Périostite et course à pied

Question : je viens à vous car je ne sais pas quoi faire. Il y a 15 jours, je suis allé voir un kiné osté car j’avais une douleur au niveau extérieur du tibia qui me dérangeait lorsque je courais. Après diagnostic, il s’avère que c’est une périostite. Il m’a conseillé de ne pas courir pendant 10 à 15 jours et de me faire des cataplasmes en guise d’anti-inflammatoires. J’ai bien suivi ses instructions et je ne cours pas depuis trois semaines. Je ressens moins la douleur mais elle est toujours là, que dois-je faire ? Que me conseillez-vous ? Mon souhait le plus cher, recourir sans avoir d’appréhension sur le fait d’avoir mal ou pas et d’en profiter un maximum.

La réponse de notre expert médecin, Yannick Guilldo

Effectivement, le diagnostic qui semble le plus plausible est celui de périostite car nous sommes face à une douleur tibiale, survenant à l’effort, n’empêchant pas vraiment cet effort, chez quelqu’un qui pratique la course à pied et qui n’a pas eu de traumatisme aigu. Malgré tout, on ne peut pas être affirmatif et on doit évoquer également une possible fracture de fatigue. Les éléments en faveur d’une fracture de fatigue sont :

– le côté unilatéral de votre douleur tibiale (les périostites sont souvent bilatérales)

– le fait que vous ayez toujours mal malgré l’arrêt de l’effort.

Seule la localisation précise de votre douleur, à la palpation du tibia, permet  quasiment d’affirmer le diagnostic de périostite. En effet, si votre douleur se situe au niveau de la jonction des 2 tiers supérieurs – tiers inférieur, du bord tibial interne, il s’agit d’une périostite.

La différence est importante entre les deux diagnostics que sont la périostite et la fracture de fatigue tibiale. En effet, la fracture de fatigue tibiale impose un arrêt strict du sport, tant qu’il existe une douleur (et c’est votre cas). Par contre, compte tenue de la difficulté de fixer un arrêt de sport en temps,  face à une périostite, on peut tolérer une certaine pratique sportive malgré la douleur. Car la  périostite est souvent très chronique. La douleur évolue pendant plusieurs semaines voire pendant plusieurs mois, mais on en guérit toujours. Si vous attendez de ne plus avoir de douleur et de ne plus avoir d’appréhension, vous risquez de rester très, très longtemps sans courir. En effet, il n’existe pas de traitement miracle  permettant de régler ce type de douleur chronique.

De ce fait,  je vous conseille :

– affirmer le diagnostic de périostite (douleurs très précises à la jonction des 2 tiers supérieurs –  tiers inférieur du tibia).

Si c’est le cas, vous pouvez reprendre progressivement la course à pied. Vous serez attentif à tous les fondamentaux (avoir de bonnes chaussures, bien s’échauffer, beaucoup boire, …)  et vous effectuerez systématiquement un ponçage à la glace au niveau de la douleur après votre pratique sportive.

– Bien connaître votre « effet/dose »,  je m’explique.

  • Par exemple, vous courez 40 minutes, à 12 km/h et vous avez un peu mal pendant cette pratique, mais les jours suivants, votre douleur, au  quotidien,  n’est pas plus importante que si vous n’aviez pas couru. C’est que cette dose ( 40 minutes à 12 km/h)  est acceptable : donc on la valide et on peut la faire.
  • Mais si vous courez par exemple 60 minutes toujours à 12 km/h et que vous avez une douleur plus importante (que votre quotidien habituel), les deux ou trois jours suivants, c’est que cette dose n’est pas acceptable.

Comprenez bien que, face à ces douleurs chroniques tibiales qui correspondent  à la périostite et ne pouvant pas fixer médicalement un arrêt précis du sport, il est inutile d’attendre des semaines et des semaines avant de reprendre progressivement et à bonne dose (donc celle que vous avez déterminée comme je l’ai dit ci-dessus) votre activité physique.

Bon courage

Ceci est une réponse à une question posée à notre médecin du sport, Yannick Guillodo: vous aussi posez votre question à notre expert médical