La question : Bonjour. Doit-on adapter sa nutrition par rapport à son groupe sanguin et éviter certains aliments ? J’ai un groupe sanguin O négatif et je prépare un ultra trail 4 entraînements par semaines.
Merci
Fred
La réponse de Yannick Guillodo, médecin du sport
La question peut paraître bien étrange en première lecture. Il existerait une relation directe entre les groupes sanguins ABO et l’alimentation ? Il existerait, par exemple, des aliments incompatibles pour les sujets du groupe A, d’autres aliments pour ceux du groupe 0, ….
Comme notre groupe sanguin est fixe, il faudrait alors, de sa naissance à sa mort, manger les mêmes types d’aliments ou exclure, pour toute sa vie, d’autres types d’aliments?
Cette simple idée est effrayante, non ?
En plus d’être effrayante, cette idée va à l’inverse de la pensée classique qui est : une bonne alimentation c’est « manger de tout mais de tout un peu ». Car chaque aliment a un « apport positif » et un « éventuel défaut », pour la santé. En adoptant, la formule « manger de tout mais de tout un peu » on évite les erreurs type excès et surtout certaines carences. Ce point est essentiel. Est-il logique de prendre des gélules ou autres comprimés de calcium, fer, oligo-éléments … pour ré équilibrer un manque de calcium, de fer, d’oligo-éléments … d’une alimentation déséquilibrée ? C’est un comble, non ?
En plus d’être effrayante, cette idée m’interpelle dans sa logique scientifique. Nous savons tous que le groupage sanguin n’est qu’une faible partie de notre identité. Quelle est la logique intellectuelle : pourquoi s’arrêter au groupage sanguin et même au groupe rhésus ? Pourquoi ne pas appliquer ce raisonnement au groupage HLA ? Pourquoi ne pas affirmer que, par exemple, les porteurs du HLA B 13 ne doivent pas manger de carotte ? Je caricature mais c’est pour tenter de comprendre. Chaque être est unique. Son alimentation doit-elle être unique et exclusive? Si la réponse est non, elle doit l’être aussi pour la classification des groupes sanguins, rhésus, …
Ceci étant dit, existe-t-il des aliments plus ou moins adaptés à chacun ? La réponse est oui et c’est une évidence depuis toujours. Il y a déjà une première barrière qui est le goût et la saveur (« j’aime, je n’aime pas ») puis la digestion (douleur abdominale, intolérance digestive). Il faut bien évidemment être à l’écoute de ces informations données par notre corps. Il y a, de plus, les véritables raisons constitutionnelles (allergie alimentaire, carence enzymatique, …). Il y a aussi les corrections nutritionnelles générales (obésité, régime particulier : moins de sel pour le patient hypertendu, par exemple, …) et les indications médicales plus pointues (diabète, insuffisance rénale, …). Dans tous ces cas, certaines prises alimentaires peuvent aggraver l’état de santé.
Enfin, sur les performances sportives, je suis surtout partisan d’éviter les erreurs nutritionnelles. Pourquoi changer brutalement son alimentation avant une épreuve sportive ? C’est la meilleure façon d’entraîner des troubles digestifs (relisez « Comment prévenir les troubles digestifs ? »). Ne croyez pas que telle ou telle prise alimentaire va améliorer votre capacité athlétique, mais évitez les erreurs, oui.