Histoire et origines du fartlek

De 1960 à aujourd'hui

Méthode née en 1960 afin de relever le niveau des crossmen suédois, le fartlek est toujours utilisé même si on est loin de la définition intiale. Jean-Claude Vollmer nous présente un petit historique de cette méthode.

Coureuse sur chemin

Avant de vous expliquer le fartlek revenons à la définition. Fartlek vient du suédois fart (course) et lek (jeu).

La traduction allemande de fartlek est Fahrtspiel comprenant Fahrt qui signifie à la fois conduire et vitesse et Spiel qui veut dire jeu. Fahrtspiel pourrait donc se traduire par « jeu avec la vitesse» ou « jeu de course de vitesse».

Les fondateurs de cette méthodologie d’entraînement ont été les Suédois Gösse Holmer (le précurseur) et l’entraîneur bien connu, Gösta Olander qui a fait de Volodalen, un petit village touristique du Jämtland à 300 kilomètres du cercle polaire, où lui-même était propriétaire d’un hôtel, un haut lieu de l’entraînement de la course dans les années 60.

Le contenu d’une séance de fartlek est fondé sur le concept créé par l’entraîneur national suédois Gösse Holmer lorsqu’il a décidé de ranger son chrono et de créer quelque chose de nouveau pour sortir l’équipe suédoise de cross-country régulièrement dominée dans les années 20 par Paavo Nurmi et les Finlandais.

Le concept est simple. Le fartlek est un entraînement simultané de vitesse et d’endurance pendant lequel on court par moments plus vite que l’allure de course en compétition : le jeu de vitesse.

Les Suédois qui ont utilisé cette méthode ont battu les records du monde du 2 miles indoor et outdoor, le trois miles, le quatre miles. Sur 5 000 mètres et 10 000 mètres, les records de Nurmi ont été battus de 30 secondes. Et durant l’été 42, Gunder Haegg, le plus fameux d’entre eux, a battu 10 records du monde sur 7 distances différentes.

Le fartlek peut être pratiqué dans les forêts ou en pleine campagne, sur une plage ou une route, autour d’un terrain de golf ou de football en utilisant et en profitant de la configuration naturelle du parcours. Il faut jouer avec les mouvements de terrain : montées, descentes, faux plats, terrain plat, nature du sol (chemin forestier, sable, mousse, feuilles, herbe …) pour faire des sprints, gravir des côtes, récupérer tranquillement (marche ou trot), courir à train soutenu mais surtout le faire de manière totalement libre, selon son envie ou celui de ses coéquipiers voilà l’essence du fartlek.

Une méthode utilisée par les militaires suédois

L’entraînement naturel en forêt (cross- country) était l’entraînement original utilisé par les militaires suédois dans le grand nord prôné par un autre Suédois, devenu particulièrement célèbre, Gösta Olander (1893 -1972). Cet entraînement a été le précurseur du fartlek, c’était alors un simple entraînement long et lent sur un terrain varié. Dans l’hémisphère nord, il n’y a quasiment que deux saisons : l’été et l’hiver. Sans pistes indoor pour le travail de vitesse, les Suédois devaient bien trouver une solution pour rester en forme.

Cette nécessité a sans aucun doute constitué une part importante dans l’inspiration de Holmer et la genèse du fartlek.

Un hameau devenu centre d’entraînement

Vogladien, petit hameau situé à 650 mètres d’altitude, au cœur du Jaemtland (la première grande ville, Ostersund se trouve à 120 kilomètres), s’est développé entre les années 30 à 40 comme centre touristique, attirant non seulement les coureurs de classe mondiale mais aussi des skieurs l’hiver, des randonneurs, des pratiquants de canoë -kayak.

C’est à partir de 1960 que les méthodes classiques d’entraînement basées sur la durée sont revenues sur le devant de la scène. L’entraînement par intervalles apparaît déjà comme dépassé et peu moderne. Ce qui est redevenu moderne c’est l’entraînement naturel qui, du temps de Zatopek, était considéré comme dépassé.

En opposition à l’entraînement par intervalles, on se tourna à nouveau vers la méthode suédoise que Gunder Haegg et Arne Anderson (dans les années 40) avaient rendu célèbre avec leurs multiples records du monde.

C’est sur la base de leurs conceptions et expériences que s’est forgé ce qui a été appelé l’entraînement suédois tel qu’il était pratiqué à Volodalen chez le célèbre entraîneur Gösta Olander.

A Volodalen, le coureur dispose de plusieurs lieux pour s’entraîner :

  • Les champs de mousse : on y trouve de grands espaces couverts de mousse et de lichens et de tourbe, des parties marécageuses. Ces endroits étaient généralement utilisés pour l’échauffement et la récupération mais pouvait être utilisés pour une séance complète.
  • Le lac : le lac Nulltjärn se trouve à 3 kilomètres de la station touristique – une distance parfaite pour un échauffement. Le lac dispose d’une plage d’un kilomètre de long avec un sable très souple et on y trouve quelques petites dunes assez élevées pour un travail de résistance
  • Le sentier de 220 mètres : ce sentier spécial est utilisé régulièrement pour le travail du rythme. Sa particularité réside dans le mouvement de terrain. Le point crucial consistant dans l’étroitesse du passage en son milieu, large de 35 centimètres, où le coureur doit poser ses appuis. Ce sentier a été créé par Olander pour travailler l’équilibre du coureur. Une autre difficulté étant la pente légèrement descendante sur les 150 premiers mètres alors que les 70 derniers mètres étaient en montée, très raide sur la fin. Le but était de permettre au coureur de prendre une bonne vitesse puis de l’obliger à la maintenir et de rester placé au moment où le sentier devenait plus raide. Lors des répétions de course sur ce sentier, Olander se plaçait souvent à la marque des 150 mètres (endroit où les athlètes étaient au maximum de leur vitesse) avec son chrono en se mettant au milieu du sentier quand le coureur approchait pour avoir une bonne vision de la foulée du coureur.
  • La piste de 330 mètres : faite en cendrée et boue, la piste était très dure et généralement peu utilisée par les coureurs de longue distance. Tous les équipements pour la pratique de l’athlétisme étant disponibles.
  • La montagne et les forêts : une magnifique variété de terrains était disponible pour la course en steady state (en état d’équilibre donc un travail aérobie léger) ou le fartlek. Un des parcours favoris était le parcours grimpant à 1000 mètres d’altitude et menant au sommet d’Ottfjället (1265 m).
  • La route : un chemin en terre battu tranquille et bien entretenu qui offre une surface de course sûre avec un bien meilleur rendu qu’une route goudronnée.
  • La boucle de 800 mètres : ce parcours était généralement utilisé pour des tests chronométrés. C’est un chemin assez large d’environ 400 m de long utilisé en aller – retour. Le demi-tour est symbolisé par un petit arbre que les coureurs devaient contourner. A force de poser leurs mains pour s’aider à tourner, l’écorce de l’arbre à hauteur d’épaule était devenue lisse !

C’est Jean Wadoux qui, en 1966, a établi le record du parcours en 1mn49s.

Quelles nouveautés apportait cet entraînement aux coureurs ?

Aux alentours de Volodalen, le terrain est montagneux avec beaucoup de forêts, appelées les Alpes suédoises. C’est un paysage magique, avec des montagnes en pente douce, des lacs aux couleurs bleu – vert, une solitude sans fin et qui apparaît comme un paradis au citadin stressé mais surtout des parcours où le pied s’enfonce doucement dans le sol mousseux.

C’est dans cet endroit que de nombreux coureurs de demi-fond et fond se sont ressourcés et y ont cherché, force physique et mentale pour construire leurs plus grands succès.

Gösta Olander, qui n’a jamais été un champion dans un domaine sportif particulier mais était un grand passionné de ski de fond, de la nature, cinéaste et écrivain, a développé ses propres idées sur les méthodes d’entraînement qui sont apparues comme révolutionnaires à l’époque.

Il expliquait notamment que la vieille méthode, qui consiste à le faire courir sur une cendrée ou une route goudronnée est totalement fausse.

Il conseilla à tous les coureurs suédois de courir en été, sur un sol souple (recouvert de mousse) mais également dans la boue et les marécages tout en étant attentifs à garder les muscles déliés et relâchés puis de courir en hiver dans la neige profonde de telle sorte qu’à chaque pas pour sortir de la neige, il fallait que le genou monte jusqu’au visage !

Lire la suite : le fartlek en pratique

2 réactions à cet article

  1. Ca donne envie d’aller à Vogladien 🙂

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  2. Merci pour cet article très documenté.

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