L’année de la densité
Les chiffres sont formels : jamais autant d’athlètes n’avaient couru aussi vite sur la distance reine. Si les records du monde (hommes et femmes) du marathon n’ont pas été battus en 2012*, les bilans de l’année écoulée mettent en effet en évidence une incroyable densité.
Chez les hommes, aucun athlète n’a couru en dessous des 2h04 (contre deux l’an passé), mais 11 ont passé la barre des 2h05, contre 3 seulement en 2011. Et si l’on rajoute une minute, les résultats sont aussi probants : 23 athlètes ont couru cette année en moins de 2h06, alors qu’ils étaient 11 à l’avoir fait en 2011. Quant à la barre des 2h10 : 174 hommes ont cassé cette barrière cette année, contre 141 l’année dernière.
Même constat chez les femmes. Elles sont 6 à avoir signé moins de 2h20 en 2012, soit le double de l’an dernier. En augmentant les chronos, les mêmes conclusions s’imposent : 21 femmes ont couvert la distance en moins de 2h23, elles étaient 12 à l’avoir fait en 2011. Et elles sont mêmes 44 à présenter un chrono inférieur à 2h25, contre 36 l’an passé.
L’année londonienne
Deux marathons à Londres dans la même année : 2012 restera forcément une année particulière pour les runners d’outre-Manche et autres amateurs de la capitale anglaise, même si les parcours du Virgin London Marathon, en avril, et du marathon olympique, en août, n’étaient pas tout à fait les mêmes (pour rappel, voir les deux parcours).
Niveau performances, impossible de comparer, tant les enjeux ne sont pas les mêmes. Mais les deux courses méritent de figurer dans la boîte à souvenirs.
Du Virgin London Marathon (voir les résultats), on retiendra ainsi le doublé de Mary Keitany. Non contente de conserver son titre sur place, la Kényane en a profité pour y établir la meilleure performance mondiale de l’année en 2h18mn37s. Marquant aussi : l’abandon de Patrick Makau, recordman du monde de la distance. Un abandon qui sera l’une des principales raisons de sa non-sélection pour les Jeux Olympiques au sein de l’équipe kényane.
Une équipe qui sera justement l’une des grandes désillusions des Jeux Olympiques, avec seulement trois médailles mais aucune en or : deux chez les hommes (Abel Kirui en argent et Wilson Kipsang Kiprotich en bronze) et une chez les femmes (Priscah Jeptoo en argent)… Belle surprise chez les hommes (voir les résultats) avec la victoire de l’Ougandais Stephen Kiprotich (en 2h08mn01s). Chez les femmes (voir les résultats), l’Ethiopienne Tiki Gelana s’est imposée (en 2h23mn07s) et la surprise est là venue du bronze pour la Russe Tatyana Petrova Arkhipova (en 2h23mn29s).
Enfin, Londres pourra se targuer d’avoir offert le marathon féminin le plus rapide des cinq dernières olympiades (voir ci-dessous).
Une année de duels
L’année 2012 a également été marquée par le mano a mano entre athlètes éthiopiens et kényans qui occupent les premières places des bilans mondiaux. Ainsi, chez les hommes, le premier athlète non Ethiopien ou Kényan apparaît à la… 50ème place ! Il s’agit d’ailleurs du Français Patrick Tambwe avec son chrono de 2h07mn30s réalisé au marathon de Tibériade en Israël. Et chez les femmes, c’est la Chinoise Jiali Wang qui fait son apparition en 20ème position avec 2h22mn41s à Chongqing.
Au final, les meilleures performances mondiales de l’année sont détenues par deux Kényans : Geoffrey Mutai en 2h04mn15s à Berlin et (comme évoqué plus haut) Mary Keitany en 2h18mn37s à Londres.
L’année sans New York
Cela restera donc LE choc de la planète marathon en 2012 : l’annulation du marathon de New York, pour la première fois dans l’histoire de l’événement (plus d’informations ici). Rappelons que c’est le dévastateur ouragan Sandy qui a entraîné cette décision. Ouragan qui a fait plus de 130 morts aux Etats-Unis, dont plus de 40 à New York. Si l’ampleur des dégâts causés par la catastrophe a ému le monde entier, le flottement autour de la tenue, ou non, du marathon (qui devait avoir lieu le dimanche 4 novembre, soit moins d’une semaine après le passage de l’ouragan), a provoqué un grand malaise au sein de la communauté des marathoniens, et bien au-delà…
A ce jour, les organisateurs du plus gros marathon du monde n’ont toujours pas pris de décision quant au processus d’engagement pour l’édition 2013. Un temps annoncé possibles courant décembre 2012, les inscriptions ne sont finalement toujours pas ouvertes.
Une année de foule
En étudiant les chiffres (voir ci contre) du World Marathon Majors, à savoir des marathons de Berlin, Boston, Londres, Chicago et Tokyo (New York n’ayant pas eu lieu cette année), et ceux du marathon de Paris, un constat s’impose : l’engouement pour les 42.195 kilomètres ne s’essouffle pas. On notera toutefois l’exception du marathon de Boston (voir les résultats) qui enregistre moins de finishers qu’en 2011. Les inscriptions étaient en effet en légère baisse (26 655 inscrits en 2012 contre 26907 en 2011), mais c’est surtout le nombre de partants qui a chuté (22 485 contre 24 349) avec un taux de finishers également inférieur (96.1% contre 98.2%). A cela, une explication majeure : les conditions climatiques, extrêmement chaudes cette année, qui avaient contraint les organisateurs à multiplier les appels à la prudence, voire au désistement.
(*) Les records du monde en vigueur au 17 décembre 2012 : 2h03mn38s par le Kényan Patrick Makau (Berlin, 2011) et 2h15mn25s par la Britannique Paula Radcliffe (Londres, 2003).