Trail : Stéphanie Duc, la discrétion à l’état pur

C’est une maman et femme sportive, gourmande et performante. Qui déteste être prise en photo. Et préfère s’exprimer sur les chemins que sur le devant de la scène. Rencontre avec Stéphanie Duc, championne de France de trail en 2013, et sélectionnée pour les Mondiaux 2015.

Stéphanie Duc

C’est une maison à l’intérieur charmant, en bois. Une décoration parfaitement raccord avec l’ambiance hivernale de ce mercredi après-midi de février. Une cinquantaine de centimètres de neige sont tombés sur Albertville et ses environs ces derniers jours. La bonne chaleur du feu réchauffe l’atmosphère. Les récompenses de la 6000 D (deuxième place en 2012) et du Trail des 2 Lacs 2014 (deuxième place en 2014) trônent sur la cheminée. « C’est La Plagne, c’est mon club », sourit la licenciée de VEO2000. Juste à côté, une collection de coupes de vélo rappelle qu’elle forme avec Gilles, son compagnon, un couple de sportifs de haut vol. Qui affichent discrètement leurs performances… mais peinent à stocker leurs affaires de sport, entre vélos, skis, chaussures et tenues. « La maison n’est pas très grande, on en met un peu partout, rigole celle qui portera le maillot de l’équipe de France pour ses deuxièmes championnats du monde de trail, en mai 2015. Je ne garde plus les chaussures usées que je ne peux plus mettre, et je donne aussi quelques vêtements. Notamment à ma nièce ».

Stéphanie Duc, 39 ans, n’aime pas « se mettre en avant ». Chargée de clientèle dans une mutuelle, la Savoyarde part souvent courir « entre midi et deux », mais ne parle de trail avec ses collègues. Pas plus qu’elle n’emmène ses enfants sur les courses. Ses deux fils n’ont d’ailleurs « jamais réclamé » de venir. « Il faut se lever le matin, ça ne les enchante pas », sourit-elle. Et puis, à bientôt 12 et 15 ans, ils ont « d’autres envies » que d’aller voir courir leur championne de maman. Il n’empêche, ils demandent son résultat à son retour à la maison. Et pour les Mondiaux 2015 ? « J’espère bien qu’ils viendront me voir », enchaîne la championne de France 2013 et troisième de l’édition 2014.

Il faut dire que ce grand rendez-vous mondial aura lieu quasiment à domicile. A Annecy. « Juste de l’autre côté », montre-t-elle à travers la fenêtre de son domicile de Grignon. Moins d’une heure de route pour prendre le départ de cette Maxi-Race avec ses 86 km et 5 300 m de dénivelé positif qui en imposent. « C’est long pour moi ! J’espère bien finir ». Elle n’envisage « pas de gagner ». « Mais j’aimerais être dans les trois filles qui compteront pour le classement par équipe (les trois meilleures Françaises sur six, ndlr) et j’espère bien qu’on aura une médaille, comme en 2013 (voir les résultats) ! ».Championnats de France de trail 2013 Gap Stéphanie Duc

Une compétitrice née

Elle qui reconnaît son côté un peu « olé, olé » parfois dans l’approche des courses, pas stressée à l’idée de prendre un départ « sans avoir repéré le parcours », « juste en ayant regardé le profil », sait cette fois précisément à quoi s’attendre sur ces Mondiaux. Elle avait couru la première partie avec des copains, et a découvert la seconde en remportant le marathon de la Maxi Race l’an dernier. « Il y a notamment une grosse descente que je n’aime pas du tout, sur de la piste avec des cailloux. Il ne va pas falloir partir trop vite, c’est dans la deuxième partie que ça va se jouer. C’est un beau parcours, mais pas facile », lâche celle qui préfère cent fois monter que descendre. « Je pêche en descentes. J’ai notamment peur pour mes chevilles, j’ai tellement souffert d’entorses par la passé que j’ose moins me lâcher. Je me laisse moins aller. C’est peut-être l’âge aussi », souffle-t-elle.

Compétitrice dans l’âme, elle a d’abord pratiqué le ski de fond en compétition, « jusqu’à 17 ans environ », puis le vélo. Mais faute de temps, elle s’est « mise à courir, vers 2006 ». Elle n’avait jamais fait d’athlé, mais avait bien sûr « couru les cross » à l’école. Elle n’accroche pas trop avec la course sur route, mais a rapidement aimé s’évader sur les chemins. « C’est ludique. Et ici, j’ai tout ce qu’il faut pour m’entraîner, faire du dénivelé, etc », lance Stéphanie Duc qui dit « admirer » ses collègues de l’équipe de France Nathalie Mauclair et Aurélia Truel qui s’entraînent et performent en habitant en plaine (respectivement dans la Sarthe et en Ile-de-France).

Considérant qu’on « n’est pas des robots », elle ne se sent pour l’instant pas attirée par l’ultra. Elle envisage juste de tenter un jour l’Ultra Tour du Beaufortain. 105 kilomètres. « Parce que c’est chez moi ». Mais elle tient à préserver son corps pour « pouvoir continuer à faire du sport à 50 ans ». Courir, bien sûr. Mais aussi faire du vélo. Ou du ski, comme ce mercredi soir où elle a chargé ses skis de rando dans le coffre de sa voiture, puis est passée récupérer un copain. Direction Courchevel pour une grimpée de 3.2 kilomètres et 500 mètres de dénivelé positif, en contre-la-montre. Sa séance d’entraînement du jour. Avant de partir, elle a croqué dans un morceau de pain d’épices. Avalé une figue. Et parlé de son véritable pêché mignon… « Le chocolat noir. Je suis très gourmande, c’est mon défaut. Bien sûr, avant les compétitions, je fais attention. Mais si je ne pouvais pas manger ce que je veux au quotidien, je serais frustrée ». Et probablement moins performante…Stéphanie Duc

Stéphanie Duc en bref

Née le 5 novembre 1975 à Albertville (73)
Club : VEO2000
Membre du Team Terre de Running

Palmarès principal

2014
Vainqueur du Marathon de la Maxi-Race
Vainqueur du Nivolet Revard

2013

Championne du monde de trail par équipe
Championne de France de trail
Vainqueur du TTN long
Vainqueur des Gendarmes et Voleurs de Temps

2012

Vainqueur du TTN court
Vainqueur du Marathon des Causses
Vainqueur du Cross du Mont Blanc

1 réaction à cet article

  1. Dans une discipline en pleine ébullition où la communication des résultats semble plus importante que les résultats eux-mêmes, Stéphanie est une athlète à part, reposante, réjouissante.

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