La douleur
« On avait un système de puce à accrocher à la cheville. Certains coureurs ont préféré la placer sur leur chaussure, moi je l’ai laissée à la cheville. Mais après 7 à 8 heures de course, j’ai commencé à sentir de vives douleurs dans la jambe, à chaque foulée. J’ai pensé à une périostite. Quand j’ai fini par m’arrêter et que j’ai descendu ma chaussette de compression, j’ai remarqué que le bas de ma jambe avait énormément gonflé. L’attache de la puce avait créé une sorte de garrot.
La douleur a été quasiment constante. Le revêtement de sol n’a rien arrangé, avec des pavés qui rendaient nos impacts au centième. J’ai cru abandonner à un moment, mais je me suis accroché ».
La gestion de la course
« Je n’ai pas du tout joué la place au début. Je suis parti dans les 15/20 premiers. Mais je me suis rapidement retrouvé deuxième, après environ 5 heures de course. Je suis resté dans ma stratégie.
J’ai longtemps eu un doute, je ne savais pas si ma jambe allait tenir. Mais je savais que j’étais sur la base de 260 kilomètres, donc ça limitait les concurrents. J’ai réussi à contrer le Polonais (Piotr Sawicki) qui revenait sur moi. Il a tenu pendant 7 à 8 tours avant de finir par lâcher. L’Allemand (Florian Reus, qui termine deuxième, ndlr) est revenu sur moi à toute vitesse, je n’ai pas eu le temps de le contrer, je n’étais pas préparé pour ça. Après, je me suis alors concentré sur le fait de ne pas terminer à la « place du con », quatrième ! J’ai gardé le Japonais (Ryo Abiko) à distance. Mais ça a été serré. Quand on est devant, on est constamment attaqué, on est une cible pour tout le monde, on ne peut pas se contenter de gérer.
Je ne me suis quasiment pas arrêté, j’ai couru presque tout le temps. Même moi je ne sais pas comment j’ai fait ! (sourire) Je n’étais pas forcément très rapide, mais régulier. Au final, ça finit par faire des kilomètres de différence ! »
La préparation
« J’étais vraiment bien préparé. A ce niveau-là, il n’y a pas plus de place pour le hasard. J’avais fait un stage de trois semaines à Font-Romeu en août, avec de gros volumes d’entraînement. Je n’avais jamais fait de stage aussi long. Je suis ressorti avec des jambes en béton ! Je m’étais dit : « s’il y a une lucarne le jour J, je m’engouffre dedans ». C’est ce qui s’est passé. »
Un travail d’équipe
« Le staff n’arrête pas une seconde pendant la course. Entre la gestion des ravitaillements, l’annonce des temps, des classements, etc… C’est une vraie équipe. Bien sûr, c’est moi qui cours et qui ai la médaille, mais sans eux, je n’aurais rien. Je suis content aussi que ma femme ait pu faire le déplacement avec moi. J’ai été encouragé à chaque tour. Il y a beaucoup d’émotions au final. Il faut dire que ce format de course décuple les émotions.
C’est bien aussi car on a fait un carton plein avec l’équipe de France (ndlr : l’équipe masculine est vice-championne du monde. Cécile Nissen a elle décroché le bronze européen, tandis que l’équipe féminine est championne d’Europe, vice-championne du monde, voir les résultats complets). »
Les réactions
« Entre les messages et coups de téléphone, ma batterie de téléphone portable n’a pas tenu ! (sourire) J’ai beaucoup de retours de personnes qui me félicite d’avoir mouillé le maillot pour l’équipe de France. D’avoir fait honneur à la France.
Une telle préparation demande beaucoup de temps. Mais quand on vit cela, on se dit que ça vaut le coup. »
La suite
« J’ai encore le pied droit très gonflé, avec des œdèmes, je boite (interview réalisée le mardi 11 septembre, ndlr). Je fais des bains écossais, avec tantôt de l’eau froide et de l’eau chaude. Je me laisse la semaine pour voir comment cela évolue. Mais je sais que je serai aux championnats de France de marathon (sur Nice-Cannes, le 4 novembre 2012, voir la fiche de l’événement) avec mon club (Rambouillet Sports) ».