Il suffit de se pencher sur quelques chiffres pour comprendre les enjeux. En 2013, le marché des complémentaires pesait 1,353 milliard d’euros (distribués à 48% en pharmacies)(1), soit une hausse de 3,5% par rapport à 2012. Par ailleurs, une étude spécifique de l’équipe Nutrinet-Santé publiée en février 2013(2) montrait que 15% des hommes et 28% des femmes prenaient des compléments alimentaires au moins trois jours par semaine. Parmi les plus couramment utilisés : des produits contenant du magnésium, et des vitamines B6 et C.
Un peu de vocabulaire pour mieux lire les étiquettes AJR : Apports Journaliers Recommandés « Source » : signifie que le complément alimentaire contient 15% des AJR. « Riche en » : signifie que le complément alimentaire contient 30% des AJR. Allégation : message figurant sur un emballage ou une publicité d’un produit et faisant état de propriétés sanitaires et/ou nutritionnelles des aliments ou de leurs composants (ex : riche en vitamine C). |
Reste à savoir si ces consommateurs utilisent ces compléments alimentaires à bon escient. Et pour de bonnes raisons. Car le problème, c’est que les études sur leurs effets, notamment sur le long terme, sont encore peu nombreuses. Conséquence : les professionnels de santé incitent à la prudence. « La complémentation alimentaire devrait être mise en place uniquement si un déficit alimentaire est établi », rappelle le Professeur Marie-Paule Vasson, du laboratoire Biochimie, Biologie Moléculaire et Nutrition de Clermont-Ferrand. L’occasion de rappeler la définition d’un complément alimentaire, soit une « denrée alimentaire dont le but est de compléter le régime alimentaire normal, qui constitue une source concentrée de nutriments ou d’autres substances, ayant un effet nutritionnel ou physiologique seule ou combinée ».
C’est notamment la notion de « régime alimentaire normal » qui est essentielle. Parce que trop souvent, certains consommateurs entendent remplacer certains aliments par des compléments alimentaires. « Je vois des adolescents qui sont internes et ne mangent pas de fruits, raconte Thérèse Libert, vice-présidente de l’Association Française des Diététiciens-Nutritionnistes. A la maison, leurs parents les épluchent. Quant ce n’est pas le cas, ils n’en mangent pas. Du coup, ils font des cures de vitamines C ». Un exemple qui illustre parfaitement ce que martèlent les spécialistes de la nutrition : « Le complément alimentaire ne doit pas se substituer à une alimentation équilibrée et diversifiée ».
Les deux principales mises en garde visent à éviter le surdosage, et les interactions avec des médicaments, face à des produits qui sont souvent très fortement dosés. « Des antioxydants en excès peuvent se comporter comme des pro oxydants », souligne le Pr Vasson. Et de compléter : « Un excès d’un élément peut empêcher l’absorption de l’autre ».
« Le fer présent dans les aliments est bien mieux absorbé que celui des compléments alimentaires »
Rappelant que les compléments alimentaires ne doivent de toute façon « pas être utilisés sur le long terme, mais par cure », les spécialistes invitent le grand public à « consulter un professionnel de santé avant toute consommation ». Et Thérèse Libert d’évoquer le cas d’une de ses patientes d’une quarantaine d’années, mère de trois enfants, et pratiquant très régulièrement la course à pied : « Elle était très fatiguée et son taux de ferritine était très bas. Elle demandait une supplémentation en fer. Son médecin me l’a envoyée pour faire le point sur son alimentation. Elle ne mangeait jamais de viande rouge par exemple, peu de féculents, buvait beaucoup de thé (qui empêche l’absorption du fer), et au lieu de se reposer, elle partait courir. Sa fatigue n’avait rien d’étonnant ».
Poursuivant avec cet exemple du fer, la diététicienne rappelle que « donner de grandes quantités d’un coup à votre organisme peut par exemple entraîner des ballonnements et troubles digestifs. Et le fer présent dans les aliments est bien mieux absorbé que celui des compléments alimentaires ».
Manière d’insister sur le fait que rien ne vaut les apports nutritionnels présents directement dans votre assiette. De là à dire que tous les consommateurs de compléments alimentaires devraient d’abord consulter un nutritionniste, ce serait probablement exagéré. Mais conseiller à chacun et chacune de se questionner avant tout sur son comportement alimentaire est primordial.
(1) source : www.synadiet.fr
(2) Socio-demographic, lifestyle and dietary correlates of dietary supplement use in a large sample of French adults, results from the NutriNet-Santé cohort study par Camille Pouchieu, Valentina Andreeva, Sandrine Péneau, Emmanuelle Kesse-Guyot, Camille Lassale, Serge Hercberg et Mathilde Touvier, British Journal of Nutrition, février 2013;
1 réaction à cet article
dandamien
Bonjour,
Je viens de lire votre article sur les compléments et je réagis à ce qui est dit:
« Les deux principales mises en garde visent à éviter le surdosage, et les interactions avec des médicaments, face à des produits qui sont souvent très fortement dosés. « Des antioxydants en excès peuvent se comporter comme des pro oxydants », souligne le Pr Vasson. Et de compléter : « Un excès d’un élément peut empêcher l’absorption de l’autre ». »
Cette affirmation n’est vrai que pour les produits de synthèses, même si ils sont issus de produits « naturels ».
La distinction est TRES TRES IMPORTANTE, et souvent elle n’est jamais faite… Cela semble normal car il n’existe à ce jour qu’un produit qui ne sont que des fruits, légumes et baies
déshydratés. Ce produit offre des antioxydants naturels qui ne seront jamais responsable de survitaminose même si on prends la boite entière!!! Pourquoi? Car c’est des produits NATURELS que
le corps utilise ou pas… ET ces derniers ne se comporte jamais comme de PRO OXYDANTS!
Ils sont utilisés par L’équipe de France de Ski, Bode Miller, …Usain Bolts, …
Pour plus de renseignements contactez moi!
http://www.sante-naturelle-et-sans-stress.fr