Le pied est une partie complexe du corps humain de par la multiplicité des muscles, ligaments, articulations, os et tendons, qui le composent. Le port de chaussures enferme cette partie du corps dans une gangue qui nuit à son dynamisme en réduisant les amplitudes articulaires, en affaiblissant le travail musculaire et en brouillant la proprioceptivité (informations en direction du cerveau issues des terminaisons nerveuses de la plante du pied, et qui renseignent sur la position du corps dans l’espace). Bien entendu, plus la chaussure est rigide et plus ces effets sont importants.
Fort de ces informations, on dit d’un athlète qu’il a du pied quand il a su conserver une motricité fine de l’ensemble des structures anatomiques décrites précédemment. Cela est possible de par la nature de sa spécialité sportive ou par la pratique d’exercices spécifiques.
Par exemple, un coureur s’entraînant exclusivement sur route et sur terrain plat, va répéter indéfiniment la même pose de pied au sol, avec des mouvements dans les axes vertical et antéro-postérieur.
En trail, en raison de la nature chaotique du terrain, le pied va subir des torsions et des pressions dans les trois directions de l’espace, et la pose de pied au sol va solliciter aussi bien l’avant-pied que le médio-pied ou l’arrière-pied. Les muscles intrinsèques et extrinsèques du pied vont être plus sollicités, la proprioceptivité va être à l’œuvre pour régler la raideur des ressorts tendino-musculaires (la stiffness) à la nature des sols.
Bref, le trailer, malgré le port de chaussures, va solliciter activement l’ensemble des zones du pied, le renforcer, et prévenir ainsi les blessures.
Pour autant, et quelle que soit sa spécialité, il est conseillé de pratiquer des exercices pour développer et conserver un pied fort et « intelligent », c’est-à-dire réactif et adaptable. Vous trouverez ces exercices dans l’article du Docteur Hubert Rocher de l’Institut Aquitain du Pied de Pessac (33), sur le site Lepape-info.
A l’entraînement, je conseille de varier les types de chaussures, de la minimaliste à l’oversize, afin de stresser et développer l’ensemble des muscles qui participent à la foulée et à la dynamique du pied au sol et en phase de vol. Pour les phases d’échauffement, de lignes droites et de récupération post-séance, quittez vos chaussures et faites votre récupération pieds nus dans l’herbe ou dans le sable. Au-delà du bien-être de libérer ses pieds, les petites douleurs qui suivront vous révèleront toute la richesse de cette zone que les chaussures privent d’expression.
En variant les types de chaussures, en courant parfois pieds nus sur des terrains adaptés et sur certains temps de la séance, et en pratiquant des exercices spécifiques, l’athlète renforce son pied et sa cheville, devient plus performant sur terrains techniques, et diminue le risque de blessures.
Ça, c’est le pied !