JULIEN CHORIER, capitaine et Team Manager Team Hoka, double vainqueur de la Diagonales des fous
« Je me suis cassé une côte cette année et ce fut donc un repos forcé. J’ai ensuite repris en douceur quelques sorties de course à pied ou de vélo très légères. Selon le type de blessure il faut soit s’arrêter complètement soit adapter sa pratique, ce qui fut le cas pour moi. J’ai maintenu un minimum syndical car j’avais toujours l’espoir que ça se résorbe vite. Mais au final ce n’était pas l’os qui devait se résoudre mais le cartilage ce qui demande plus de temps. J’ai donc opté pour une coupure complète au moins périodiquement. Ce n’est pas grave j’ai décalé mes objectifs et j’ai mis une croix sur la Transgrancanaria en début de saison. Au final, je reprends doucement et ça va mieux. It faut relativiser ce genre de fracture se résorbe assez vite et on voit la porte de sortie contrairement à une mauvaise tendinite dont on ne connaît jamais vraiment l’issue surtout si celle-ci est chronique. C’est très rare que je m’arrête complètement mais avec du recul, je sais aujourd’hui que j’ai pris la bonne solution et je n’ai aucun regret. Il faut parfois admettre se rendre à l’évidence et la saison est encore longue ! »
LUDOVIC POMMERET, Team Hoka, vainqueur de l’Utmb 2017, membre de l’équipe de France
« 2015 fut une année un peu compliquée à gérer d’abord perturbé par un mollet puis par l’autre. J’avais beau lever le pied cela ne passait pas. J’ai du me résoudre à couper complètement durant 4 semaines et la douleur est passée comme elle est venue. J’ai ensuite suivi les conseils de mon médecin par une reprise progressive. Le plus frustrant reste de ne pas connaître la cause exacte, de ne pas savoir précisément d’où vient le mal. Au départ j’ai compensé le manque de course à pied par du vélo mais même en pédalant j’avais encore mal. J’avais bien eu des entorses mais ça se gère plutôt bien. Un peu d’immobilisation au départ puis je peux courir avec des petites attèles ou des strappes. J’ai même déjà couru la Sky race avec une attèle de confort m’obligeant à porter des chaussures différentes. Mais ces soucis au mollet je dois avouer que c’était une première. J’ai traversé de réelles périodes de doutes. Vais-je pouvoir continuer le trail ? Dois-je arrêter ? Après le mollet droit, ce fut au tour du gauche. J’étais vraiment au fond du trou. Cette période d’arrêt forcée ne fut pas simple à, gérer sur le pan psychologique. J’étais sans arrêt à l’écoute de mes blessures. Heureusement pour moi je n’ai pas que dans la course dans la vie et j’avais en parallèle pleine de choses à gérer. Entre ma famille, mes deux filles, mon travail d’ingénieur et les travaux dans mes deux maisons, je dois dire que je n’ai pas eu le temps de m’ennuyer malgré le manque d’activité physique. Puis j’ai pu reprendre en douceur. J’ai alors progressivement regagné en confiance, en travaillant la proprioception, les appuis et les descentes. J’ai toujours écouté les bons conseils de mon médecin en courant d’abord de petits footings de 30min. Maintenant les blessures sont derrière moi, ou presque ! »
CAROLINE CHAVEROT, Team Salomon, vainqueur de l’Utmb 2017 et championne du Monde en titre
« L’hiver plus compliqué car j’ai souffert d’un incroyable coup de fatigue encore inexpliqué. Peut être une sur-fatigue, ou un virus ? Malgré tous les tests possibles et inimaginables les médecins n’expliquent toujours pas la cause de cette méforme. Durant deux mois ce fut terrible à vivre et même si je commence à remonter doucement la pente rien n’est encore vraiment acquis. C’est vraiment très démoralisant à traverser. Après une saison 2017 exceptionnelle j’ai traversé le désert. Le doute s’installe quant à ma reprise j’en viens même à me demander si je vais pouvoir reprendre un jour, retrouver mon niveau initial ! La perte de confiance en soi s’installe et j’ai la terrible impression d’être mise sur la touche. Les sollicitations se font plus rares et les nuits sont cauchemardesques. C’est très dur à vivre car la tête dit oui mais le corps te rappelle à l’ordre où chaque petit effort devient une montagne insurmontable.
Dans mon malheur, je retrouve davantage de temps à consacrer à ma famille, à mon emploi d’enseignante dans lequel je m’investis pleinement, je profite de ces petits instants du quotidien sur lesquels on passe parfois à côté dans notre emploi du temps surchargé de sportive de haut niveau. Aujourd’hui je dois apprendre à dire non et à faire des choix. Pendant longtemps j’ai refusé d’écouter ces petits signaux d’alerte qui me paraissaient anodins, sans suite. Demain je serai plus vigilante, plus à l’écoute de mon corps. Je m’entraînais parfois sans envie, sans conviction sur de la fatigue, presque à reculons. Le mieux est l’ennemi du bien et je sais dorénavant qu’il vaut mieux faire moins mais mieux. Je dois maintenant réfléchir ce que j’ai vraiment envie de faire et gérer ma vie sportive, professionnelle et familiale avec davantage d’harmonie. Depuis fin mars après de longues semaines de coupure quasi totale, les jambes reviennent et j’ai à cœur de bien réussir mes coures estivales. La patience est une arme, je me rassure, l’envie revient ! »
AMANDINE FERRATO, Team Hoka, vice-championne de France de trail court, 3ème du trail du Ventoux 2017 et 1ère sélection en équipe de France pour les Championnats du Monde en Italie
« Après une belle saison 2016, j’ai contracté une vive douleur au genou. Le diagnostic n’a jamais été vraiment posé et les incertitudes quant à mon capital physique de sont vite installées. Ce qui fut dur à gérer c’est cette interruption brutale de ce rythme effréné quand tu cours tous les jours. Je rentrai le soir à la maison en me demandant presque ce que j’allais faire, comment occuper mon temps libre. Avec la perte de mon emploi et l’achat de ma maison, tous les maux sont arrivés en même temps, pas facile à gérer. Je me suis finalement résigné à faire une vraie pause salvatrice et à découvrir d’autres horizons, j’ai en autre fait du théâtre. Mais cette période fut longue à vivre car si une blessure physique avérée peut se gérer, l’aspecte psychologique de la blessure reste quant à lui bien plus compliqué. Je ne pouvais ni faire du vélo ni du vtt. Quand on pense trail, qu’on vit trail au quotidien la blessure est ce qui peur vous arriver de pire. Aujourd’hui tout va mieux car après une coupure complète j’ai repris en douceur et ça va beaucoup mieux même si parfois je ressens cette petite douleur lancinante et je reconnais être toujours à l’affût, mes sens en alerte quant à un éventuel réveil. Mais j’ai retrouvé du travail, je peux m’entraîner correctement et même à cours de préparation avec seulement trois semaines de course dans les jambes j’ai réalisé une super course au Ventoux, décrochant cette qualification inespérée en équipe de France. Je suis actuellement sur un nuage et je laisse donc la nature faire son travail, vu que la médecine reste impuissante quant à mes soucis physiques. L’avenir me dira peut être ce qu’il en est ! »