y a 50 ans » où il s’interroge notamment si le confinement aurait été nécessaire il y a 50 ans avec une population moins sédentaire ou donc si le virus aurait autant tué, en dépit des équipements modernes des services de réanimation.

 

 

Le pire est-il à venir pour les jeunes ?

 

Nous parlons donc ici en majorité de personnes adultes, voir même déjà avancées en âge. Or, en France, le taux des 5-19 ans en surcharge pondérale a doublé depuis 1975 et la courbe ne s’aplatit pas. Le surpoids et les pathologies associées augmentent quand le niveau d’activité physique suit une courbe diamétralement opposée. Les causes sont connues (transports, loisirs et emplois passifs). 

2020 sera certainement l’année avec le moins de records du monde sportifs depuis près de 100 ans, hors conflit mondial, en raison du confinement. La part d’adultes impliqués dans une activité sportive de compétition n’a jamais été si élevée, le succès des articles dans la rubrique entraînement sur le site Lepape Info en étant le meilleur exemple. Pourtant, le niveau des performances physiques baisse de façon dramatique de manière générale. La comparaison des performances lors de notre enfance, de nous jeunes adultes, comparés avec celles de nos parents est remportée haut la main par nos géniteurs, quelle que soit la qualité physique mesurée. Notre collègue Guillaume Millet rappelle dans son article que la VO2max mesurée sur une minute pendant un exercice intense a baissé de près de 0,5 % par an entre 1980 et 2000 chez les enfants. 

 

Nos autorités politiques semblent avoir pris en compte le besoin de l’être humain de se dépenser en nous accordant la possibilité de sortir 1h par jour nous « dégourdir les jambes dans un rayon de 1km » lors du confinement. 1h par jour dédié à la pratique physique, beaucoup d’amateurs de sport en seraient comblés ! Mais est-ce suffisant ? Non, bien sûr que non. Si à l’issue de cette heure nous redevenons passifs le reste de la journée pour un travail sur ordinateur et que passons notre temps libre sur les écrans (TV, Netflix, réseaux sociaux …), très clairement nous serons bien loin des besoins physiques de l’être humain. N’oublions pas que lorsque nous parlons de records sportifs ou d’accélération du progrès technologique, cela ne représente que quelques dizaines d’années sur une espèce multimillénaire. 

La population la plus proche en termes d’activité physique quotidienne de celle réalisée par les différentes évolutions de l’être humain est celle des cyclistes du Tour de France. Certes, nous poussons un peu loin la comparaison car les conditions de vie n’étaient parfois pas très confortables dans notre passé et il ne serait pas raisonnable de demander à tout citoyen de faire 150km de vélo chaque jour.

Sortis de ses habituelles sollicitations perpétuelles (école, travail, écrans, diners/apéritifs entre proches, etc.), beaucoup de français semblent avoir pris cette dérogation d’1 heure à bras le corps et se sont mis à pratiquer chaque jour où presque une activité physique. Parfois même deux fois.  Cette pratique tiendra-t-elle dans le temps après le retour progressif à notre quotidien ? Rien n’est moins sûr… Pourtant, au-delà de cet aspect difficile à percevoir, l’exercice physique est essentiel à notre équilibre et à la société.

 

 

L’être humain n’a jamais vécu aussi vieux, pourquoi donc changer nos modes de vies ?

 

Nous avons parlé de la dette de la sécurité sociale ? C’est un fait avéré, nos conduites creusent son déficit. Et pour l’espérance de vie ? Il est clair depuis des années que malgré les maladies modernes (cancers, diabètes, maladies cardiovasculaires, etc.) l’être humain vit malgré tout plus longtemps. Au-delà d’avoir un travail moins usant et à risques, l’évolution rapide de nos techniques de santé y est pour énormément. Certes, nous vivons plus vieux, mais avec une part de personnes dont la santé est fragile et soutenue médicalement, de plus en plus grande. Les différents spécialistes s’accordent sur le fait qu’avec une activité physique régulière, une nutrition relativement saine, un bon sommeil et une part de stress/anxiété abaissée, leurs services seraient moins saturés et les traitements utilisés, souvent moins puissants.

Nous savons par ailleurs que l’activité physique pourra permettre à l’écolier comme pour l’adulte, une meilleure concentration, une tolérance à la fatigue plus forte, une capacité mentale augmentée et un sommeil amélioré.

Évidemment, la nutrition aura également un fort impact sur notre journée. Le sportif l’a compris dans sa recherche de performance. Mais Mme/Mr tout le monde pourra lui aussi influer positivement son quotidien de la même façon : moins de baisses de forme, moins de virus contractés, baisse du taux de dépression ou encore meilleure qualité de sommeil.

Le sommeil parlons-en ! L’un des éléments de base de l’équilibre de l’Homme, pourtant si impacté par notre vie moderne. Imaginez que 33% de la population dort moins de 6h par jour. Si l’on se centre sur les 35-55 ans, cette part monte à 40% ! Pourtant, tout ce que nous ferons dans la journée sera impacté par notre phase de veille nocturne : vigilance, prise de décisions, concentration, anxiété/stress, comportements alimentaires, obésité, dépression, etc. Il vaut mieux que nous ne parlions pas de sa qualité car les Français et l’homme occidental en général, en a perdu une bonne partie (couchers tardifs, écrans avant de se coucher, manque d’activité physique dans la journée, etc.). Or, vous n’êtes pas s’en savoir qu’il aura un impact souvent plus puissant que le simple volume des heures qui montre déjà une dette trop forte.

 

Nous vous parlions de chiffres implacables. L’équipe de Grant Tomkinson, de l’université d’Australie-Méridionale, a analysé 50 études menées entre 1964 et 2010, évaluant l’endurance de plus de 25 millions d’enfants âgés de 9 à 17 ans et vivants dans 28 pays (des pays riches pour la plupart). Une analyse statistique a permis de comparer leur condition physique selon deux critères : quelle distance était parcourue en un temps donné (entre 5 et 15 minutes) et combien de temps ils mettaient pour parcourir une distance donnée (un demi-mile à un mile, soit de 800m à 1600m).  

Conclusion des chercheurs australiens : les enfants d’aujourd’hui courent moins vite, et moins longtemps que leurs parents ne le faisaient au même âge. Depuis les années 1970, tous les dix ans, les enfants ont perdu en moyenne 5% de leurs capacités cardio-vasculaires. Des résultats valables pour les filles comme pour les garçons, quel que soit l’âge et quel que soit le pays.

« Nous n’avons pas de données complètes avant 1975, mais cela semble être le point de basculement où les choses ont commencé à empirer. Les deux principaux coupables semblent être l’augmentation du poids des enfants et leur moindre pratique d’une activité physique prolongée et soutenue », explique Grant Tomkinson au Figaro. En effet, dans chaque pays, la perte d’endurance est associée en partie à l’augmentation du poids. « De 30 à 60% de la perte d’endurance à la course peut être expliquée par l’augmentation de la masse graisseuse », conclut le chercheur.

La prise en compte de la masse graisseuse (plus facilement mesurable par chacun par l’IMC (poids en kg/taille² en m)), restera assez prédictive du profil physique de quelqu’un en dehors de personnes très musclées et la baisse du volume d’activité physique (avec l’intensité si l’on voulait être plus précis, mais comme pour l’IMC, ayons déjà une vision globale) nous démontrent déjà l’enjeu actuel auprès de nos jeunes et futurs adultes. Nous verrons malgré tout par la suite, que pour une partie des enfants, l’IMC pourra être un indicateur faussé. Il sera à prendre en compte comme élément de santé en priorité pour les adultes et lorsqu’un enfant sortirait des standards.

 

Mais, il faudra y ajouter le temps passé en position assise qui augmente inexorablement et s’ajoute immanquablement à ce duo. Aujourd’hui, on différencie l’inactivité physique et la sédentarité, qui est le fait de rester assis. Faire du sport est une chose, mais il faudrait dans un idéal éviter par ailleurs de rester assis trop longtemps et trop souvent. Nous savons depuis les années 1990 que les personnes reproduisant la position assise de façon prolongée dans la journée ont un niveau d’inflammation et de stress oxydatif plus élevé, qui favorise diabète, hypertension, cholestérol, etc. Et cela indépendamment du niveau d’activité physique réalisé par ailleurs. Plus vous passez de temps en position assise, et moins votre espérance de vie est longue !

Il semblerait même que toutes les positions assises ne se valent pas, le temps passé assis à lire un livre semblant moins délétère que celui devant un écran de télévision.

Dans le monde de la performance nous avons clairement identifié 2 éléments : 

  1. Le volume d’activité physique dans notre jeunesse (pas dans la spécialisation de notre futur sport, mais dans une pratique très large et pas que sportive) influera sur la performance à l’âge adulte en développant toutes les qualités physiques requises à la performance.
  2. La tolérance à la charge d’entraînement demandée par le sport élite sera fortement impactée par le volume aérobie réalisé à l’adolescence, donc par une pratique où les heures ne sont pas comptées et régulières. Cette capacité à supporter la charge étant le plus souvent dépendante des capacités cardiovasculaires.

 

Or dans une population large où peu deviendront champion :

 

  • Un enfant sur deux respecte les recommandations des autorités de santé préconisant une heure d’activité physique/jour. Ces chiffres montreront une forte corrélation par la suite avec le surpoids, l’augmentation de la pression artérielle, de la glycémie et du cholestérol. 
  • Comme pour le futur sportif élite, les acquis cardio-vasculaires se feront jusque 18-20 ans, seulement nos adolescents lâchent de plus en plus et/ou de plus en plus tôt leur activité physique pour d’autres passives. Certains s’y mettront ou remettront plus tard à l’âge adulte – et c’est un bon choix qui permettra de limiter les problèmes de santé – mais clairement rien ne remplacera d’avoir été un enfant et adolescent actif.

 

Pour conforter ces constats, une équipe Britannique menée par le Dr Gavin Sandercock de l’Université d’Essex sur une population moins large de 1200 enfants âgés de 10 ans, a mené différentes mesures de performance entre 1998 et 2014. Pour la réalisation du maximum sit-pus (exercices d’abdominaux) en 30sec, les garçons n’ont fait que diminuer leurs performances en 16 ans passant de 26 sit-pus en en moyenne à seulement 15,4. Pour les filles, même courbe, de 23,9 à 10,7 réalisés. D’autres exercices ont été réalisées au fil des générations, montrant une diminution de 20% de la force musculaire et de 30% de l’endurance musculaire.

Malgré tout, l’étude indique que l’IMC est resté relativement stable durant la période de l’étude, car si les enfants pèsent un peu plus lourd, ils sont également un peu plus grands. Preuve que l’IMC n’est pas toujours un indicateur précis de santé physique, d’autant plus chez les enfants et sur une population peu large.

Sandercock déclare d’ailleurs « Comme les enfants de 10 ans d’aujourd’hui sont plus grands et plus lourds que les enfants mesurés il y a six et seize ans, nous nous attendions à ce qu’ils soient plus forts et plus puissants, mais ce n’était pas le cas ».

 

Si les chercheurs pointent évidemment du doigt la hausse de la sédentarité des enfants, qui passent de moins en moins de temps à l’extérieur et de plus en plus de temps devant les écrans, ils estiment que la tolérance des enfants à l’inconfort est également en jeu. Ces derniers ne sont en effet plus autant habitués que les générations précédentes à soulever leur propre poids, grimper aux arbres, prendre des risques et se surpasser au niveau physique, sans nécessairement la contrainte du chronomètre, mais simplement pour arriver avant son copain ou son parent en haut d’une côte en vélo, de marquer un but de plus ou de réaliser un coin de jardiner plus vite que son grand-père.

Sandercock encore : « Nous avons constaté que 80% des enfants avaient un IMC normal. Mais nous avons également constaté qu’un enfant de poids normal sur trois était inapte physiquement. La condition physique étant une meilleure mesure de la santé, ces enfants ne devraient donc pas être décrits comme en bonne santé », ajoutent-ils, comme le suggéra les courbes taille/poids de leurs carnets de santé. Ces derniers soulignent par ailleurs que l’IMC est une unité de mesure qui ne change pas selon le niveau d’activité physique (chez les enfants), à l’inverse de la mesure de la condition physique. Ils recommandent donc de prendre en compte ce critère pour évaluer plus précisément la santé de nos enfants. 

 

 

Une dernière couche ?

 

En tant que sportifs d’endurance vous aurez presque tous déjà réalisé un test d’effort ou VMA. 

Des chercheurs ont mené une méta-analyse compilant 177 études portant sur des tests physiques avec plus de 500 000 participants âgés de 9 à 17 ans. Résultat ? Chaque année de naissance, les enfants perdent en moyenne 0,35% de performance.

Et cela ne s’arrange pas. En 1971, un collégien courait en moyenne le 800m en 3min contre 4min aujourd’hui ! Vous n’êtes pas spécialistes ? Le gap est passé de 16km/h à 12km/h, un gouffre pour les professeurs d’EPS, lorsque l’on sait que leurs échelles de notation se jouent en secondes.  

Imaginez que l’Agence nationale de sécurité sanitaire des aliments (Anses) estime que 71 % des adolescents âgés actuellement de 15 à 17 ans sont considérés comme sédentaires, c’est-à-dire qu’ils passent plus de quatre heures quotidiennes assis ou couchés pendant la journée, hors temps scolaire ! 

Nos enfants ou futurs enfants sont donc très peu nombreux à faire plus que les cours d’EPS obligatoires à l’école, qui passent de 4h/sem en 6ème à 3h pour les autres classes de collège, et qu’elles ne seront plus que 2h au lycée. Alors si les parents et leurs enfants ne se prennent pas en main, clairement il y aura un manque d’activité physique très important. Encore une fois, nous ne parlons pas forcément d’avoir une licence sportive dans tous les clubs de sa ville, mais de se bouger ! 

Les étudiants STAPSIENS, censés être les plus sportifs post lycée, ont d’ailleurs connu en 20 ans une baisse de 2 à 3km/h de leur performance finale au test VMA

Vous en êtes sans doute désormais convaincu, les enfants en bonne santé ont tendance à devenir des adultes en bonne santé. Mais, au-delà de la santé, le manque d’activité physique aura des répercussions également sur les aspects motivationnels et intellectuels !

 

 

Performance, santé physique et…mentale ! 

 

Imaginez que seulement 11% des filles et 25% des garçons de 6 à 17 ans remplissent la case des 1h d’activité quotidienne recommandée pour leur santé et leur développement physique et mental.

Bien entendu les causes sont multiples et connues : environnement familial et social moins actif, écrans, plus grande difficulté à laisser sortir les enfants seuls comparativement à ce qui se passait il y a quelques dizaines d’années…mais dans le même temps certains parents auront décroché de leur rôle d’accompagnateur de façon forcé (profession) ou non (eux-mêmes sur les écrans).

 

Mais, ce n’est pas la seule explication. Beaucoup de professeurs d’EPS expliquent que leur métier a changé. Les enfants auraient moins envie de courir après un ballon, de jouer à la balle au prisonnier ou à faire le meilleur temps possible sur le parcours du cross scolaire ?

Des chercheurs ont suivi pendant 2 ans, 1200 enfants âgés de 8 à 12 ans durant leurs cours d’EPS, scolarisés dans le canton de Genève. Les mesures portaient sur des niveaux de performance, mais également des mesures motivationnelles.

Plus les enfants grandissaient, plus leur motivation pour la pratique sportive basculait des cases positives : « plaisir », « santé », « se bouger », pour des connotations négatives : « notes scolaires », « images de soi vis-à-vis des autres », « honte ».  

Mais vous le savez, les enfants sont souvent le reflet de leurs parents. Dans les études qui cherchent à savoir pourquoi certains font du sport et d’autres pas, le critère le plus déterminant est l’activité des parents. Clairement, il y a des familles sportives/actives et d’autres pas. A l’extrême opposé et avec une pointe de provocation, nous pourrions écrire que les smartphones ne sont pas tombés tout seuls dans les mains de nos chères têtes blondes. Et puisqu’il est plus compliqué de laisser nos enfants réaliser seuls leurs activités en plein air comme au bon vieux temps, il sera de la responsabilité des parents de choisir et de partager une activité extérieure ou télévisuelle. Clairement, par l’exemple qu’ils donnent, la mère et le père auront une influence sur l’avenir de leur progéniture(s). Mais pas seulement physique ou de santé.

René Descartes parlait du corps et de l’esprit comme de deux substances réellement distinctes. Comme si nous pouvions développer notre esprit ou notre corps, séparément l’un de l’autre. C’est FAUX ! Des études en neurologie l’ont démontré, le corps et l’esprit sont indissociables. Qui n’a jamais été mal dans sa tête ou dans son corps, lorsque l’un des deux va mal ? Les sportifs connaissent bien cette sensation lors de périodes de blessures, de méformes ou de coupure de l’entraînement où ils rencontrent souvent des difficultés à se concentrer à l’école ou à être productif au bureau. Et dans l’autre sens où à la suite de problèmes scolaires, professionnels ou familiaux ils ne mettront plus un pied devant l’autre à l’entraînement.

Oui, mais le temps passé à courir après un ballon ou à jouer à la marelle serait du temps perdu pour nos apprentissages scolaires ? FAUX. Il y a quelques années une étude portugaise avait comparé le niveau d’endurance physique (test navette) de 1531 enfants âgés de 12 à 14 ans avec leurs notes en portugais, anglais et sciences. Dans la catégorie des bons élèves, la part des bons sportifs l’emportait très largement sur celle des mauvais sportifs.

 

Ce sera notre mot de la fin d’un billet d’humeur où nous n’avons pas cherché à prendre position, mais d’énoncer autant que possible des faits objectifs. Si vous tenez à vos enfants, que ce soit pour leur épanouissement mental, physique ou de santé, bougez avec eux ! Ayez une pratique multiple, pas nécessairement sportive. Vous n’avez pas moins de 18 ans ? Il n’est jamais trop tard. Bien entendu l’impact sur votre santé future est moins puissant que chez les mineurs, mais tous les plus grands spécialistes médicaux s’accordent donc sur l’apport qu’aura votre hygiène de vie (activité physique, contenu de l’assiette, sommeil, anxiété/stress) sur votre espérance de vie en bonne santé.   

 

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Anaël Aubry
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Anaël Aubry Sport Scientist