Mieux comprendre la préparation mentale

Dominique SIMONCINI a créé un centre sur Chamonix (CAP, centre d’aide à la performance) où je suis allé l’interroger.

Dominique, comment es-tu venu à la préparation mentale ?
Hé bien, pendant ma carrière de sportif professionnel, j’ai souvent été confronté à plusieurs stress et à des émotions aussi différentes les unes que les autres. Je ne savais pas répondre convenablement à ces émotions souvent parasites. Parfois je perdais mes moyens alors que j’étais préparé comme jamais, parfois je performais alors que rien ne prédisait une quelconque performance. C’est à ce moment-là que j’ai compris que le pilote de la performance, c’est le cerveau, et qu’il répond selon des critères qui échappent parfois à notre volonté ou à notre désir.

Quelle a été ta formation ?
Ma première formation a été personnelle en lisant beaucoup de livres et de documents liés à la performance mentale, l’étude des comportements émotionnels, etc… Mais c’était avant tout pour ma culture d’athlète.
Ensuite, j’ai repris des études en psychologie à l’Université de Dijon afin d’approfondir mes compétences et surtout pouvoir transmettre et aider des athlètes ou des cadres dans la conduite de leurs projets. J’ai donc obtenu un diplôme de psychologie et performance mentale à l’Université de Dijon.
Je ne te cache pas que la formation est continue et permanente et que je profite des conférences que je donne maintenant au sein de l’université de Bourgogne pour partager des expériences avec d’autres collègues psychothérapeutes.

Dans quelles disciplines sportives exerces-tu ?
Je travaille avec de nombreux biathlètes, des footballeurs, des skieurs descendeurs, des géantistes, des sauteurs à ski, des traileurs et des cadres en entreprise. Je me suis spécialisé aussi dans la problématique de la cohésion et la performance d’équipes sportives.

Quelles sont les attentes, ou plutôt les demandes de tes clients ?
J’interviens régulièrement quand le problème est apparu. Je suis un peu le pompier de service en fait ! C’est quand les stress émotionnels brident ou annihilent la performance que l’on fait appel à moi. C’est passionnant et parfois frustrant car une action entreprise plus tôt aurait permis de circonscrire le problème, voire de l’empêcher d’apparaître. On me demande souvent de contrôler le stress, de travailler sur la relaxation, de développer l’imagerie mentale, renforcer la confiance…

Quels sont tes outils et comment se passe une première rencontre ?
Je dispose d’une palette d’outils assez large qui va de l’analyse systémique à l’analyse transactionnelle, des outils de la PNL (Programmation Neuro-Linguistique), de techniques de relaxation et d’imagerie mentale et d’une forme d’hypnose légère….
Lors de la première rencontre, je vais faire parler le sujet et définir avec lui clairement ses attentes. Ensuite, nous allons mettre en place une définition précise d’objectifs, différenciant les objectifs de compétences et l’objectif principal. Les objectifs de compétences permettent de baliser clairement le chemin parcouru et les acquisitions afin d’aborder l’objectif principal au mieux de ses capacités.

Pour toi, quelle est la part du mental dans la performance sportive ?
Elle peut varier selon les individus. Je dirais que plus on est sensible et conscient de l’importance de la partie mentale, plus on va l’utiliser à bon escient. Dans la plupart des cas, c’est du 50/50 mais il m’est arrivé de travailler avec des athlètes hors normes d’un point de vue physique et physiologique mais qui n’arrivaient pas à performer car ils étaient incapables de gérer leur stress émotionnel. Là, on peut largement décrire un décalage psychologique pouvant aller jusqu’à 60 % pour la partie mentale !

Dans une discipline comme le trail, le mental est-il important ?
Je crois que c’est une discipline où le mental intervient progressivement pour atteindre son paroxysme dans le dernier tiers de l’épreuve, tant le facteur épuisement physique devient important.
Au début, le traileur va commencer son épreuve sur la fraîcheur. Mais au fur et à mesure, les facteurs vont se cumuler (le temps qui s’écoule, les autres concurrents, la météo, l’alimentation, les difficultés qui s’enchaînent, les douleurs articulaires, la fatigue extrême…) Des doutes vont commencer à apparaître. C’est là que le travail effectué avec le préparateur mental va intervenir en re-situant l’athlète au cœur de « SA » performance. En le recentrant sur ce qu’il est en train de faire, afin que son esprit ne lâche pas prise ou se perde dans les méandres du doute. Il fera appel à ce moment-là à des exercices et des techniques que nous aurons travaillées en imagerie ou en relaxation.
Maintenant si l’on se penche sur le mental dans la performance sportive, il suffit de lire la presse ou d’écouter les interviews d’athlètes ou d’entraîneurs pour découvrir que le mental est évoqué à chaque ligne, presque dans chaque phrase prononcée. Mais peu de choses sont entreprises pour améliorer cette donnée. Il suffit de voir la performance de nos rugbymen lors de la Coupe du monde pour se rendre compte que le mental de l’équipe et celui de son entourage ont commandé – en mal ou en bien – le niveau de performance de l’équipe. Rien n’a été géré convenablement avant et pendant cette compétition, et l’équipe s’est trouvée livrée à elle-même sans pouvoir vraiment peser sur la compétition. Au finish, c’est une équipe qui a improvisé un fonctionnement au coup par coup sans pouvoir maîtriser son destin.

En un seul mot pourrais-tu décrire la préparation mentale dans la performance de l’athlète ?
FONDAMENTALE !!!