Voilà un mois que Serge Jaulin, l’organisateur du Trail du Ventoux, passe ses journées sur le parcours du Trail du Ventoux se demandant quel tracé il allait pouvoir proposer. Déjà l’an dernier, la pluie avait perturbé le déroulement de l’épreuve, l’obligeant à mettre en place un parcours bis (lire les résultats du Ventoux 2013), cette année encore il lui a fallu s’investir afin que la course puisse se dérouler dans de parfaites conditions.
« Nous avons vu la neige apparaître il y a un mois, avant c’était presque le printemps, on courait à 19h en tee-shirt. Et là, la neige ! Très bas en plus, c’était l’hiver ! De fait, nous nous sommes mobilisés pour tracer le parcours et nous adapter aux conditions… C’est l’une des raisons pour lesquelles nous avons fait passer les coureurs au milieu des poteaux de sécurité pour les randonneurs. Cela permettait un balisage précis et parfaitement visible. »
Après la pluie, ce fut donc cette année, la neige mais surtout dans les dernières heures le mistral qui ont décidé de perturber le déroulement des opérations. « Je suis monté à 5 heures ce matin pour voir le vent et surtout constater qu’il y avait de la glace au sommet. Je suis remonté après avoir donné le départ. Alors que les coureurs étaient au 6e kilomètre, j’étais là haut et je rebalisais sur 1 km afin que le peloton puisse passer en toute sécurité. On a donc fait passer les coureurs sur un petit morceau de bitume, du côté de la face Nord du Ventoux. Ensuite, nous avons décidé que malgré le vent qui soufflait à plus de 100 km/h, ça passait.»
C’est ainsi qu’en ce dimanche 16 mars à 8 heures alors que les 1126 concurrents (1346 inscrits – 220 personnes absentes) se présentent au départ, Serge Jaulin ne manque pas d’appeler à la prudence et au respect du règlement car là haut, il fait froid et il y a beaucoup de vent. Toutes et tous doivent en prendre conscience et prévoir le nécessaire pour se protéger.
Une surprise nommée Juliette Benedicto
Mais en cet instant T, il fait beau et le soleil brille, alors le peloton s’élance à vive allure sans savoir vraiment qui fait quoi car sur le Ventoux, les deux courses au programme 25 km (1200m de D+) et 46 km (2750m) s’élancent en même temps et c’est en chemin que les deux pelotons se séparent chacun pouvant décider au dernier moment quelle sera sa distance du jour. C’est ainsi que l’ancienne triathlète Juliette Benedicto décide de partir « plein pot ». Nouvelle venue, la championne du monde espoir du triple effort (2004) effectuait sa première apparition sur trail et surtout n’avait jamais effectué une telle distance. «Je ne savais pas du tout où me situer par rapport aux concurrentes. Je savais qui surveiller mais c’est tout. Alors je suis partie à fond en me disant « fonce et on verra au 30e »». Une bonne stratégie car personne ne la reverra et c’est tout sourire qu’elle franchit la ligne en vainqueur. « Je suis super contente, euphorique même. Je veux vraiment me lancer dans le trail après avoir interrompu ma carrière de triathlète pendant deux ans pour faire mon deuxième enfant et j’ai vraiment envie de faire quelque chose. » A 27 ans, elle boucle son parcours en 5h18mn18s et ne compte pas s’arrêter là. « Je me suis bien préparée cet hiver, j’ai fait beaucoup de ski de randonnée, beaucoup de dénivelé, et je fais aussi du vélo de route pour éviter les blessures. Maintenant, j’aimerais bien récupérer un dossard pour la Maxi Race à Annecy, cette année, et pourquoi pas y retourner en 2015 pour les championnats du monde. Je l’avoue, je vise une sélection en équipe de France et je vais tout faire pour la mériter. »
Derrière, Caroline Chaverot (5h21mn20s) a retrouvé le plaisir de courir après sa déception sur la Transgrancanaria. « J’ai beaucoup couru cet hiver mais j’étais fatiguée. En fait, j’ai arrêté d’allaiter mon petit dernier après la Transgrancanaria et je crois que ça me fait du bien. En plus,j’ai des enfants qui se lèvent très tôt, vers 5h30 du matin (elle en a trois) et je pense que ça m’épuise. Mais là, j’ai retrouvé des jambes. Je suis partie prudemment et j’ai pu remonter petit à petit. Je dois être 5e ou 6e au sommet, mais je fais une bonne descente». Anne Lise Rousset termine troisième en 5h22mn55s.
Sébastien Spehler confirme
Chez les hommes, le podium fut un peu plus long à se dessiner d’autant que personne ne sait vraiment ni où il en est, ni surtout où en sont les autres. « On ne peut pas se fier aux résultats 2013, même si au final Sébastien confirme sa saison passée. Les préparations hivernales nous permettent de nous cacher un peu et il y a toujours des aléas. Pour ma part, j’en ai fait un peu moins que prévu, » explique Michel Lanne. De son côté, Sébastien Spehler a refait ses gammes sous la houlette de son entraîneur Julien Rancon. «Je me croyais à l’école d’athlétisme. J’ai tout refait, même les sauts de grenouille ! » Des exercices et une préparation qui lui ont permis de parfaitement s’exprimer durant la saison de cross et surtout de se présenter en forme sur ce rendez-vous. « Je suis content car il y avait un super plateau. » Et Michel Lanne de renchérir « On était 10 à pouvoir prétendre à la victoire, malheureusement il n’y a qu’une place sur la plus haute marche. »
Le futur vainqueur est resté un peu caché durant toute la première partie de la course. Le visage serein, il a suivi sa stratégie à la lettre en veillant à bien se ravitailler, lui qui l’an dernier, a connu quelques problèmes dans ce domaine (lire Julien Rancon et Sébastien Spehler, deux garçons en or). Et au sommet lors du passage de la tempête, l’Alsacien comme tout le monde a souffert « C’était horrible ! Pour aller tout droit, il fallait faire comme si on allait à gauche. Ca soufflait comme ce n’est pas possible et il y avait des espèces de morceaux de glace qui nous venaient sur le visage. Je suis tombé au moins 5 fois, j’ai même cru que je m’étais cassé le petit doigt. »
Pendant ce temps, un homme est en tête depuis le début, Bertrand Brochot. L’an dernier, il avait déjà adopté cette stratégie avant de lâcher prise et terminer 8e. « J’étais bien jusqu’au 30e mais après j’ai craqué. Je savais que ce serait dur mais j’espérais que ça passerait même si pour être honnête vu le plateau ça ne pouvait que revenir. Mais cette année au moins, j’accroche le podium, c’est bien, je ne peux pas être déçu». Bertrand Brochot passe en tête au sommet du Mont Ventoux. Là, les allures des coureurs sont étranges, les foulées incertaines, les mains protègent le visage, les capuches se gonflent et se mettent devant les yeux. Les corps sont courbés, il faut affronter les éléments et parvenir à trouver ses appuis dans la neige. Peu ont pu admirer le sommet même si le décor était grandiose. Mais tous ont eu l’opportunité de l’atteindre et après tout c’est aussi pour cela que l’on s’inscrit sur cette épreuve.
C’est donc au niveau du deuxième ravitaillement, situé aux alentours du 30e km, que tout s’est joué. Brochot victime d’un point de côté, ne parvient pas à contenir Sébastien Spehler qui a mis la machine en marche « Je suis parti plus tôt que prévu mais au final ça passe. » Michel Lanne victime d’une hypoglycémie se ravitaille énormément et reprend ses esprits. Quelques kilomètres plus loin, il revient lui aussi sur Brochot mais trop tard pour espérer encore jouer la gagne. Au final, c’est avec plus de 6 mn d’avance que Sébastien Spehler franchit la ligne en grand vainqueur en 4h20mn38s. Michel Lanne termine en 4h26mn59s, Bertrand Brochot en 4h28mn39s.
Fabien Mercat et Amandine Ferrato vainqueurs sur le 25 km
449 coureurs ont opté pour le parcours de 25 km qui ne permettait pas de grimper au somment du Mont Chauve mais qui n’en était pas moins exigeant. Technique, il proposait de nombreuses relances et surtout une belle petite difficulté dans le final. Chez les hommes victoire de Fabien Merchat (2h04mn28s), devant Alexis Traub (2h05mn17s) et Tristan Calamita (2h06mn24s). Chez les femmes Amandine Ferrato (2h30mn47s) s’impose aisément devant Sabine Ehrstrom (2h40mn37s) et Fanny Cospain, 2h48mn22s.
Les résultats
- 48km (2750 m de D+) (annoncé 46 km au départ)
Hommes
1. Sébastien Spehler, 4h20mn38s
2. Michel Lanne, 4h26mn59s
3. Bertrand Brochot, 4h28mn39s
4. Julien Navarro, 4h32mn09s
5. Julien Coudert, 4h39mn21s
6. Arnaud Perrignon, Thomas Lorblanchet, Clement Petitjean, 4h41mn31s
9. Pascal Giguet, 4h43mn14s
10. Nicolas Martin, 4h45mn40s
Femmes
1. Juliette Benedicto, 5h18mn18s
2. Caroline Chaverot, 5h21min20S
3. Anne Lise Rousset 5h22min55s
4. Sandrine Moto Ros, 5h40mn18s
5. Maud Gobert, 5h46mn00s
6. Sandrine Baron, 5h54mn50s
7. Virginie Govignon, 5h54mn55s
8. Christine Grosjean, 6h13mn49s
9. Melanie Rousset, 6h17mn02s
10. Juliette Blanchet, 6h19mn37s
Le classement scratch complet du 48 km du Trail du Ventoux 2014
- 25 km (1200 m de D+) (Annoncé 26 km au départ)
Hommes
1. Fabien Merchat, 2h04mn28s
2. Alexis Traub, 2h05mn17s
3. Tristan Calamita, 2h06mn24s
4. Gregoy Be, 2h08mn40s
5. Benoit Nave, 2h10mn54s
6. Paul Azuelo, 2h12mn29s
7. Florian Madrignac, 2h12mn29s
8. Thibault Sugier, 2h16mn23s
9. Renaud Rouanet, 2h18mn52s
10. Guilaume Le Normand, 2h19mn25s
Femmes
1. Amandine Ferrato, 2h30mn47s
2. Sabine Ehrstrom, 2h40mn37s
3. Fanny Cospain, 2h48mn22s
4. Ocean Boutarim, 2h53mn11q
5. Juliette Buisson, 2h54mn55s
6. Marion Vasseur, 2h59mn00s
7. Elsa Nodet, 3h02mn37s
8. Celine Cazaeux, 3h03mn56s
9. Sophie Duparchy, 3h11mn00s
10. Christine Lussac, 3h12mn04s
Le classement scratch complet du 25 km du Trail du Ventoux 2014
Quelques photos
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- Yohann Metay, a proposé sur spectacle numéro 512 la veille de la course
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- Yohann Metay, Spectacle numéro 512
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- Serge Jaulin, l’organisateur, au briefing d’avant course
